Le kilogramme de riz est en perpétuelle hausse. Face à cette flambée des prix, des femmes ont trouvé la parade : se rabattre…sur le riz donné aux talibés en aumône.
Le riz donné en aumône aux talibés a de la cote chez certaines ménagères. Pour cause, cette céréale, aliment de base au Sénégal, a vu son prix flamber ces dernières années. Ainsi, le kilogramme du riz ordinaire est passé de 225 en 2006, à 400 voire 450 francs de nos jours. Pour certains ménages, c’est un véritable casse-tête chinois que de se procurer cette denrée. Alors, obligées de nourrir leurs enfants, beaucoup de ménagères se sont tournées vers le riz offert aux talibés.
Au marché des Parcelles Assainies de l’Unité 17, difficile de rater le spectacle. Assises en bordure de la route, formant une haie sur la rue menant à la grande porte du marché, une file de femmes proposent une mosaïque d’articles. Elles se sont spécialisées dans la revente d’aumône rachetée aux talibés. Ainsi, on trouve presque du tout : des feuilles de quinkéliba séchées à la cola, en passant par des bougies de toutes tailles, du mil présenté dans des calebasses, du niébé, des morceaux de sucre, quelquefois de la volaille, et surtout du riz.
Mais, pour ce matin, point de riz. Et pour cause, des femmes seraient passées par là pour tout dévaliser, nous renseigne une vendeuse qui souhaite garder l’anonymat. Selon elle, c’est comme cela tous les matins depuis quelque temps. Cette attirance des femmes pour ce riz est facilement compréhensible. Ici, la céréale se vend par pot de 500 grammes à 150 francs. Ce qui fait que le kilogramme revient à 300 francs. Ainsi, elles réalisent une plus-value de 100 à 150 francs. Un bénéfice qu’elles ne semblent pas négliger pour le moins du monde. Khémesse Faye est vendeuse au marché.
A peu près la cinquantaine, très mince, le teint noir, les lèvres tatouées, installée dans le froid mordant du matin, la vieille dame se recroqueville sur elle-même, s’enveloppant d’un mince tissu de coton, dans l’espoir qu’il lui offre un semblant de chaleur. Assise sur un bidon d’huiles vide, devant son étal, la dame propose toutes sortes de marchandises. C’est difficilement que la dame accepte de se confier. Après quelques hésitations et quelques mots échangés en sérère avec ses amies assises à côté d’elle, Khémesse accepte de parler.
Elle s’exprime sur un ton qui laisse penser qu’elle se sent coupable de trahir un quelconque secret. ‘Les femmes qui viennent ici n’aiment pas s’attarder sur les lieux’, dit-elle. ‘Parfois, elles font la commande la veille, poursuit-elle. Le lendemain, elles viennent le chercher sans traîner.’ Cet engouement des ménagères pour ce riz ne date pas d’aujourd’hui. Mais, le phénomène de la pauvreté s’accentuant, ce riz a gagné quelques points à la ‘bourse des valeurs’. Avant, renseigne Khémesse, ‘on pouvait rester des jours avec nos calebasses de riz mais aujourd’hui, à peine on l’achète, qu’elles (les femmes, Ndlr) viennent en demander.’
Difficile de mettre la main sur une de ces femmes, parce qu’elles sont soucieuses de garder l’anonymat. Même spectacle au marché Dior, toujours aux Parcelles assainies. Ici, certaines femmes vont jusqu'à aborder elles-mêmes les talibés pour se procurer du riz, au plus bas prix, nous renseigne un vendeur de cosmétique du nom de Baye Zale. Cette ruée vers le riz offert aux talibés ne laisse personne indifférent. Pour cette mère de famille rencontrée au marché Dior, plus question de donner du riz aux talibés car ’ils montrent qu’ils ont plus besoin d’argent que de riz. Maintenant, si j’ai des pièces de monnaie, je leur donne, sinon je leur dis de revenir le lendemain.’
Pour Mohamed Diallo, boutiquier de son état, acheter ce riz constitue un danger pour la santé. Parce que, selon lui, ‘il y a un mélange de toutes sortes de riz’. Un souci d’hygiène que ne semblent pas partager celles qui comptent sur ce riz issu de l’aumône pour assurer le repas de midi. Ce, quelles que soient les conséquences sanitaires.
11 Commentaires
Ok..?
En Février, 2012 (04:01 AM)Fans Club Buju
En Février, 2012 (04:52 AM)Damnit man!!!
Joekass
En Février, 2012 (07:02 AM)Zèbre
En Février, 2012 (09:14 AM)Avec tous les efforts de notre bien aimé vieillard sénile (Reva, goana, bajjanunu gox, sésam et bien d'autres) vous oser parler de calamité à Dakar? N'est ce pas à Dakar qu'on trouve la plus chère corniche au monde? N'est ce pas à Dakar qu'on paye 400 F pour faire la queue pour traversée 5 km d'autoroute? Vous pensez que quelqu'un qui meurt de faim va accepter cela?
Anonyme
En Février, 2012 (09:37 AM)Kos
En Février, 2012 (10:02 AM)Bour Diagne
En Février, 2012 (10:07 AM)Ndomlane
En Février, 2012 (11:59 AM).reflechissons ppendant qu`ils est temps.Ils y a des gents qui vivent super bien au senegal,ces gars llà leurs femmes n`ont pas besion d`acheter l`aumone de ces talibes.eh bien qui sont ilsMarabouts,autorites cutumieres,etc etc....Quel pays est ce pays.
Rala
En Février, 2012 (12:13 PM)les gouvernants doivent revoir leur politique.
Woul
En Février, 2012 (14:07 PM)Y'en Na Marre
En Février, 2012 (14:19 PM)Participer à la Discussion