C’est ce qu’ont montré les résultats issus d’une étude menée par le Centre de recherche en économie et finance appliquée de Thiès (Creaft) avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la population au Sénégal. En effet, l’institution de recherche a exploité les résultats de l’enquête de suivi de la pauvreté (Esps) de 2011 qui lui ont permis d’avoir des données sur le temps consacré aux activités de ménage, selon l’âge et le sexe.
Au total dix activités ont été retenues : nettoyage, blanchisserie, cuisine, soins aux enfants et aux personnes âgés, etc. L’enquête du Crefat montre que le travail domestique non rémunéré est principalement dominé par le fait de s’occuper des enfants et des personnes âgées (11 % du Pib), faire la cuisine (4,7 % du Pib), le shopping (4,3 % du Pib). Il contribue, de manière déterminante, au bien-être de toute la société, même si c’est à des degrés différents entre les hommes et les femmes.
Les hommes consomment plus de temps domestique
D’après l’auteur de l’étude, l’économiste Latif Dramani, la part des femmes dans le travail non rémunéré est supérieure à celle des hommes, ce qui montre un effet de spécialisation explicite de la division du travail dans la société. Selon lui. Les hommes consomment plus de temps domestique et en produisent moins que les femmes. La consommation du temps de travail domestique est plus importante entre zéro et 15 ans avec un pic très marqué entre zéro et deux ans.
Les estimations montrent également qu’entre zéro et cinq ans, les garçons et les filles consomment en moyenne jusqu’à six heures de temps domestique par jour. Pour M. Dramani, cette enquête permet, à terme, d’entrer dans le détail de l’analyse des effets des différentes politiques publiques qui devraient concourir à consolider, stabiliser ou infléchir les équilibres et arbitrages au sein des familles quant à la place et le rôle respectifs des hommes et des femmes tant en offre de travail domestique ou non domestique.
De son côté, Andréa Wojnar Diagne, représentante du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) au Sénégal, relève que le Pib ne capture pas certaines dimensions importantes du développement dans les politiques économiques. Elle souligne que les décideurs reconnaissent les limites des indicateurs du Pib. « Le temps est venu de dépasser une vision qui réduit le développement à la croissances économique seule », estime Mme Diagne.
Elle plaide pour une intégration des indicateurs de progrès réels qui peuvent mesurer une croissance partagée, soutenue et qui traduisent une meilleure qualité de vie. Pour mesurer la contribution des femmes à la création de la richesse nationale, les experts ont utilisé la méthodologie « Comptage du travail des femmes » qui donne la possibilité de produire et de publier des indicateurs de développement spécifiques au genre au niveau national intégrant les mesures de l’activité économique du marché et au niveau domestique par âge.
Instaurer une société d’égalité
A en croire l’auteur de l’étude, les résultats obtenus sur la participation des femmes à la création de richesses sont en adéquation avec l’objectif stratégique du Plan Sénégal émergent qui consiste à autonomiser et à promouvoir la femme et la jeune fille en intégrant le genre dans les politiques publiques. En comparaison, les présents résultats de l’étude du Crefat montrent que le travail domestique est évalué à environ 28,3 du Pib en 2011.
Cette part, qui est plus importante que celle du secteur primaire (15,5 % du Pib) ou du secteur secondaire (23,3 %), cache une forte disparité. En effet, la part du travail domestique des femmes est évaluée à 19 % du Pib et celle des hommes est de 9,2 % en 2011. Cette enquête, estime l’économiste Latif Dramani, devrait orienter les décideurs dans leur quête quotidienne d’instaurer une société d’égalité et de justice permettant aussi bien aux hommes et aux femmes, de développer pleinement toutes leurs capacité d’influencer les processus et décisions.
Eclairage sur le travail domestique
En l’absence d’une norme internationale régulant le travail domestique, il n’existe pas de définition universellement acceptée de ce type de tâche, précise l’étude. Elle définit les « gens de maison » comme des salariés travaillant dans un ménage privé, sous toute méthode et période de rémunération, qui peut être employé par un ou plusieurs employeurs qui ne reçoivent pas de gain pécuniaire grâce à ce travail. Dans cette définition découle un certain nombre de caractéristiques du travail domestique, notamment : le lieu de travail est une maison privée ; les tâches réalisées sont par nature domestiques, comme nettoyer, cuisiner, faire la lessive… Pour ce qui est du travail non rémunéré, il correspond à la production, par les membres de la famille, de biens et services non commercialisés sur le marché. Une partie du travail non rémunéré, comme la cuisine, le jardinage ou le ménage, est destiné à la consommation propre de la famille. Les produits du travail non rémunéré peuvent également être consommés par des tiers (exemple cuisiner pour des amis).
Abdou DIAW
1 Commentaires
Cn
En Mars, 2015 (18:59 PM)Participer à la Discussion