Pr. Saliou DIOP, directeur du Centre national de transfusion sanguine : « A Dakar, les dons de sang sont passés de 12.000 en 2006 à 24.000 en 2011 »

Le nombre de donneurs de sang a nettement augmenté à Dakar. Le Pr. Saliou Diop, directeur du Centre national de transfusion sanguine a révélé que les dons de sang sont passés de 12.000 en 2006 à 24.000 en 2011. Toutefois, des efforts sont à faire dans les régions, surtout que le Sénégal est encore loin des normes de l’Organisation mondiale de la santé. Le Pr. Diop pense que la faiblesse du système de collecte réside dans le fait que les centres régionaux sont administrés par les hôpitaux.

Les messages demandant aux Sénégalais  de cultiver le don de sang sont diffusés depuis quelques années. Est-ce qu’il y a une évolution ? 
« Il y a une évolution positive du don de sang, surtout dans la région de Dakar. Nous sommes passés de 12.000 dons en 2006 à 24.000 en 2011 au Centre national de transfusion sanguine (Cnts) de Dakar. Cette évolution n’est pas enregistrée dans les régions où le nombre de dons est constant et parfois même en baisse. Globalement, le nombre de dons de sang au Sénégal est de 4/1000 habitants, alors que les recommandations de l’Oms sont de 10/1000 habitants. Donc, il faudra plus que doubler le nombre actuel pour s’assurer d’une disponibilité adéquate de ce produit précieux. Cependant, il y a une grande disparité du don de sang entre Dakar et les régions. Le nombre de dons de sang est de 9,8/1.000 habitants à Dakar, contre une moyenne de 2,35/1.000 dans les autres régions du pays ».

Le statut du centre favorise-t-il une collecte optimale du sang ?

«Le Centre national de transfusion sanguine a un statut d’établissement public de santé, qui lui confère toutes les attributions pour pouvoir mener à bien la politique nationale de transfusion sanguine. La faiblesse de l’organisation actuelle réside sur le fait que, dans les régions, les banques de sang sont administrativement gérées par les hôpitaux qui les hébergent. Ceci est à l’origine de certaines difficultés, comme la faible disponibilité du produit dans les régions. La transfusion sanguine est devenue une activité assez spécialisée et nécessite une gestion spécifique. II est vrai qu’il y a des missions techniques de supervision que le Cnts effectue périodiquement dans les banques de sang régionales, mais cela ne suffit pas. Il faut donc permettre au Cnts de pouvoir gérer des Centres régionaux de transfusion sanguine (Crts) ; ce qui permettra de mettre en place une politique de communication et des pratiques transfusionnelles adaptées. Ainsi, ces Crts pourront non seulement fournir du sang aux hôpitaux de la région, mais aussi aux structures privées, puisque chaque structure de santé ne peut pas disposer de sa propre banque de sang».

La transfusion sanguine prend de plus en plus de place dans le système sanitaire. Qu’est-ce qui l’explique ?

« Le recours à la transfusion sanguine est indispensable dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile. La sécurité transfusionnelle est également une stratégie pour éviter les nouvelles infections par le Vih, les virus de l’hépatite ou d’autres agents infectieux transmissibles par le sang. Plus le système de santé se développe, plus la prévalence de certaines maladies, qui n’étaient pas diagnostiquées ou traitées dans nos pays, augmentera. C’est le cas des cancers, des maladies génétiques, de l’insuffisance rénale, des maladies cardio-vasculaires, qui nécessitent une intervention chirurgicale, entre autres. Le sang occupe une part importante dans le traitement de toutes ces maladies. On ne peut pas mettre en place un programme pour améliorer la prise en charge de ces maladies sans y ajouter un volet sur la transfusion sanguine. Il faut donc s’attendre à ce que les enjeux de la transfusion sanguine soient de plus en plus au premier plan ».

Quel est l’intérêt des tests prénuptiaux ?

« L’examen prénuptial est effectué par un couple qui veut s’engager dans le processus du mariage. Il a pour but de sécuriser le couple en dépistant tout facteur qui peut compromettre la vie conjugale. Cet examen est clinique, mais comporte aussi des tests de laboratoire pour dépister des maladies générales, des infections sexuellement transmissibles, le risque de transmettre certaines maladies génétiques, comme la drépanocytose, le risque d’incompatibilité fœto-maternelle. Si une maladie curable est diagnostiquée au terme de cet examen, le traitement est institué avant le mariage. Par contre, si une maladie incurable ou un risque génétique est mis en évidence, le médecin peut « déconseiller » le mariage en laissant, bien sûr, la liberté aux concernés de prendre une décision définitive. Au Sénégal, même si l’examen prénuptial n’est pas obligatoire selon la loi, il est fortement conseillé de le faire pour surtout éviter la naissance d’enfants drépanocytaires, prévenir la transmission d’infections par voie sexuelle et prendre les mesures préventives adéquates lorsqu’il y a une incompatibilité sur les groupes sanguins ».  

Propos recueillis par Khady Mahfou AIDARA (stagiaire)

Bientôt un hôpital privé de niveau international à Dakar

La capitale sénégalaise sera bientôt dotée d’un hôpital privé de niveau international. Le projet en cours a été présenté, samedi dernier, au chef de l’Etat par les promoteurs, dont le Pr. Mohamed Fadel Niang. Ce dernier a déclaré sur les antennes de la Rts, à sa sortie d’audience, que l’hôpital est en construction aux Almadies, sur une superficie de 15.000 m2. Il doit compter, à terme, 200 lits. La première phase en cours concerne la construction de 2 grands bâtiments pour 93 lits et tous les services. La deuxième phase sera marquée par la réalisation d’un centre d’oncologie (cancérologie), de thalassothérapie (mise en forme) et de formation. L’ouverture étant prévue en 2013, les promoteurs ont sollicité du chef de l’Etat, Macky Sall, l’extension de l’assiette foncière ainsi que la réduction de la fiscalité, a dit le Pr. Niang.

D. MANE