TABASKI-Kolda : les frais de scolarité passent avant le mouton

Les dépenses pour la rentrée scolaire de cette semaine semblent avoir beaucoup pesé sur les bourses des ménages de la commune de Kolda (sud), à un point tel que de nombre de chefs de ménage disent avoir du mal à faire face aux dépenses indispensables pour passer une bonne fête de l’Aïd-el-kébir, la fête musulmane communément, appelée Tabaski, qui sera célébrée mardi et mercredi au Sénégal.Ils faisaient légion, les chefs de famille qui revenaient bredouilles des foirails, dimanche. 

Les moutons convoités étaient hors de portée pour la plupart des bourses. De nombreux acteurs potentiels de moutons restent par conséquent accrochés à l’idée d’une baisse des prix, inévitable espèrent-ils à l’approche de la Tabaski. "Cette année, les choses sont très difficiles. Les ménages doivent faire face en même temps à de grandes charges liées à la rentrée des classes et à la fête de la Tabaski", confie Ramatoulaye, une mère de famille interrogée par le correspondant de l’APS. 

 "D’ailleurs, ajoute-t-elle, nous sommes ici au foirail depuis 8h et jusqu’à présent, nous n’arrivons pas à avoir de mouton. Tout est cher. Les prix ne sont pas à la portée des ménages pauvres." Un point de vue partagé par Sékou, un émigré de retour au bercail pour les besoins de la fête de l’Aïd-el-kébir. "Je confirme ce que cette mère de famille vient de dire et je partage entièrement ce point de vue", déclare ce chef de famille avec de nombreuses personnes à sa charge. 

"Moi, je reviens depuis au bercail chaque année pour passer la Tabaski en famille, mais le constat que je fais cette année, c’est que les moutons sont plus chers" que d’habitude, dit-il avant de désigner un bélier : "Imaginez ce mouton qu’on me propose pour un prix compris entre 80.000 et 95.000 FCFA, si je dois l’acheter, je ferais face à de sérieux problèmes, puisque chaque année, je dois payer une dizaine de moutons pour la grande famille que je gère depuis des années". 

Des clients dans la même situation que Sékou mettent en cause les intermédiaires et laissent entendre que le rôle joué par ces ‘’Teffankés’’, comme on les appelle, déteint négativement sur les transactions de ce marché ici représenté par des bêtes convoyées depuis des pays limitrophes. Ils chercheraient surtout à se faire des plus-values intéressantes en imposant des prix hors de portée du grand nombre. Les prix proposés doivent certes tenir compte du transport, des taxes et autres tracasseries notées sur les routes, reconnaissent l’essentiel des acheteurs, mais bon nombre de Koldois les jugent exagérés. 

Ils n’ont de fait d’autre choix que de rebrousser chemin, les mains vides, en attendant de voir les risques de mévente amener les vendeurs à baisser les prix. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, chauffeurs, apprentis et rabatteurs pour leur part se frottent les mains, tant la gare routière se trouve assaillie par des voyageurs en partance pour leurs localités d’origine partout à travers le Sénégal. De bonnes fêtes en famille valent tous les sacrifices. Résultat de courses, une animation peu commune règne depuis quelques jours à la gare routière de Kolda où les voyageurs accourent dans une ambiance qui se veut un avant-goût de l’Aïd-el-kébir, 

la grande fête musulmane célébrée avec faste et réjouissance par les musulmans de tous les pays. Malgré la forte canicule, les ambulants ont investi les alentours de la gare routière plonge dans une ambiance de carnaval amplifiée par la présence de matériels de sonorisation distillant de la musique par le biais de hauts parleurs, dans l’espoir d’attirer davantage de clients. La même ambiance festive prévaut dans les ateliers de couture et de coiffure qui également ne désemplissent pas, en dépit d’une conjoncture économique et sociale jugée peu favorable pour les ménages de la capitale du Fouladou.