La Cour d’assises de Kaolack, siégeant vendredi à Tambacounda, a condamné à deux ans de prison, Bineta Sow, peine qu’elle a déjà purgée et Ibrahima Bayo, à cinq ans de travaux forcés assortie de 2 millions d’amende, pour détention et trafic de chanvre indien.Le troisième accusé, qui n’a pas été retrouvé, Abdoulaye Barry, a été condamné par contumace à 20 ans de travaux forcés. La cour a infligé en outre aux trois accusés une amende solidaire de 2 millions de francs CFA.Le 29 mai 2008, sur la base d’une information reçue et faisant état de l’existence d’un trafic de chanvre indien, des policiers ont fait une descente chez Bineta Sow à Touba Fall (13 kilomètres de Tambacounda).
Ils ont trouvé deux cornets de chanvre indien et un plant de ce produit.Interrogée, elle indique que c’est un travailleur saisonnier de son mari qui lui avait laissé cette herbe pour éponger une dette qu’il lui devait. Bineta Sow, la quarantaine environ, avait ajouté qu’elle avait un second fournisseur du nom d’Ibrahima Bayo, avant de conduire les policiers à son domicile.Là-bas, ils ont trouvé 128 cornets de chanvre indien. Ibrahima Bayo a, à son tour, indiqué aux policiers le lieu de résidence de son principal fournisseur, Abdoulaye Barry. La perquisition effectuée chez ce dernier n’a pu permettre de mettre la main sur lui. En lieu et place, ils ont trouvé des pièces d’identification, mais aucune preuve attestant de la présence de la drogue recherchée.Devant la barre, Bineta Sow dit avoir acheté quatre cornets à Ibrahima Sow moyennant 1000 francs, précisant que ce dernier ne les lui a pas remis main à main, mais par l’intermédiaire d’une tierce personne.
Bayo indique pour sa part que c’était la première fois qu’il vendait du chanvre indien et qu’il a été contraint de s’adonner à cette activité, du fait de la maladie de sa mère atteinte de paralysie.’’J’étais tellement ruiné que ce sont mes deux épouses qui allaient faire des activités pour subvenir aux besoins de la famille’’, a-t-il dit, notant qu’étant fils unique sans frère pour l’aider, il ne pouvait plus cultiver les champs. ‘’Chaque 30 minutes je devais soulever ma mère’’, a-t-il raconté.Me Ciré Clédor Ly a invité la Cour à produire les scellés de la drogue saisie sur sa cliente, ainsi que le procès verbal du test attestant de la nature du produit en question.
Mais il s’est vu répondre par le président de la cour que les scellés ont été incinérés et que le document réclamé n’existait pas.Ce qui l’a conduit à demander son acquittement pur et simple. ’’Il était impossible, avait-il dit, de condamner Bineta Sow en l’absence de preuve, et sur la base simplement de déclarations d’un coaccusé, dans la mesure où cette dernière affirmait ne pas être sûre que ce qu’elle vendait, était en réalité du chanvre ou du haschich’’.Elle avait juste cru ses fournisseurs sur parole, précisant d’ailleurs que le ‘’yamba’’ dont il est question dans la loi sénégalaise, n’est pas réprimé par la Convention internationale de 1961. Pour lui, le groupe de réflexion à l’origine de la classification des drogues a induit en erreur le législateur sénégalais.
’’Il existe différentes variétés et le chanvre indien fumé au Sénégal n’est pas la substance visée par les conventions internationales’’, a-t-il relevé.’’C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle fait l’objet de publicité à la télé, sur les radios, les voitures en Hollande, sans que ce pays signataire des conventions internationales ne coure aucun risque’’, a argumenté Me Ly, d’après qui, ’’le cannabis n’est pas cité dans les tableaux code du pénal où sont citées les substances visées par la convention’’.Cette affirmation a provoqué un duel à fleurs mouchetés entre Me Ciré Ly et l’avocat général, le premier relisant le code qu’il a en main, disant douter de la qualité des lunettes de l’avocat défenseur et l’accusant de faire de l’ ‘’archéologie judiciaire’’ en lieu et place du droit.
Il assimile la longue plaidoirie de Me Ly à un ‘’mauvais gruyère où il y a plus de trous que de fromage’’.Revenant à la charge, Ciré Clédor Ly tenant aussi son exemplaire du code, réplique pour maintenir ses propos et rassurer qu’il a de ‘’bonnes lunettes’’. Il indique d’ailleurs que depuis 15 ans, il a eu à défendre des positions et que le législateur a fini par le rejoindre, comme ce fut le cas concernant l’escroquerie sur les services. Il promet que ce sera aussi le cas avec le chanvre ‘’n’en déplaise à l’avocat général’’.L’autre avocat de Bineta Sow, Me Aliou Weber, a noté que même si la détention chanvre est constante, rien ne prouve qu’elle ait reçu un seul franc de sa vente.Il a attiré l’attention du président de la Cour sur le fait qu’elle est mère de cinq enfants, son mari ne travaillant plus. ‘’Imaginez le désarroi de cette famille depuis trois ans’’.
Me Weber a demandé une ‘’peine moins sévère et plus douce que celle requise par l’avocat général’’ si la cour estime qu’elle est coupable.L’avocat général Serigne Bassirou Guèye a battu en brèche les demandes de circonstances atténuantes concernant Bayo, notant que dans ce procès ‘’on a trop tiré sur la fibre sentimentale’’. Il a repris à son compte cette citation d’un juge qui dit que ‘’rien ne nuit plus à la société que la pitié du juge devant le crime’’.Pour Bineta Sow, il a demandé à la cour de lui accorder les faveurs prévues par l’article 114 du Code des drogues au profit de toute personne qui, avant arrestation, aide à arrêter un trafiquant, à savoir une réduction de moitié de la peine. Il a ainsi requis cinq ans de travaux forcés contre la dame.
Quant à l’avocat de Bayo, Elhadj Malick Diouf, il a demandé à la cour, vu que la quantité saisie chez lui ‘’n’est pas trop importante’’, de requalifier le chef de trafic intérieur reproché à son client en cession et offre. Il a aussi demandé qu’on lui fasse profiter des dispositions de l’article 114, à savoir la réduction de moitié de la peine, s’il est jugé coupable, dans la mesure où il a aidé à la ‘’manifestation de la vérité’’.Cela même si Abdoulaye Barry n’a pu être arrêté.
Me Diouf a aussi demandé des circonstances atténuantes en faveur d’Ibrahima Bayo qui est polygame, père de quatre enfants et sa mère est paralysée.La cour a reconnu Bayo coupable de détention et trafic de drogue et l’a condamné à 5 ans de travaux forcés ainsi que 2 millions d’amende. Concernant Binta Sow, les faits qui lui ont été reprochés ont été disqualifiés et requalifiés en offre et cession de drogue. Elle a écopé de deux ans, ferme. Elle est libre, puisqu’elle était en prison depuis trois ans.Par contumace, la cour a condamné Abdoulaye Barry à 20 ans de travaux forcés. Une amende solidaire de 2 millions a été infligée aux trois coaccusés.
9 Commentaires
Le Patriote
En Juillet, 2011 (09:47 AM)Justice Pour Pauvre
En Juillet, 2011 (10:04 AM)Juge
En Juillet, 2011 (10:22 AM)Pds
En Juillet, 2011 (10:39 AM)2 Poids... 2 Mesures
En Juillet, 2011 (10:45 AM)Justice pourrie.. à l'image du pays.. pourri !
A quand le procès de Karim pour ses détournements lors de l'anoci/oci ??
Pourriture, tout n'est que pourriture au Sénégal !
Dja
En Juillet, 2011 (17:23 PM)Echnaton
En Juillet, 2011 (20:07 PM)Balde
En Juillet, 2011 (22:30 PM)Gadaye
En Juillet, 2011 (11:59 AM)Participer à la Discussion