Procès des assassins de Samba Lampsar Sall : Le mutisme des autorités sénégalaises inquiète

L’affaire Samba Lampsar Sall, ce jeune étudiant sénégalais assassiné froidement à Saint-Pétersbourg (en Russie) en avril 2006, refait surface. Alors que le procès est dans sa dernière ligne droite avec le début des plaidoiries prévu ce 13 janvier, des sources proches de la famille du défunt font état de leur inquiétude face au mutisme des autorités sénégalaises qui ne les informent plus de l’évolution de la situation. 

Le procès du jeune Sénégalais froidement assassiné en Russie le 7 avril 2006 par des membres d’un groupe néo-nazi est dans sa dernière ligne droite. Le démarrage des plaidoiries est prévu jeudi prochain, 13 janvier 2011. Face à cette imminence, des proches de la victime s’interrogent sur le mutisme des autorités sénégalaises qui les tenaient régulièrement informées de l’évolution du dossier. Un silence noté depuis le départ de l’ambassadeur du Sénégal en Russie, le général Mountaga Diallo. Avec le départ à la retraite de cet ambassadeur il y a six mois, il a été noté une cassure dans la gestion du dossier et les parents ne reçoivent plus d’informations par le circuit officiel normal qu’étaient le ministère sénégalais des Affaires étrangères et celui de la Justice, renseigne une source proche de la famille de la victime. Ce qui n’a, pourtant, jamais été le cas dans ce procès où l’Etat du Sénégal s’est pourtant constitué partie civile aux côtés de la famille de la victime.

Pourtant, la famille de Samba Lampsar Sall recevait jusqu’ici tous les deux mois un courrier lui relatant l’évolution du dossier au moment de son instruction, puis du procès. Aujourd’hui, informent nos sources, les parents de la victime ne comprennent pas les raisons qui poussent l’Etat du Sénégal à ne plus honorer ses engagements qui étaient de faire le nécessaire et d’en informer régulièrement la famille du jeune étudiant assassiné. Les autorités de l’ambassade interrogées sur la question auraient simplement répondu qu’il n’y avait rien de nouveau dans le procès, raison pour laquelle les parents ne reçoivent plus de courrier. De quoi soulever la colère de nos sources qui soutiennent qu’il est ‘important dans un procès de savoir qu’il ne se passe rien de nouveau’. Et, dans le cas d’espèce, il n’en est rien, si l’on en croit des sources proches du dossier qui confient qu’il se passe bien des choses dans cette affaire et qu’en réalité, c’est le système qui ne fonctionne plus.

Le procès étant dans sa dernière ligne droite, des sources proches de la famille de la victime estiment que l’Etat du Sénégal qui a toujours fait preuve d’une réelle volonté d’aller jusqu’au bout de l’affaire, devrait être plus que jamais vigilant et que les instructions données soient respectées.

Interpellés sur la question, les parents de la victime n’ont pas voulu se prononcer, arguant que le procès suit son cours. Ils se sont tout de même plaints de ne plus recevoir de courrier. Des parents qui soutiennent n’avoir aucune appréhension sur la bonne foi de la justice de l’Etat fédéral de Russie, en attestent les efforts du procureur et du juge russe pour mener ce procès jusqu’à son terme. Aussi plusieurs efforts sont entrepris dans ce pays avec l’organisation de journées culturelles pour honorer la mémoire du jeune Sénégalais assassiné. Autant d’actes qui renforcent leur croyance en la bonne foi de l’Etat fédéral de Russie.

Pour rappel, Samba Lampsar Sall, 28 ans, est un jeune étudiant sénégalais parti en Russie où il est né, pour des études en télécommunication. Un brillant étudiant sorti plusieurs fois major de sa promotion. Il venait de terminer ses études, major encore de sa promotion, et s’apprêtait à rentrer au bercail quand il a été froidement assassiné le 7 avril 2006 par une organisation d’extrême droite néo-nazi qui avait d’ailleurs signé l’acte en laissant sur les lieux du crime l’arme et une croix gammée. Le procureur de Saint-Pétersbourg ouvre aussitôt une instruction. A la suite d’enquêtes rondement menées, les assassins de Samba Lampsar ont été arrêtés après avoir opposé une violente résistance aux forces de sécurité. Le chef de la bande y perdra la vie, mais tous les autres qui ont participé à cet assassinat, se retrouveront derrière les barreaux. Et depuis le 1er juin 2009, ils comparaissent devant le tribunal pour un procès en assises qui dure maintenant depuis un an et demi.

L’assassinat jusqu’ici impuni de ce jeune Sénégalais reste un cas d’école aux yeux de plusieurs Africains au moment où la renaissance africaine est brandie partout. Une renaissance dont le passage au respect des droits fondamentaux des individus reste une obligation intransigeante. A travers cette affaire, l’Etat du Sénégal dispose ainsi d’une occasion rêvée pour élever la voix afin que justice soit faite. Plusieurs voix se sont élevées à l’époque pour fustiger cet acte criminel dont le soubassement n’est rien d’autre qu’un mobile raciste.