La démarche toujours esthétique, trahissant le footballeur doué qu’il a été, Amadou Diop dit «Boy Bandit» n’a pas beaucoup changé. Hormis le poids des âges qui marque un peu le visage de l’ancien capitaine des Lions, dans les années 80, l’ancien joueur est resté le même. Surtout, il est resté dans son milieu. Celui du football ! Mais ce personnage emblématique du Sénégal du foot n’en est pas moins amer au regard du chemin tortueux qu’à emprunté notre football depuis quelques temps. Mais chez «Boy Bandit» le constat est sans appel, notre sport roi est aujourd’hui dirigé par de simples opportunistes qui n’ont rien à faire là où ils sont.
C’est au terrain de l’école nationale de police que nous avons retrouvé hier l’ancien international et capitaine des Lions des années 80, Amadou Diop, « Boy Bandit », venu suivre des tests qu’un agent de joueur avait organisé entre des jeunes du Jaraaf et une autre sélection. A la question de savoir qu’est devenu l’ancien milieu de terrain des Lions et du Jaraaf au toucher de balle si magique, « Boy Bandit », répond presque naturellement. « Je suis resté dans mon milieu, celui du football. Je suis coordonnateur du Jaraaf. Dans le même temps, je suis dans le circuit des transferts en tant qu’agent de joueurs ». Mais aujourd’hui le regard de Amadou Diop sur notre football a comme changé. Cela, non pas parce que la qualité s’est dégradée, mais parce que « la gestion est mauvaise », accuse « Boy Bandit ». Précisant sa pensée, l’ex gaucher magique des Lions s’est dit « révolté par l’absence d’une politique claire dans la gestion du football Sénégalais ». En effet, estime-t-il, une bonne gestion du football voudrait que ce sport soit mieux pris en charge et organisé à la base. Or, ce qui se passe n’est ni plus ni moins que du tâtonnement ». Revenant sur l’élimination des cadets au début du mois par la Tunisie, Amadou Diop a déploré que les poulains de Gaucher aient été « éliminés bêtement ». Mais c’est juste après pour avouer que l’on avait rien fait pour que les cadets se qualifient. Des jeunes qui n’ont pas un championnat régulier et qui se regroupent au maximum un mois avant les compétitions n’ont aucune chance de résultats, se désole, « Boy Bandit ». Et l’ancien capitaine des Lions n’y va pas par quatre chemins, « le drame de notre football c’est la fédération qui n’a aucune vision claire et prospective pour le développement de ce sport ». Amadou s’étonne : « aujourd’hui, nous avons des dirigeants qui, il y a dix ans étaient inconnus sur l’échiquier footballistique du Sénégal. Cela veut dire tout simplement qu’ils n’ont aucun vécu, ni en tant que joueur, ni en tant que dirigeant ». Toutes choses qui le confortent dans sa conviction. « C’est malheureux, mais il faut le dire, actuellement notre football est dirigé par des opportunistes qui n’ont rien faire là où ils sont ». Mieux, Amadou Diop pense que, « il urge de changer cette élite dirigeante qui a montré ses limites ». Interpellé sur le différend entre cette fédération et le ministère qui n’a pas fini de prendre notre football en otage, « Boy Bandit », juge que, « cela est tout à fait contraire à l’image du Sénégal qui est un pays de dialogue ». Mais, pense Amadou Diop, « si on refuse le dialogue, c’est parce qu’on a un intérêt personnel inavoué que l’on veut préserver à tout prix ». Quoi qu’il en soit, « Boy Bandit », estime que « le déplacement de Zurich n’avait pas lieu d’être, dans la mesure où ils sont allés accepter en Suisse ce qu’ils avaient refusé ici, c’est-à-dire le dialogue et la concession. » Il s’agit donc de sauver le football, et pour cela, il pense que notre sport doit « revenir à ses vrais acteurs et que les clubs soient mieux structurés ». Aussi, faudra-t-il impérativement changer le mode de gestion et mener une politique qui prenne en compte toutes les composantes du football.
Sur les récentes sorties des Lions et leurs chances de qualification pour la prochaine Can, l’ancien capitaine des Lions pense qu’elles sont réelles. « La défaite va nous aider à avoir peur, à faire baisser l’euphorie pour éviter les mauvaises surprises comme contre le Togo ». Revendiquant le retour du football aux footballeurs, « Boy Bandit » s’est félicité de l’arrivée de son ancien coéquipier, en équipe nationale, Lamine Ndiaye comme adjoint de Henri Kasperczak et du retour de Jules François Bocandé dans le staff technique. « C’est un léger mieux. Je crois qu’il faut donner le football à ceux qui l’ont pratiqué », a conclu « Boy Bandit » qui s’est dit prêt à mettre son expertise au service du développement du football Sénégalais.
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