Retour des populations : Le déminage libère des terres et des villages en Casamance

Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Alioune Badara Cissé, a présidé, hier, à Ziguinchor, la cérémonie de restitution des villages débarrassés de mines et de remise de motos tricycles aux victimes de ces engins. Le ministre et les partenaires ont émis le vœu pour la mobilisation de ressources supplémentaires afin de continuer les opérations de déminage. 

Un bon signe pour l’éradication des mines anti-personnelles en Casamance. Après les premières opérations de déminage à Kandialang, Soukouta, Boutoute et Mandina Mancagne dans l’arrondissement de Niaguiss, le financement franco-allemand a permis d’enlever des mines à Bacounoume, Dar-Salam, Etafoune et Kaguite. La liste des localités déminées est loin d’être exhaustive. Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Me Alioune Badara Cissé, a visité, hier, 2 villages, l’un déminé, Gouraf, et l’autre en cours de déminage, Gounoum. Tout compte fait, plus de 164 villages sont proposés au déclassement. « Une superficie de 332.875,54 m2 a été dépolluée, ouvrant l’accès à 23 millions m2 pour 235 mines prélevées », a indiqué le directeur du Centre national d’action anti-mines au Sénégal (Cnams), Papa Omar Ndiaye. Mais le gouvernement ne veut pas se contenter de ces résultats. Mieux, il souhaite qu’un nouveau virage soit abordé, afin de lever tous les goulots d’étranglement au décollage économique de la partie Sud du pays. « Dès son accession au pouvoir, le président de la République, son Excellence Monsieur Macky Sall, a pris la pleine mesure de cette problématique et a instruit son gouvernement d’étudier les voies et moyens permettant d’accélérer le processus enclenché, en vue de mettre un terme aux souffrances des populations », a déclaré Alioune Badara Cissé.

Maintenir le cap

Au regard de l’immensité de la tache qui reste à accomplir, le ministre a exhorté tous les acteurs à maintenir le cap, avant d’inviter les partenaires, comme le Pnud, l’Union européenne, le Canada, entre autres, à continuer à apporter leur expertise et leur soutien financier, dans le but d’intensifier les opérations. « A ce stade, je voudrais lancer un appel en direction de nos partenaires pour les prier de poursuivre le soutien inestimable et le concours précieux qu’ils apportent à notre pays et sans lequel aucun progrès significatif ne pourra être accompli », a lancé le ministre. 

La représentante résidente  du Pnud et Coordonnateur du système des Nations Unies, Fatou Bintou Djibo, a fait le même plaidoyer. « Il y a, certes, de bons résultats, mais il reste beaucoup de choses à faire. Le soutien des partenaires est indispensable pour la poursuite des opérations de déminage. J’exhorte toutes les parties à s’engager dans la recherche de la paix », a dit Mme Djibo. Au cours de cette cérémonie, des motos tricycles ont été distribuées aux victimes des mines. L’Union européenne a déjà consenti 2,6 milliards de FCfa dans le cadre du Programme d’assistance à la lutte anti-mines en Casamance (Palaca). Au cours de la rencontre, le chef de la délégation de l’Union européenne au Sénégal, Dominique Dellicour, a suggéré une évaluation des actions. Surtout que le second opérateur devrait s’engager au moment où le contrat de Handicap international arrive à terme, en septembre. « Je voudrais proposer qu’il soit organisé un atelier stratégique avec tous les acteurs du déminage. Il s’agira de faire le bilan, d’évaluer la stratégie et surtout de mobiliser les énergies et de nouvelles ressources financières d’autres partenaires pour libérer le Sénégal des mines anti-personnelles », a suggéré Dominique Dellicour. L’Etat du Sénégal affecte, chaque année, une enveloppe de plus de 100 millions de FCfa aux activités de déminage. « Le gouvernement du Sénégal, en plus d’avoir mis à la disposition du projet, des locaux et des bureaux à Dakar et à Ziguinchor, lui a alloué, chaque année, depuis 2007, 150 millions de FCfa. Cette subvention a été portée à 175 millions en 2011 », a rappelé le directeur du Cnams.

La paix conditionne le déminage de toute la zone

Le  Sénégal pourrait respecter l’engagement pris au plan international de déminer tout son territoire avant mars 2016. Le respect de cet engagement est suspendu au retour à une paix durable dans les régions de Kolda, de Sédhiou et de Ziguinchor. « Il est possible que le Sénégal soit débarrassé des mines s’il y a un retour à la paix, si les bailleurs continuent à nous soutenir, si les factions armées sont désarmées », a précisé le directeur du Cnams.  Si dans les régions de Sédhiou et de Kolda les opérations pourraient s’accélérer, dans le département de Bignona, par contre, l’insécurité freine le processus d’extraction de ces engins. 

Le Cnams a organisé des séances d’information, de sensibilisation et de formation des enseignants et des relais. Les actions ont porté leurs fruits. Comme preuve, le nombre de victimes est passé de 197 en 1997 à 220 en 2009 à aucun cas 2008 et aucun cas civil en 2012.