Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

SABODALA : Un domaine aurifère, deux visages

Single Post
SABODALA : Un domaine aurifère, deux visages
Dans l'imaginaire de beaucoup de Sénégalais, Sabodala rime avec le métal précieux. Un cliché qui se confirme pour une fois et se traduit par des relations tendues entre le village éponyme et la compagnie Sabodala Gold Operation (SGO). Si cette dernière, qui a déjà commencé l’exploitation, affiche de grandes ambitions, son expansion territoriale se heurte à la réticence des résidents de la zone.

On se croirait dans les paysages arides du sud-ouest américain, avec une chaleur intenable et des montagnes à profusion. Mais on est dans les confins du Sénégal, au cœur de la seule société d’exploitation de mine d’or du pays. Sabodala Gold Operation (SGO) est l’entité qui opère dans la zone éponyme. Elle est une holding de Teranga Gold Operation (TGO) qui la détient à 90 % via Sabodala Gold Mauritius Ltd., les 10 % restants de SGO appartenant à la République du Sénégal. La société s’entoure du maximum de garanties sécuritaires parfois superflues, pour une zone aussi isolée et presque inhabitée.

A l’entrée du périmètre minier, des écriteaux en anglais marquent l’entrée dans son territoire. Une voiture de patrouille blanche sert d’escorte jusqu’au siège des opérations de la société. L’aérodrome, la banque, des restaurants etc., des installations qui paraissent anachroniques au milieu d’une végétation asséchée et d’un paysage poussiéreux qui constituent le décor sur la soixantaine de kilomètres de piste, depuis le croisement de Saraya. Le complexe est une oasis de fraîcheur dans cette chaleur étouffante. Un îlot d’opulence dans un océan de sécheresse.

Les autorités de la boîte ne lésinent pas sur la communication pour rendre visibles leurs réalisations sociales. Exposé oral, projection de film sur les réalisations de la société, visite d’un périmètre maraîcher, d’une école…, SGO polit son image. Le superviseur du département Relation communautaire et environnement de la compagnie, Séga Diallo, parle ‘‘d’importantes réalisations socio-économiques avec une ambulance pour le poste de santé de Sabodala. Une dotation annuelle de médicaments, des fournitures scolaires aux différents établissements de la commune, construction de salles de classe pour la suppression des abris provisoires, paiement de deux immeubles à Dakar pour les étudiants venus de Kédougou’’, liste-t-il.

La société veille à ses pépites comme à la prunelle de ses yeux. Impossible d’aller à l’industrie, même en montrant patte blanche. Quant à visiter la fameuse ‘‘gold room’’, local où est gardé le produit fini, c’est hors de propos. Pas de descente au fond du fossé, pas de rencontre avec les travailleurs. Une communication bien verrouillée qui ne laisse filtrer que des informations d’ordre général. Même pour la visite des réalisations sociales, le responsable des relations communautaires et environnement prend le soin d’être l’interprète des femmes du périmètre maraîcher de Faloumbou.

En 2013, 297 927 000 dollars de revenus

La seule concession est la visite du pit, l’immense fossé creusé pour l’extraction du minerai. Au fond, une pelleteuse mécanique semble minuscule. Les engins ont esquissé une stratification magnifique en forme de colimaçon, où les rebords sont élargis pour stabiliser le trou, explique Cheikh Fall, ingénieur géologue du site d’exploitation. Plus on va en profondeur, plus la circonférence du fossé est réduite pour éviter les éboulements. Entre l’amoncellement de basaltes et de latérites, un camion arroseur passe régulièrement pour dissiper le nuage de poussière. Des rangées de roches excavées forment des montagnes de part et d’autre d’une vaste piste en latérite. Ce pit, opérationnel depuis 2009, fait partie d’une exploitation presque deux fois plus grande que Dakar : 1 055 km².

La société basée au Canada, créée en novembre 2010, a complété son expansion en acquérant la société d’exploration Oromin Joint Venture Group (OJVG) deux ans plus tard. Ce qui porte les réserves (prouvées et probables) de la mine à 2,8 millions d’onces avec une durée de vie estimée à 16 ans. En 2013, la production d’or a atteint 207 204 onces pour des revenus de 297 927 000 de dollars. La compagnie s’attend à des rendements de l’ordre de 240 000 onces pour 2014.

Le fonds social minier ? Pas d’engagement clair pour le moment, surtout en ce qui concerne les autorités étatiques. Séga Diallo parle d’un ‘‘fonds d’investissement communautaire que l’État a négocié avec la compagnie SGO d’un montant annuel de 425 000 dollars us compte tenu de la convention signée avec l’État du Sénégal’’.

Frictions

Après l’oasis de SGO, le village de Sabodala est le revers de la médaille. Niché en contrebas d’une piste poussiéreuse, elle offre, de loin, l’image d’une carte postale avec ses cases pointues. Une image d’Épinal qui, de près, s’estompe. La réalité est aux antipodes de l’opulence de la société minière. Pas d’eau ; depuis trois jours, les robinets du marché demeurent désespérément à sec. ‘‘Problème d’essence’’, déclare le préposé au forage. Chômage chronique, infrastructures inexistantes, tout est prioritaire dans le village.

Mais le problème le plus prégnant réside dans les contours flous de la cession des terres à SGO pour l’extension de ses activités. En août 2013 déjà, les prospections pour évaluer le potentiel en or de Sabodala-Niakhafiri avaient causé un tollé local. Les résidents avaient opposé une résistance ferme contre un sondage dans le cimetière. Ils promettent que la société n’aura pas leurs terres. Le porte-parole et fils du chef de village, Moussa Cissokho, confirme les frictions entre la collectivité et la société d’exploitation. ‘‘Nous avons fréquemment des problèmes de terre avec SGO. Nous sommes victimes d’expropriation des terres de la part de cette société qui prend des engagements qu’elle ne respecte pas. Les terres à l’ouest du village appartenaient à Sabodala Faloumbou Dambankhoto ; les populations y pratiquaient l’agriculture. En expropriant les populations, SGO avaient pris des engagements, à travers des compensations financières, qu’elle n’a pas tenus’’, peste-t-il.

90 % des terres cultivables perdus, depuis 2005

De 2007 à 2011, les compensations financières ont bien été assurées par la société, fait savoir M. Cissokho. Le problème réside dans le non-aménagement de plus de 240 hectares de terres pour la culture, depuis 2012, qui était le second volet du dédommagement. La contrepartie de la délocalisation des populations qui vivaient d’agriculture, d’élevage et d’orpaillage s’est faite dans des proportions de ‘‘ 30 à 40 %’’ dit-il.

La société, à travers les forums de négociation, avait pris l’engagement de satisfaire cette doléance. Mais, Moussa Cissokho déplore l’absence d’interlocuteur. ‘‘Rencontrer Macky Sall est plus facile que rencontrer Mark English, directeur des opérations de SGO. Depuis la venue de la société, en 2005, jusqu’à maintenant, nous avons perdu 90 % des terres cultivables, sans compter les terres pour l’orpaillage’’, poursuit le fils du chef de village, par ailleurs agent de l’ONG La lumière.

En attendant que la procrastination en matière de données minières prenne fin, avec les premiers rapports de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), l'impasse dans les relations entre les deux parties est loin de présager d'une suite sans histoires.  



2 Commentaires

  1. Auteur

    Woupilay

    En Mars, 2015 (05:19 AM)
    297 927 000 dollars soit au minimum 140 milliards ne nos pauvres francs ! Ou passe donc cet argent à qui profite-t-il ? sûrement pas à la population déjà que sur la localité même il manque du carburant pour le forage et cela se passe ainsi un peu partout à travers notre pays ! L'étranger vient avec sa technologie tu le laisses exploiter il remplit ses poches et les tiennes cependant tu t'en fous de ta population ! Attendez l'exploitation du pétrole au large des côtes sénégalaises ce sera pire et comme d'habitude certains particuliers s'enrichissent et la majorité s'appauvrit ! A quand l'époque où on pourra qualifier le sénégalais d'homme HONNÊTE
    Top Banner
  2. Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2015 (10:47 AM)
    moi j'ai travaille a sabadola mais sachez que dans le village de sabodala il n'ya ni d'eau, ni electricité, pareille vers bransan, mama khono et khossanto rarement,





    c'est extrêmement grave....





    j'ai envie de pleurer quand je suis labas!!

    l’état et les société minières il faut doter ces village d’énergie solaire(cela ne coûte presque rien).s



    nous ne voulons pas de navetanes ou de sabar, ou de fêtes avec des musiciens , mais de l’eau de electricité et un bon poste de sante
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email