Ceux qui ne le connaissent pas ont tous entendu parler de lui. Lui, c’est le Tigre de Fass, un des plus grands champions sinon le plus grand champion de lutte que l’arène sénégalaise ait jamais connu. En termes de popularité et de bravoure, Mbaye Guèye n’a pas d’égal. Il surpasse de loin tous ces lutteurs de la nouvelle génération qui drainent des foules immenses à chacune de leurs sorties. Le Tigre de Fass est un grand homme, un mythe à part entière. Sunu Lamb vous retrace sa carrière : de son premier combat en passant par le plus grand, de son pseudonyme de Tigre de Fass, de son combat le plus dur en terminant par son plus beau combat, voici le parcours exceptionnel d’un lutteur qui fait la fierté de l’écurie Fass et un modèle pour les jeunes lutteurs.
Mbaye Guèye est né le 15 janvier 1946 à Fass. Il n’a jamais fréquenté l’école française, sinon à bas âge. Il a plutôt fréquenté l’école arabe avec comme maître Oustaz Aline Ndiaye. En 1966 il est enrôlé dans l’armée puis libéré 18 mois plus tard avant d’embrasser pour de bon la lutte. Il écrira les plus belles pages de l’histoire de la lutte. Il restera le premier lutteur à toucher un cachet d’un million de FCFA contre Robert Diouf au stade Demba Diop à l’occasion d’un combat organisé par le Grand Serigne de Dakar de l’époque, Bassirou Diagne Marème Diop.
Premier combat
“Juste avant d’intégrer l’armée, j’ai disputé mon premier combat en 1965 contre Sambou Thiaré que je vais d’ailleurs battre aux Arènes Sénégalaises. Deux autres combats dont je suis sorti vainqueur suivront, face à Moussa Mbarodi et Cheikh Seck en cette même année 1965. Une année plus tard, je rentrai dans l’armée”, se souvient Mbaye Guèye.
Plus grand combat
Pour son plus grand combat à l’époque, Mbaye Guèye de se remémorer : “Mon plus grand combat, je l’ai disputé le 2 février 1969 contre Mouhamed Ndiaye dit Robert Diouf, au stade Iba Mar Diop devant un public venu très nombreux. Un combat qui restera jusqu’à nos jours mon plus beau souvenir de lutteur. À cette époque, Robert Diouf était considéré comme Tyson et tout le monde voulait le battre. Avant de l’affronter, j’avais battu Sa Ndiambour et Pape Kane et donc, je devais confirmer. Un combat où j’allai surprendre tout le monde en remportant la victoire. Au coup de sifflet, j’ai attaqué pour frapper Robert Diouf qui tomba alors K.O. Ce fut une grande victoire pour moi et tous mes fans. Je ne l’oublierai jamais”.
Naissance du Tigre de Fass
Le pseudonyme de Tigre de Fass accompagnera Mbaye Guèye pour l’éternité. Un nom qui lui colle à la peau et Mbaye Guèye se rappelle : “L’appellation “Tigre de Fass” est venue d’un journaliste du nom de Yamar Diop du quotidien Le Soleil. Lors de mon combat contre Sa Ndiambour, le 14 juillet 1968 aux Arènes Makhary Thiam. Ce fut un combat “ensanglanté” où Sa Ndiambour va faire voler en éclats mon arcade. Je saignais abondamment et l’arbitre voulut arrêter le combat. J’ai refusé catégoriquement. Il a dû alors laisser le combat se poursuivre malgré la douleur et le sang. Le combat a donc continué et j’ai obtenu la victoire. Tout le monde était ému. C’est ainsi que Yamar Diop m’a surnommé le lendemain, Mbaye Guèye, le Tigre de Fass. C’est venu comme ça et depuis lors, le nom de Tigre m’accompagne partout où je vais”.
Combat le plus dur
“Le combat le plus dur de ma carrière, je l’ai disputé en 1972 aux Arènes Robert Delmas contre Souleymane Diaw. Un combat que je n’oublierai jamais parce que Souleymane Diaw me frappait comme un fou. Il me donnait des coups de poing partout et je n’arrivais pas à le voir. C’est ce jour-là que j’ai su que les marabouts existaient. Il me frappait et je ne le voyais pas. C’était incroyable. À force de me frapper, Souleymane Diaw finit par tomber en transes (da fa doon daanou yeussi). L’arbitre était obligé d’interrompre le combat qui fut déclaré nul. Si cela avait été aujourd’hui, j’aurais remporté la victoire. Pour vous dire vrai, ce fut mon plus dur et chaud combat”, nous confie Mbaye Guèye.
Dernier combat
Pour le dernier combat du 1er Tigre de Fass, Mbaye Guèye de nous révéler : “J’ai disputé mon dernier combat contre Mouhamed Ali en 1987 que j’ai perdu. Mais avant ce combat, je m’étais retiré de la lutte parce que je n’étais plus motivé. Je n’avais qu’un seul adversaire en la personne de Manga 2. J’avais aussi au sein de mon écurie des lutteurs qui pouvaient prendre la relève tels que Moustapha Guèye, mon jeune frère, Toubabou Dior, Mor Nguer, Birahim Ndiaye. Mais au fil des années, j’ai senti que la relève n’était pas encore assurée et qu’il y avait des dissensions au sein de l’écurie Fass. C’est pourquoi je suis revenu dans l’arène où j’ai disputé trois combats victorieux avant d’affronter Mouhamed Ali pour mon dernier combat qui se solda par une défaite. Toute chose ayant une fin, je me suis retiré pour de bon en passant le témoin à Tapha Guèye”.
Plus beau combat
“Mon combat contre Moussa Diamé est le plus beau, parce que je devais relever un défi. Avant ce combat, je sortais d’une défaite contre Double Less en 1974. Par conséquent, je devais effacer cette cuisante défaite pour poursuivre ma route. C’est ainsi qu’on organisa mon combat contre Moussa Diamé en 1976 au stade Demba Diop. On m’avait payé 1.700.000 FCFA pour ce combat. Moussa Diamé pesait 132 kg ; moi, je pesais tout juste 95 kg. Beaucoup d’amateurs me donnaient perdant, mais j’y ai cru jusqu’au bout. C’est d’ailleurs pourquoi je m’entraînais durement en compagnie de Bill Sall, Mansour Dia et autres qui m’ont beaucoup aidé physiquement pour ce combat. Le jour de la confrontation arriva. Le stade Demba Diop était plein comme un œuf. Jamais de mémoire d’amateurs, le stade Demba Diop n’avait affiché autant de monde. Je me rappelle qu’au coup de sifflet de l’arbitre, face à un lourd comme Moussa Diamé, je n’ai pas attendu trop longtemps pour marcher sur lui. Je l’ai attaqué et lui ai donné un coup de tête. L’arbitre arrêta aussitôt le combat pour me dire qu’il était interdit de donner des coups de tête. Nouveau coup de sifflet , j’ai tout de suite attaqué Moussa Diamé pour le ceinturer ; j’ai ensuite enchaîné avec un caxaabal pour le terrasser. Tout fut très rapide dans ce combat. Le seul moyen d’arriver à bout de ce lourd, c’était la rapidité dans les mouvements d’exécution. C’est ce que j’ai fait pour remporter ma plus belle victoire. Je me rappelle, ce jour-là, l’explosion de joie dans le stade Demba Diop. Tout le Sénégal ne parlait que de cette victoire. C’est pourquoi je vous ai dit que mon plus beau combat fut contre Moussa Diamé en 1976”, conclut Mbaye Guèye sur sa longue et riche carrière.
Source : Sunu Lamb n°1813 via Arenebi.com
16 Commentaires
Tigre
En Janvier, 2012 (20:44 PM)IL ETAIT GENEREUX AUSSI QUAND IL VENAIT AU STADE DEMBA DIOP POUR REGARDER LES MATCH DE LA JA, IL NOUS (NOUS JEUNES QUI N'AVAIENT PAS DE BILLETS ET QUI AIRAIENT DEVANT LES GUICHETS DU STADE)PAYAIT LE BILLET D'ENTREE.
Door
En Janvier, 2012 (23:19 PM)Mara
En Février, 2012 (00:15 AM)merci
Paka
En Février, 2012 (06:23 AM)Un supporter de l'écurie Fass depuis la France.
Wa Lille
En Février, 2012 (14:35 PM)Encore bravo et merci pour toute la joie que tu as pu nous procurer dans notre enfance. Que dieu te donne longue vie et une très bonne santé
Feke Ma Ci Bole
En Février, 2012 (21:31 PM)Careca
En Février, 2012 (06:38 AM)Haidara
En Février, 2012 (12:47 PM)Vieux Seck
En Février, 2012 (15:20 PM)de contacter EL HADJI MANSOUR MBAYE
Il sera toujours mon idole et je lui souhaite longue vie
Youbi
En Février, 2012 (23:14 PM)Ma Ko Wax
En Février, 2012 (00:51 AM)Gt
En Février, 2012 (04:01 AM)Momla
En Février, 2012 (13:25 PM)Momla
En Février, 2012 (13:26 PM)Goorgui
En Février, 2012 (18:19 PM)Man
En Février, 2012 (00:56 AM)Participer à la Discussion