L’épisode du conflit qui a opposé la société Dangote à la famille de feu Serigne Saliou MBACKE a constitué l’arbre qui a caché la forêt de problèmes environnementaux et sanitaires qui menacent aussi bien les travailleurs, les populations riveraines qu’une bonne partie de la population vivant dans la presqu’île du Cap Vert. En effet, cet épilogue semble avoir détourné l’attention des services techniques et des autorités gouvernementales sur les véritables problématiques liées à la mise en œuvre du projet de cimenterie de la société Dangote. Cette situation a fait le lit de manquements dans les procédures de délivrance des autorisations de forages d’eau et d’approbation des études environnementales qui ont entériné les choix technologiques du nouvel opérateur qui sont basées essentiellement sur des considérations financières au détriment des préoccupations environnementales, sanitaires et de sécurité publique.
L’action en référé initiée par les représentants des villages impactés et par l’ONG ARAN basée à Thiès est surtout motivée par ces préoccupations.
Nous rappelons que l’usine de la société Dangote, installée à proximité de Pout, a construit, pour l’alimentation de son projet de cimenterie, une centrale électrique à charbon de 30 mégawatts qui utiliserait un système de refroidissement par eau (système dit WCC pour water cooled condenser).
Ce système de refroidissement consomme, pour une centrale de cette puissance, 4500 m3 d’eau par jour soit 1.500.000 m3 par an.Ces importantes quantités d’eau seront prélevées dans la nappe maastrichtienne de Pout qui est déjà en surexploitation pour les besoins de l’approvisionnement en eau de l’agglomérationdakaroise. Dans le cadre d’une étude financée par la Banque Mondiale, le Bureau d’études Allemand GKW Consult démontre que le déficit du bilan hydraulique de la nappe maastrichtienneétait de -15, 4 millions de m3 par an en 2009. Les prélèvements de la cimenterie de Dangoteaggraveraient de 10 % ce déficit. Les impacts directs qui en découleront sont : la baisse continue du niveau statique des nappes et la remontée de la nappe salée du maastrichtien inférieur (up coming) qui, comme le démontrent les simulations de l’étude Banque mondiale de COWI–Polyconsult(2002), rendra à plus ou moyen long terme l’eau impropre à la consommation humaine voire à l’agriculture.
Lorsqu’on sait que Dangote prévoit à court moyen terme le doublement de ses capacités productives de ciment et d’énergie et donc de sa consommation d’eau qui atteindra le 3.000.000 m3 de prélèvement l’on ne peut que s’inquiéter des graves répercussions sur la disponibilité et la qualité des ressources en eaux souterraines du Maestrichtien qui,rappelons-le, est le principal aquifère du Sénégal occidental.
Hormis cet impact négatif sur la quantité et la qualité des ressources en eaux souterraines, nous voudrions aussi souligner l’existence d’un risque sanitaire avéré associé aux rejets d’eau tiède à chaude provenant du système de refroidissement qui favorisent la prolifération de bactéries pouvant provoquer la légionellose qui est une infection pulmonaire grave, parfois mortelle.
Les promoteurs de cette cimenterie ne peuvent pas ignorer ces réalités, mais ont certainement préféré ce système WCC qui, d’un point de vue financier est nettement plus avantageux à cause de ses coûts d’investissement, d’installation et d’exploitation qui sont beaucoup plus faibles.Une alternative aurait été un système de refroidissement par air(ACCpour air cooled condenser) quine compromet pas l’approvisionnement quantitatif et qualitatif des populations dakaroises en eau potable et ne comporte pas de risque de développement de bactéries
Aussi, les questions suivantes s’imposent à nous :
- Pourquoi et comment la cimenterie Dangote a-t-elle pu avoir l’autorisation d’implanter 2 puis 4 foragesavec des débits aussi importants alors que même la SDE qui approvisionne les populations en eau a été enjointepar la DGPRE de restreindre ses prélèvements dans cette même zone depuis plusieurs années ?
- L’implantation des 6 forages de Dangote a-t-elle fait l’objet d’une évaluation environnementale spécifique ? Sinon, pourquoi ?
- Pourquoi l’étude des variantes n’a pas analysé la variante système de refroidissement à eau vs système de refroidissement à air ?
- Pourquoi l’évaluation environnementale du projet de Dangote ne fait nullement mention des impacts négatifs des pompages sur les ressources en eaux souterraines et le risque de développement de bactéries ?
Ce sont ces mêmes questions qui seront débattues aujourd’hui jeudi 13 novembre 2014 devant le tribunal de Thiès dans le cadre de l’action en référé intentée par les habitants du village de Keur Moussa et défendus par Maître Assane Dioma Ndiaye.
11 Commentaires
Heuud
En Novembre, 2014 (14:30 PM)Diaw
En Novembre, 2014 (14:48 PM)Veriter
En Novembre, 2014 (14:52 PM)Mounos
En Novembre, 2014 (16:51 PM)Zeyko
En Novembre, 2014 (17:09 PM)Listo
En Novembre, 2014 (17:36 PM)Ce que l'on appelle les Normes, et j'avais déjà évoqué cet important aspect sur un autre sujet: nos routes!
Au 21ème siècle, un État responsable ne peut plus ou devrait plus faire faire ou laisser n'importe quoi, en matière d'Infrastructures, d'industries extractives notamment, alors que partout dans le monde, l'Homme a accumulé et capitalise suffisamment d'expériences, à force d'études, d'erreurs aussi, de tâtonnements qui ont beaucoup coûté parfois aux populations, aux États, pour devoir maintenant, établir des normes, qui permettent d'éviter des aléas, de protéger les populations, et de gaspiller de l'argent.
Concernant Dangote cependant , son implantation au Senegal s'est fait vraiment dans la douleur et les douleurs et on comprend bien pourquoi certains Africains hésitent à investir en Afrique, ou rien ne leur est facilité comme cela l'est pour les Occidentaux à qui carrément un tapis rouge est déroulé.
C'est comme si on leur disait: c'est tant pis pour vous, et il faut vraiment être patriote et s'accrocher.
Leer Nagne
En Novembre, 2014 (18:01 PM)Soyez certains que ceux qui se soucient de l'avenir des générations futures se dresseront comme un seul homme pour dire non à l'arbitraire, à la négligence coupable des autorités, à l’écrasement des riverains par Dangote.
La société civile sénégalaise se tient prête pour défendre nos ressources en eau et notre environnement à commencer Me Dioma NDIAYE , Président de la ligue sénégalaise des droits de l'homme.
Las
En Novembre, 2014 (18:06 PM)ON N'EST PLUS AU MOYEN AGE
VOUS ETES MECHANT
LA CIMENTERIE DU SAHEL CAPTE LA MEME NAPPE ET ON 'EN PARLE PAS.
SEULE LA DRPRE EST HABILITÉE AU SENEGAL POUR DELIVRER DES AUTORISATION DE REALISATION DE FORAGES.
FAITES FAIRE DES ETUDES A LA CON A N'EN PLUS FINIR UNE AUTORISATION EST UNE AUTORISATION. IL FOIS QU'IL EST DELIVRE IL EST DELIVRE COMME POUR LA CIMENTERIE DU SAHEL.
LA ZONE DE POUT N'EST PLUS LE CHAMP DE CAPTAGE PRINCIPAL DE L'AEP DE DAKAR DEPUIS 1970 AVEC L'ALG1.
LE NAPPE EN QUEST N'EST PAS DIRECTEMENT LIE A LA NAPPE PHREATIQUE ELLE EST A PLUS DE 200 m DE PROFONDEUR.
Kelkpart
En Novembre, 2014 (22:30 PM)Allez Voir Le Code De L Enviro
En Novembre, 2014 (01:21 AM)Neknitt Rek
En Novembre, 2014 (11:29 AM)bala nguen di faral toubab bi wala niak bi dou nguen xalat sen bopp!!
moi je me souvien problem tuyaux on a tous trimé pour roti ak jeundi kirene
ana lien petition bi?
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