Pour un succès de l’initiative : Wade insiste sur le recrutement de professeurs de qualité

On ne peut pas faire une université avec des sous-professeurs. Le président de la République a attiré l’attention de Serigne Mame Mor sur la nécessité de recruter des professeurs de qualité, après lui avoir suggérer de changer le sigle de son université pour éviter toute confusion avec l’Ucad. 

Comme souvent, dans ses interventions publiques, le président de la République ne s’embarrasse guère de fioritures pour asséner ses quatre vérités. Intervenant samedi, lors du lancement et de la présentation des programmes de l’Université Cheikh Ahmadou Bamba (Ucab), du nom du fondateur du mouridisme et non moins grand-père de l’initiateur et président de cette université, Serigne Mame Mor Mourtada, Me Wade n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Sachant qu’il n’a pas été tendre dans ses ‘conseils’, le chef de l’Etat a terminé son speech en faisant cet aveu qui en dit long sur la teneur du discours tenu devant une salle pleine à craquer de fidèles mourides : ‘Je sais que j’ai été peut-être dur, mais je suis musulman et je ne peux pas dire le contraire de ce que je pense. Mais ce que je vous ai dit, a pour objectif d’améliorer ce que vous faites’.

Morceaux choisis des propos tenus par Me Wade sur l’université Cheikh Ahmadou Bamba (Ucab), après les présentations du Pr Arona Coumba Ndoffène Diouf, enseignant en gestion dans une université de Caroline du Nord aux Usa, président du Comité scientifique et candidat déclaré à la présidentielle de 2012 au Sénégal sous la bannière de son mouvement citoyen. ‘La dénomination Ucab peut donner lieu à une confusion. Je vous suggère le nom de l’Ucabam pour éviter la confusion avec l’Ucad’, tranche Me Wade pour éviter toute homonymie dans les sigles.

Après cela, le chef de l’Etat a demandé l’ouverture du comité scientifique de l’Ucab que préside le Pr Arona Coumba Ndoffène Diouf, ‘aux Sénégalais et aux étrangers’. Dans l’entendement de Me Wade, c’est un gage de succès pour quiconque a l’ambition de bâtir une université de niveau international et veut former des étudiants qui seront opérationnels à leur sortie. En outre, Me Wade a insisté sur la nécessité pour l’Ucab de recruter des professeurs de qualité. Ce que même l’Etat du Sénégal, avec tous ses moyens, peine à faire. A preuve, dira le président de la République, après 15 milliards d’investissement pour bâtir l’Université du futur africain, il a été obligé d’arrêter les travaux à cause de ‘difficultés financières’.

Parlant toujours de la nécessité, pour le porteur du projet Ucab de recruter les meilleurs spécialistes, Me Wade dira que ‘la difficulté d’une université, c’est de recruter des professeurs. Rien n’est pire que donner une chaire à un incompétent. On ne peut faire une université avec des sous-professeurs. Nous-mêmes, en tant qu’Etat, nous n’avons pas encore réussi à avoir des spécialistes partout’. ‘Un professeur incompétent rate toutes les générations. Et nous avons connu cela ici’, soutient-il. ‘Quand j’étais à Besançon, il n’y avait pas de professeur de droit et d’économie. On avait des professeurs de Paris ou Dijon qui prenaient le train pour venir faire des cours à Besançon’, rappelle-t-il, non sans mettre en garde Serigne Mame Mor Mbacké contre les ‘pseudo experts’ qui s’arrogent des titres qu’ils n’ont pas ou bien enseignent dans des universités de seconde zone qui ne figurent dans aucun classement mondial.

S’agissant du recrutement des étudiants, Me Wade a conseillé au président de l’Ucab de recruter les étudiants à partir du baccalauréat selon les conditions d’orientations en vigueur dans les universités sénégalaises pour espérer avoir de bons produits à l’arrivée. Pour le reste, le chef de l’Etat a assuré Serigne Mame Mor Mbacké du soutient de l’Etat pour la réussite du projet.

Le président du comité scientifique Arona Coumba Ndoffène Diouf qui a pourtant été royalement ignoré par Me Wade qui a invité les membres du comité scientifique à le rejoindre sur le présidium, n’a voulu faire dans la polémique. ‘Le président a raison sur l’extension des membres du comité scientifique par ce qu’aujourd’hui, tout projet scientifique doit être collaboratif. Jusqu’à présent, moi qui préside le comité scientifique, je ne fais que recruter des gens de renommée’, se défend-il.