En difficultés contre les lourds : Modou Lô vaincra-t-il le signe indien face à Eumeu Sène ?

Depuis 2010, date de son premier revers dans l’arène, Modou Lô traverse des moments de doute.  Face à Eumeu Sène, ce vendredi, il devra gagner pour rassurer des supporters exigeants et de plus en plus gagnés par le doute. Et espérer un combat revanche contre Balla Gaye 2, son ancien tombeur.

Quand le promoteur de la Petite Côte, Luc Nicolaï cooptait Modou Lô dans son Championnat de lutte avec frappe (Claf) 2007-2008, ils étaient rares les observateurs qui le voyaient remporter cette prestigieuse compétition. Avec un palmarès à l’époque presque vierge, le coéquipier de Khadim Gadiaga, qui peinait à sortir de l’anonymat, était très loin des sérieux prétendants au sacre. Les pronostics penchaient pour la plupart au profit des autres lutteurs qui partageaient avec lui la même poule, en l’occurrence Paul Maurice, le « populaire », Papa Sow, le « puma de Fass », et Boy Kairé, le chef de file des « bérets verts ».  Ces trois athlètes qui l’ont devancé dans la lutte, avaient fini de se forger une solide réputation de grands lutteurs. C’est dire si la surprise a été de taille quand l’anonyme poulain de Bassirou Babou s’adjugea le trophée, au nez et à la barbe des favoris. Et c’était moins le titre en soi que les nombreuses qualités dont le Parcellois avait fait montre lors de ce tournoi, qui avaient forcé l’admiration des puristes. 

Face à ses expérimentés adversaires, il avait lutté sans complexe, faisant preuve d’un courage sans faille, de savoir-faire et de beaucoup d’aptitudes à la bagarre. Autant de qualités qui avaient fini de convaincre les observateurs sur son gros potentiel de champion. Requinqué par ce début fulgurant, le chef de file de l’écurie Rock énergie enchaînait avec 2 autres succès contre Balla Diouf et Issa Pouye, le « caïman de Thiaroye ». 

Toutefois, depuis cette victoire signée face au « Caïman de Thiaroye » en 2009, Modou Lô fait face à un passage à vide. En fait, le lutteur le plus célèbre des Parcelles assainies traverse des moments de doute. Ses performances lors de ces quatre dernières saisons sont dans l’ensemble très moyennes. En effet, sur ses dernières 4 confrontations, le coéquipier de Baye Peul n’a enregistré que 2 succès, laborieux et douteux (contre Baye Mandione et Gris Bordeaux aux points). Les deux autres affiches, elles, se sont soldées par un piètre nul devant Lac de Guiers 2, le « puncheur du Walo » et une cinglante défaite au profit de Balla Gaye 2, son rival de toujours.

Vaincre pour regagner la confiance des supporters

La machine à gagner qu’il était au début est-elle grippée ? C’en a, en tout cas, tout l’air. Et ses nombreux supporters ont de plus en plus du mal à cacher leurs inquiétudes. Ironie du sort, « son pire ennemi », Balla Gaye 2, lui, a fini de s’installer confortablement sur le trône de l’arène, suite à son succès contre Yékini en 2012. Ce vendredi, le chouchou des Parcellois devra donc à tout prix se racheter ; seule manière pour rassurer des supporters qui commencent à perdre le moral. Pour un lutteur qui peine à se tirer d’affaire chaque fois qu’il affronte des « gros bras », ce face-à-face est parti pour être une véritable gageure. Surtout qu’il affrontera l’un des lutteurs les plus complets ; ce qui n’est pas pour arranger les choses. 

Champion d’Afrique à 17 ans, le leader de l’écurie « Tay Shinger » est un athlète très expérimenté qui allie avec aise bagarre et lutte pure et dure. En outre, depuis 2009, date de son retour fulgurant dans l’arène, il n’a plus perdu une affiche. Ce qui rend encore plus compliqué le pari de Modou Lô de gagner enfin cette confrontation, quatre ans après sa dernière véritable sortie victorieuse (contre Issa Pouye). De toute façon, il n’aura pas le choix ; seul un succès contre Eumeu Sène pourra le relancer dans la course vers le trône. Tout autre résultat hypothéquerait davantage ses chances de combler vite le retard qui le sépare de son ancien tombeur et actuel roi des arènes, Balla Gaye 2. Et pire, une défaite ou même un nul, le placerait sous la menace des Malick Niang et autre Sa Thiès qui montent en puissance ; le genre de scénario qu’il faudra à tout prix éviter. 

Rien n’est cependant encore joué et Modou Lô reste un adversaire à prendre au sérieux. En plus de ses qualités intrinsèques, l’envie de gagner pourrait le pousser à se surpasser et à prendre le dessus sur l’ex n°2 de la Génération « Boul Faalé ». Ce qui serait une excellente opération ; puisque cela relancerait l’intérêt d’un deuxième face-à-face entre lui et Balla Gaye 2 ; encore que ce dernier soutient depuis quelques temps qu’il ne luttera plus contre lui. En 2010, le « roi des arènes » l’avait battu sans coup férir. Depuis, le « rocker » n’a jamais caché sa volonté de laver cet affront. Eumeu Sène lui en donnera-t-il cette opportunité ? On saura, demain…

Un lutteur, deux visages

De 2006 à 2009, Modou Lô a été l’un des meilleurs lutteurs de l’arène avec une dizaine de victoires à son actif. La machine à engranger des succès qu’était le champion du Claf de 2007, semble néanmoins tombée en panne depuis 2010 ; date de sa dernière victoire controversée sur Baye Mandione. Tels sont les deux visages du sociétaire de Rock énergie.

Comme Balla Gaye 2, Modou Lô a connu une fulgurante ascension. En moins de 10 ans de présence dans l’arène, le chef de file de l’écurie Rock Energie a presque gravi tous les échelons au point de figurer actuellement parmi les ténors les plus en vue dans l’arène. La saga de l’enfant de Fandène a commencé en 2007-2008 avec sa participation au Championnat de lutte avec frappe (Claf) ; compétition qu’il avait remportée, presque à la surprise générale. Néanmoins, l’un des lutteurs les plus populaires du Sénégal peine à tirer son épingle chaque fois qu’il fait face à un ténor. 

Pour sa première véritable confrontation avec un « gros bras » en 2010, il perdait lamentablement contre Balla Gaye 2, l’actuel roi des arènes. En dépit de son courage qui n’est plus à démontrer et de ses talents avérés en lutte simple, le « rocker » en chef baissait facilement pavillon devant l’intenable puissance physique du « lion de Guédiawaye ». 

En juillet 2010, il scelle un retour gagnant dans l’arène, devant Baye Mandione, « le fou de Thiaroye Gueum sa bopp ». Mais la victoire fut douteuse et très controversée. Nombreux ont été ceux ayant accordé le gain du combat à Baye Mandione qui continue d’ailleurs de revendiquer la victoire. Les nombreux supporters qui s’attendaient à un retour fulgurant du Parcellois furent du coup déçus de sa prestation en demi-teinte. Mais le doute ne faisait que commencer pour Modou Lô. En effet, la saison suivante, à savoir, en 2011, il est tenu en échec par Lac de Guiers 2, le « puncheur du Walo ». Annoncé comme étant un duel de feu, le face-à-face entre les deux protagonistes se transforma en une véritable parodie de combat. Ils aboutirent, en effet, à un piètre nul au grand dam des inconditionnels de la lutte qui restèrent ainsi sur leur faim. 

Pour le lutteur des Parcelles assainies, l’histoire se répéta presque en 2012 à l’occasion de son combat contre Gris Bordeaux qui réussit à lui tenir tête, au terme d’une confrontation insipide. La victoire lui fut tout de même attribuée par l’arbitre qui estima que le sociétaire de Rock énergie avait initié plus d’attaques que le Fassois. Une fois de plus, les fans de Modou Lô restèrent sur leur faim. Leur champion a remporté le gain du combat certes ; mais il n’a pas convaincu ; loin s’en faut. 

Vaincra-t-il le signe indien face au leader de Tay Shinger, demain ? Il y a intérêt pour retrouver un prestige qu’il commence à perdre ; de même que la confiance de ses admirateurs qui a été mise à rude épreuve. Une chose est sûre, la tâche ne sera pas de tout de repos pour lui, son adversaire Eumeu Sène ayant battu à plate couture, son ancien bourreau, Balla Gaye 2.