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POUR SUBVENIR AUX BESOINS DE LEURS FAMILLES : Des enfants mineurs s’adonnent à des petits métiers à risque

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POUR SUBVENIR AUX BESOINS DE LEURS FAMILLES : Des enfants mineurs s’adonnent à des petits métiers à risque
       La devanture de la Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation (Fastef), communément appelée Ecole normale, est très animée en ce début d'après-midi. La route est pleine de voitures qui passent et repassent à des vitesses ressenties. L'arrêt des bus Tata sert de tête de ligne aux cars «Ndiaga Ndiaye» qui rallient la banlieue dakaroise. La voix aiguë d'un garçonnet criant «Bourguiba, Castors, Pikine» attire notre attention. Au début, on le prenait pour une enfant qui jouait à l'apprenti de car. Mais notre surprise fut grande quand le bout d’homme, apostrophé, nous dit qu’il est bel est bien l'apprenti du véhicule rouillé qui attendait des clients.
Le regard innocent, les habits tachés de graisse de voiture, les yeux rougis par la fumée de ces vieux cars, les dents jaunes, les cheveux poussiéreux et crépus, Pape (c’est ainsi qu’il se nomme) se montre très réticent au début à nous parler de son métier. Il nous a fallu plaisanter pour qu'il se prête à nos questions. «Je travaille pour le compte de mon père. C'est lui le chauffeur du car et j'ai déserté les classes pour lui prêter main-forte», dit-il. «Je joue avec mes camarades apprentis plus âgés que moi. Je veux avoir ma propre voiture quand je serai plus grand», ajoute-t-il. Mais il n'en dira pas plus, car son père lui jette des regards comme pour lui interdire de s'adresser à nous. Il part ainsi rejoindre son groupe d'amis, tous des apprentis, dans un monde où il est exposé à tous les dangers.

Des clientes pas toujours honnêtes
Même si la force physique n'est pas au rendez-vous, Abdoulaye Diallo, 15 ans à peine, est portefaix au marché de Castors. Habillé d'un tee-shirt de couleur verte et d'un short, les yeux larmoyants, il renseigne sur son travail : «c'est un travail très difficile. On gagne à peine 500 F à 700 F par voyage. Et ce n’est pas évident car on achète juste le carton à 200 F pour y ranger les produits qu’on porte pour les clients à chaque voyage. Et le soir, quand on fait le bilan, on se retrouve avec 2000 ou 3000 F de chiffre d'affaires. J'habite le quartier Khar-Yalla avec mes quatre cousins depuis 2008 et chaque mois, on se cotise à raison de 5000 F chacun pour payer le loyer de la chambre qui est à 20 000 F. De plus, on prend en charge aussi notre restauration».
Le jeune Abdoulaye Diallo affirme que des problèmes ne manquent pas entre eux et leurs clientes. «Il arrive qu'on ait des clientes très généreuses qui ont pitié de nous et nous payent plus que la somme convenue. Mais, il y en a qui sont très méchantes, des gens sans coeur. Souvent, c’est des femmes et elles nous utilisent pour ensuite nous donner tout juste 50 F ou 100 F lorsqu’il s’agit de payer, alors qu’au moment de nous prendre, on s’était déjà accordé sur le prix qui est fonction de la distance à parcourir avec le carton de denrées», dit le jeune porteur qui explique qu’auparavant, il travaillait comme boutiquier. «Mais le propriétaire est parti et j'ai quitté la boutique», confie-t-il.
Même s'il a des désirs d'enfant, Abdoulaye Diallo ne dépense pas tout son argent et fait en sorte de réaliser le maximum d’économies possible car étant soutien de famille. «Sur ce que je gagne par jour, j'épargne le maximum possible. Parce qu’à chaque fin de mois, je dois envoyer à mes parents qui vivent en Guinée un peu d’argent. C’est avec ce que je gagne ici que je les aide à vivre», renseigne-t-il, la mine déconfite à cause du soleil ardent et des efforts fournis. Des efforts journaliers qui lui posent quelques soucis de santé. «À cause du poids des provisions que je transporte sur la tête, j'ai en permanence des maux de tête et de dos», dit Abdoulaye qui explique que son rêve est d’«avoir une grande boutique avec plein de marchandises».

Domestique de 14 ans, Mbacké espère une vie meilleure
Si les garçons s'adonnent à des petits métiers dangereux, les filles eux optent pour les travaux domestiques, à l’image de la jeune Mbacké, 14 ans à peine et employée de maison au quartier Dieuppeul. Se confiant à nous, elle indique que le soir, après une journée de dur labeur, elle se rend au restaurant où travaille sa grande-soeur pour rentrer en sa compagnie dans la banlieue où elles résident. C'est d’ailleurs dans ce restaurant niché à un jet de pierre du carrefour Castors que nous l'avons croisée.
Le regard innocent, le corps svelte, un mouchoir noué à la tête, la gamine déclare: «je ne fais pas tous les travaux domestiques parce que je n'ai pas la force physique pour cela. Je fais juste la vaisselle, le balayage et le linge. On m'envoie souvent aussi au marché, mais je ne cuisine pas. Parce que d’abord je suis trop petite, ensuite je ne sais pas encore faire la cuisine».
Revenant sur sa vie, elle indique qu’elle habite avec ses sœurs. «Nous sommes toutes originaires d'un village sérère appelé Dougar, dans la région de Fatick», dit Mbacké qui, comme Pape et Abdoulaye, ne travaille pas pour son propre compte. «Je donne à ma soeur la somme qu'on me paye, mais il faut dire que ce n’est pas beaucoup. Je mange chez mon employeur la journée et le soir, on se débrouille pour se payer à manger», ajoute Mbacké qui n'a jamais mis les pieds à l'école française. «J'ai fait l'école coranique avant de venir rejoindre ma soeur ici à Dakar», précise-t-elle. Et comme toute jeune fille de son âge, elle nous dira, dans un propos plein de maturité: «avoir une vie meilleure et avoir tout ce que les filles de mon âge ont dans un futur très proche».

Des enfants sans aucun droit

Ils ont entre 10 et 16 ans. À ce jeune âge, ils sont déjà responsables et travaillent comme des adultes. Ils, ce sont les enfants domestiques, apprentis de cars, porteurs etc. Au moment où ceux de leurs âges sont bien nourris et fréquentent l'école, ils sont obligés de suer pour manger, se vêtir ou assurer la dépense quotidienne à la maison. Responsables dès l'enfance, la vie est bien cruelle pour certains d’entre ces mineurs.
Ces enfants sont victimes de ce que la société moderne qualifie de «travail des enfants». Ce qui signifie la participation des personnes mineures, donc âgées de moins de 18 ans, à des activités à finalité économique. Des activités qui s’apparentent plus ou moins fortement à l’exercice d’une profession. Parmi ces travaux qu'exercent les enfants, on distingue divers types. Il y a ceux qu’on qualifie de «travaux légers» et qui s'inscrivent dans l'éducation de l'enfant, dans sa vie en société. Par exemple, ranger ses habits, savoir mettre de l'ordre dans ses affaires etc. À côté, il y a les «travaux lourds», qui sont tout simplement dangereux pour l’épanouissement et la croissance de l’enfant. C'est d’ailleurs dans cette forme de pratique qu'on parle de «travail des enfants».
Ce phénomène du travail des enfants a pris des proportions inquiétantes dans les pays pauvres comme le Sénégal. Pourtant, selon l'article 18 de la Convention internationale des droits de l'enfant, adoptée en 1989 par l'Organisation des Nations-Unies (Onu), «tout enfant a droit à la responsabilité de ses parents». Seulement, en raison de la pauvreté qui sévit dans les pays du Sud, notamment au Sénégal, les parents de ces enfants ne s’attardent pas sur les droits pourtant primordiaux de ces derniers, parce que préoccupés par des questions de survie.
Aussi, même si l'article 26 de ladite Convention dit que «tout enfant a droit à une protection sociale», ces enfants sont laissés à eux-mêmes. Contrairement à l'article 32, selon lequel «tout enfant a droit à la protection contre toute forme d'exploitation». Mais ces mineurs sont malgré leur jeune âge déjà des responsables de famille car devant assurer la dépense quotidienne ou nourrir leurs parents. Ainsi, la pauvreté qui frappe ces populations fait des droits fondamentaux de l'enfant, dont «le droit aux moyens de se développer d'une manière normale et équilibrée», des droits souvent bafoués sans que cela n’induise des conséquences sur les auteurs de ces violations. La pauvreté est passée par là.

MAMADOU KÉBÉ, DIRECTEUR DE LA PROTECTION DES DROITS DE L'ENFANT : «Nous envisageons plus de mesures de prévention»

Le travail des enfants prend de plus en plus d'ampleur. En charge de la question, le Directeur de la protection des droits de l'enfant (Dpde), Mamadou Kébé, s'est prononcé sur ce phénomène. «En plus de ce qui est fait, nous envisageons plus de mesures de prévention contre le travail des enfants». Aussi, le directeur d'ajouter: «sur le plan juridique, l'État du Sénégal a ratifié certaines conventions internationales, notamment les conventions 132 et 138 de l'Organisation internationale du travail (Oit) en Lois. Il y a également un arrêté du ministère du Travail de la Fonction publique qui fixe l'âge minimum d'accès au travail des enfants et qui définit également les différents types de pires formes de travail. C'est dire que sur le plan juridique, le Sénégal a une législation qui condamne ceux qui exposent les enfants à ces genres de pratiques».
Revenant sur les réalisations de la Dpde, il indique : «dans le cadre du Projet de lutte contre la traite et les pires formes de travail des enfants, trois générations de microprojets ont été financées. Dont 43 microprojets financés entre 2008 et 2010 d’un montant total de 222 468 472 F Cfa. Nous avons aussi organisé beaucoup d'activités de sensibilisation et nous avons mis sur pied un plan de communication. Nous disposons de services de protection dans le cadre de notre projet de lutte contre le traitement et les pires formes de travail des enfants. A Mbeubeuss par exemple, nous avons financé un microprojet dans le cadre de la prévention. Nous en avons fait de même dans le cadre des travaux domestiques des enfants. Des centres de formation ont été financés dans ce sens. Un centre a été même construit à Djofior où près de 100 jeunes filles dans de pareilles situations sont encadrées. Notre ambition est de mettre en œuvre plus de mesures de préventions. Toutes ces actions entrent dans le cadre du système national intégré de la protection de l'enfance».        



6 Commentaires

  1. Auteur

    Ndiaxxoum

    En Avril, 2011 (13:54 PM)
    ganaw bama santè Yalla dioulli thii kou tèdddeu kii sant sama niarri wadiour fèdèlli sama mbeugguèl thii sama sokhna gueureum sama serigne bulletin 2 salaire daamma beugguooone rèkk rangg bii dioubb pas de depassement ni bourler feu rouge!!!!
  2. Auteur

    Lamine Samba

    En Avril, 2011 (14:02 PM)
    newon nalen sassoune manilene fi dong fi rekk la mbouroumi tangue te fi rek layy xoyom xoyome
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    Auteur

    Batoulouse

    En Avril, 2011 (14:04 PM)
    MAIS C NORMALE S'ILS LE PARLENT CAR SONT TOUS DES SENEGALAIS,,,,,,,,, OUBIEN DU MOMENT KON PARLE PULAAR NOUS NE SOMMES SENEGALAIS ?? MEEEERDE WAAAYYYYY
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    Auteur

    Starski

    En Avril, 2011 (16:01 PM)
    au senegal : enfants = retraite ; beaucoup d'enfants = meilleur retraite; ' 4 femmes + 16 enfants = tres bonne retraite + le respect des autres sénégalais !!!!

    apres ce que vont faire les enfants c'est pas leurs probleme, l'important est qu'il ramène de l'argent a son papa et a sa maman !
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    Auteur

    Pape Fall

    En Avril, 2011 (16:05 PM)
    pour réparer toutes ses injustices il nous faut tous soutenir la candidature présidentielle du professeur amsatou sow sidibe et voter CARL LENEEN EN FEVRIER 2012
    Auteur

    Drole

    En Avril, 2011 (21:21 PM)
    depuis quand est-ce que le monde a des enfants majeurs?
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