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[ÉDITO DU JOUR] Savoir désamorcer une bombe sociale…

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[ÉDITO DU JOUR] Savoir désamorcer une bombe sociale…
Scènes de guérilla comme en période de crise post-électorale. Emeutes de l’eau à Cap-Skirring dans le sud du pays. Grandes artères barricadées puis incendiées entre Thiès, Tamba, Touba et Mbacké ; violation du couvre-feu par des jeunes sortis en masse la nuit : les actes de défiances à l'endroit de l’autorité prennent des proportions inquiétantes à travers le pays. Un cocktail explosif qui dessine les contours d’une révolte populaire née des mesures restrictives auxquelles il convient de mettre un terme, pour rester dans l'esprit des mesures d’allègement annoncées par le chef de l’Etat lui-même, le 11 mai dernier.

Le président Macky Sall a eu la sagesse de prendre des mesures fortes pour éradiquer la propagation du coronavirus au Sénégal. Les restrictions dans les déplacements entre régions et entre départements ont sans doute contribué à secouer la chaîne de transmission sans pour autant l'interrompre. Ces mesures salutaires et auxquelles les populations ont adhéré entièrement au début et pendant plus de deux mois, ont fini par installer la lassitude dans les foyers et le désœuvrement dans les quartiers. Elles ont transformé de braves « goorgoorlou » en personnes assistées voire sans assistance, ou sans revenus faute de pouvoir exercer leur gagne-pain de jour ou de nuit. Et l’Etat n’a pas pris en compte dans son plan de résilience une frange importante de la population qui s'active dans le secteur informel. Aussi bien les transports que le petit commerce ont été fortement asphyxiés du fait des restrictions sur les déplacements. Quid de la fermeture des gares routières ? Elle a mis à genou un pan important de l'économie nationale. En effet, si les hôteliers et acteurs du tourisme ont pu bénéficier d’un crédit ou d’une assistance financière de l’Etat ou des banques, tel n'est pas le cas pour ces milliers de jeunes qui s'activent dans le transport ou le commerce et qui sont méconnus des services administratifs et des statistiques nationales. Et, à force d'attendre la fin de « corona » qui prend ses aises, ils ont fini par se sentir lâchés, trahis même, au point de sortir de leur torpeur dans un sursaut de survie, usant de la violence pour amener l’Etat à desserrer l’étau. Parce que ces jeunes ont fait siennes des déclarations du chef de l’Etat qui a invité les Sénégalais à « apprendre à vivre avec le virus ». D’où l’évolution dans les slogans, de « restez chez vous » à « restez prudents, soyez vigilants ». Ce qui laisse entendre que tout Sénégalais et sans exception, ne doit plus rester chez lui, mais sortir et reprendre le travail dans le respect strict des mesures de prévention.

Le 11 mai dernier, en décidant de l'assouplissement de ces mesures avec notamment la réouverture des lieux de culte, des marchés et des écoles pour les classes d'examen, ainsi que l'autorisation des déplacements entre départements, l’autre décision majeure et immédiate devrait logiquement porter sur la levée des restrictions sur les déplacements entre régions, avec des mesures fortes adossées à des moyens colossaux pour éviter le transport du virus d’une localité à une autre. Mais sur ce point précis, l’Etat semble avoir  traîné les pieds et les populations, étouffées et laissées sur leur faim, ont fini par se faire entendre avec la manière forte. Et le cocktail explosif sera sans doute désamorcé par la sortie du Khalife général des mourides qui a appelé les jeunes à la retenue. D’où l’urgence pour l’Etat d’accuser réception du message émis par ces jeunes et surtout de décrypter la sortie du khalife de Touba.

Enfin, en enregistrant l’un des taux de décès les plus faibles liés au coronavirus, le Sénégal sort la tête hors de l’océan infecté dans lequel la Covid-19 a noyé des Etats puissants aujourd’hui presque à genoux au plan économique. Mais notre pays se débat et peine à respirer du fait d’une économie asphyxiée par des mesures restrictives dont la levée immédiate est devenue une demande sociale, une urgence capitale voire une nécessité de survie, dans le respect strict des gestes barrières et autres mesures de protection. Savoir décoder un message, c’est aussi être en mesure de désamorcer la bombe sociale qui guette le pays au risque de confirmer les théories alarmistes qui voudraient faire de la crise sanitaire du Covid-19 un levier pour déstabiliser nombre d'Etats à travers le monde, africains notamment.


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