Le dernier réaménagement du gouvernement a une fois de plus montré la fragilité d un secteur parmi les plus importants de l économie du pays. Déjà quatre Ministres du Tourisme en trois ans.
Problème de leadership ou question d efficacité dans la mise en œuvre des politiques de développement touristique ?
Jadis parmi les fleurons du tourisme en Afrique subsaharienne, le Sénégal peine à afficher une bonne mine et se fait de plus en plus bousculer par d autres destinations aux politiques et stratégies plus efficaces.Le Sénégal qui affichait un potentiel considérable encore au début des années 2000 peine aujourd hui à atteindre la barre du million d arrivées de touristes internationaux.Le pays de la Téranga ne figure pas dans le Top 15 des pays africains les plus compétitifs dans le domaine du Tourisme selon le classement du Forum Economique Mondial (World Economic Forum/WEF) publié en Mai 2015.
De nombreux facteurs concomitants peuvent expliquer cette perte de vitesse continue.Le premier d entre eux est sans doute l absence d une politique volontariste et efficace pour booster
l industrie du tourisme (2ème source de devises pour l économie). En effet, le pays n a pas réalisé d innovations majeures dans la gestion de ce secteur depuis de nombreuses années. Or le tourisme est une industrie très évolutive avec de nouvelles données à prendre en compte particulièrement au niveau des tendances du marché.Par ailleurs, la politique de promotion de la destination est quasiment restée la même, c est à dire globale, peu diversifiée et toujours principalement dirigée vers les cibles historiques. Or depuis le début des années 2000, le marché a nettement évolué (nouvelles formes de tourisme, renouvellement de l offre, concurrence accrue, degrés d importance des aspects sécuritaires, nouveaux pays émetteurs etc.).Le manque de compétitivité de l industrie touristique sénégalaise peut également être lue à travers ce qu il est convenu d appeler la cherté de la destination . Malgré que le Sénégal bénéficie d une
position géographique avantageuse par rapport à de nombreux pays africains enclavés, son secteur aérien est resté très peu dynamique (ex : moyenne de 9000 vols/an contre plus de 55 000 vols/an pour le Maroc). A cela s ajoute un panier de taxes qui rendent la destination pour le moins onéreuse.A la suite de la cessation des activités de Air Sénégal International (créée sur la base d un partenariat entre l Etat du Sénégal et la Royal Air Maroc), une nouvelle compagnie nationale dénommée Sénégal Airlines est lancée. Mais celle-ci connait des difficultés avant même de prendre son envol effectif. Aujourd hui, les autorités tentent tant bien que mal de lui redonner un second souffle.
Pour amorcer la relance du secteur, des mesures encourageantes ont été récemment prises (suppression du visa, réduction de taxes d aéroport, avantages fiscaux etc.). Cependant, malgré cette nouvelle volonté politique, le Sénégal restera encore une destination peu compétitive face à ses voisins africains proches (Cap-Vert, Gambie) ou plus éloignés (Namibie, Maroc, Kenya etc.).D autres blocages structurels persistent et confortent cette situation morose :
- un dispositif d appui institutionnel peu opérationnel
- la création d organismes privés d accompagnement peu encouragée et quasi-inexistante
- un manque d expertise sectorielle dans l appui des porteurs de projets touristiques
- une législation souvent trop contraignante et donc peu favorable au développement de projets dans le micro-tourisme
- une faible synergie entre les acteurs locaux, Tours operators étrangers et grands hôtels installés dans le pays.
- une moindre prise en compte du caractère multidimensionnel du secteur touristique (faible accès des secteurs connexes à la chaine de valeur touristique).
Pour pallier ces difficultés, il conviendra de stimuler les opérateurs et les différentes parties prenantes directes et indirectes qui gravitent autour du secteur grâce à des politiques volontaristes et participatives.Trop rigide à l heure actuelle, le tourisme devra également être démocratisé par une réforme du cadre institutionnel pour enfin ouvrir des voies d accès aux entreprises locales et encourager les initiatives responsables porteuses de valeur ajoutée dans les différentes localités. Bien structuré, cela aura comme conséquence directe la valorisation des territoires, la consolidation des acquis, la création d emplois nouveaux et une meilleure répartition des retombées économiques et sociales générées.
A ce titre, l acte III de la décentralisation (réformes apportées au code des collectivités locales) aurait pu être plus audacieuse en consacrant la déconcentration du potentiel touristique du Sénégal comme c est le cas dans de nombreux autres pays bien classés dans le baromètre de l organisation Mondiale du Tourisme.
Le nouveau Plan Sénégal Émergent (vision et plan de développement à l horizon 2035) affiche un portefeuille de projets ambitieux pour le secteur touristique : aménagement de nouveaux sites, réhabilitation d aéroports régionaux, renforcement de la promotion etc. Cependant, l impact positif attendu de ces projets est conditionné par une mise en œuvre efficace. En outre, vu le caractère structurant des programmes concernés, les retombées réelles qui en seront issues ne pourront apparaitre que sur le long terme.
Sur la nouvelle loi accordant un statut fiscal spécial pour les entreprises touristiques installées en Casamance..
La loi votée à l Assemblé Nationale sonne comme une bouffée d oxygène pour les opérateurs touristiques de la région. Cette politique fiscale semble bien accueillie.
Cependant, elle ne sera efficace que si elle permet une vraie relance avec des impacts réels sur la vie des populations au delà des entreprises elles-mêmes. Par conséquent, les effets attendus de cette nouvelle politique ciblée sur la Casamance ne seront réels que si les opérateurs touristiques, Tours operators et grands hôtels acceptent de jouer le jeu (y compris les nouveaux investisseurs). En d autres termes, ces derniers seront appelés à partager les fruits des avantages accordés avec les populations locales, notamment par le renforcement et le maintien des emplois existants. Pour s assurer que les retombées locales attendues par cette loi ne manqueront pas ce rendez-vous, la priorité devra être donnée aux opérateurs économiques locaux notamment pour l ensemble des besoins des sites concernés. La facilitation de l accès à la chaîne de valeur touristique pour les artisans, commerçants et autres supports de l activité touristique locale devra également être organisée et garantie.
Pour réussir ce pari, différents mécanismes d accompagnement et de suivi devront être mis en place par l Etat. Une évaluation à mi-parcours sera nécessaire pour estimer l efficacité de cette
volonté de relance du secteur en Casamance et pour les reste du pays (indicateurs de suivi, outils de mesure d impacts, actions correctives si nécessaires).
Enfin, le tourisme en Casamance ne pourra être efficacement relancé que si l Etat mène un plaidoyer actif et surtout réussi pour convaincre les pays émetteurs. Il s agira de faire en sorte de sortir progressivement la région des zones déconseillées sauf raison impérative sur les sites dédiés aux conseils pour les voyageurs. Par exemple la France qui par le biais de son Ministère des Affaires Étrangères déconseille (sauf raison impérative) la quasi-totalité de la région naturelle de Casamance à l exception notamment de l axe Ziguinchor-Cap-Skiring-fleuve Casamance). Notons que les touristes français demeurent encore aujourd hui la première clientèle du Sénégal.Quoiqu il en soit, les choix du Sénégal en matière de politique internationale et de communication, y compris sur les aspects sécuritaires, seront déterminants pour maintenir l espoir suscité de la relance annoncée du secteur touristique dans le court terme.
ON EN PARLE
Adama Fall (apr) : "je Suis Le Premier Opposant Convoqué Par Le Régime De Diomaye Faye"
Politique
27 mars, 2024
Economie : Les Premiers Effets Positifs De L'élection De Bassirou Diomaye Faye
Politique
26 mars, 2024
Célébration De La Fête De L’indépendance : La Première Sortie De Bassirou Diomaye Faye
Politique
27 mars, 2024
[le Récap] Diplomatie, Réconciliation, Coût De La Vie : Ce Qu’il Faut Retenir Du Premier Discours Du Président élu, Bassirou Diomaye Faye
Politique
26 mars, 2024
22 Commentaires
Anonyme
En Juillet, 2015 (16:27 PM)Amath Sarr
En Juillet, 2015 (16:36 PM)Bravo Daouda Tall.
Deug!
En Juillet, 2015 (16:44 PM)Smd
En Juillet, 2015 (16:51 PM)Ouddh
En Juillet, 2015 (17:03 PM)Bamba Dione
En Juillet, 2015 (17:10 PM)Bob
En Juillet, 2015 (17:43 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (19:16 PM)Merci des solutions
Doc
En Juillet, 2015 (19:20 PM)Le Sénégal est à 640 euros de Paris au mois de juillet et août alors que le Maroc est à 320 euros voire moins sur certaines compagnies charter. Pour une famille de 3 à 4 personnes y'a pas photo. Pour la solution est vite trouvée. En plus les hôtels sont très chers au Sénégal. De plus en plus le Maroc nous prend le peu de touristes qui venaient au Sénégal car séjourner au Maroc est moins cher, culturellement plus intéressant et offre le gros avantage d être à 2h de paris.
Le secteur touristique sénégalais ne redémarrera pas tant que l effort ne portera pas sur la baisse du niveau de vie et des infrastructures touristiques.
Tout le reste est secondaire
Sow
En Juillet, 2015 (22:01 PM)Thanks fils and keep it hight
Cadre
En Juillet, 2015 (22:47 PM)Le ministère du tourisme est le maillon faible à tous les niveaux des éléments constitutifs du gouvernement. Développer le tourisme....il faut des actes concrets et point de bavardage. Les beaux discours ne serviront à rien NB combien y a t-ils de cadres dans ce domaine au Sénégal....suis dégoûté,?
Anonyme
En Juillet, 2015 (00:10 AM)Nino
En Juillet, 2015 (08:31 AM)Anonyme
En Juillet, 2015 (09:39 AM)Lol
En Juillet, 2015 (11:34 AM)Vous voulez developper le tourisme?
Pas de problème écoutez les demandes de vos clients.
1-Rendez les plages et le pays propre il s'agit de leur première demande
2-Arrêtez d'harceler les touristes pour leur soutirer de l'argent
3-Baisser les tarifs.
Ce n'est pas compliqué et à l'heure d'internet , des réseaux sociaux et des forums la promotion se fait toute seule.
Cela fait 15 ans que les touristes le demandent.....Rien n'a été fait et cela fait 15 ans que le nombre de touristes baisse.
Après soit on estime que le touriste est un c.n et on continue. soit on regarde la réalité en face et on s'adapte à la demande de la clientèle
Si les trois demandes prioritaires des touristes sont respectées alors le million de touristes sera envisageable.
Dans le cas contraire le Sénégal continura à se plaindre de la fuite des touriste
Depuis 15 ans le tourisme au Sénégal se cherche des excuses,
Smd
En Juillet, 2015 (12:18 PM)Mouhamed Faouzou Deme
En Juillet, 2015 (18:09 PM)Montre toi tu te caches ou ?
Ceci dit je te félicite et prie Allah que nos autorités puissent un jour nous écouter Cependant je voudrais ajouter a cette belle réflexion pour l'ASPT le ministère du tourisme un service externalisé de la partie COM qui prendra en charge tes volets suivant avec des obligations de résultats suivant un timing bien défini.
Il s'agit de l’ensemble des services d’un pôle communication externalisé : communication interne, externe et marketing opérationnel.
Création de Plans de communication - Médias Plannings ( Moyens Média et Hors Média)
Élaboration de Stratégies de communication - Story Telling Communication Promotionnelle au Lancement de nouveaux produits touristiques ou services avec le numérique. Actions de Marketing opérationnel - Street Marketing l'e- tourisme, le Web Marketing - Social Média Communication événementielle: Salons professionnels, Congrès, Team Building, Conférences, colloques, séminaires, festivals... Création de concepts socioculturels pour le tourisme interne , Festival pour enfants - ateliers éducatifs pour le tourisme scolaire, Ateliers culinaires pour les enfants.lancement d'un festival de sketch de théâtre et de cinémathèque en plein air Toutes ces actions manque dans la formulation de l'offre touristique et elles doivent être prise en compte par un service externe capables de donner des résultats immédiats
La Télémarketing et Gestion de forces de vente avec le secteur privé a travers les centres d'appels ou plateforme télémarketing
la Formation, la gestion de production, la gestion de la qualité et montée en compétences pour les professionnels Voila autant d'action concrètes selon une orientation ciblant performance efficacité et optimisation des charges
Voila mon cher cette petite contribution que je verse dans le panier des solutions a trouver
Mouhamed faouzou Deme
:
Modou
En Juillet, 2015 (10:02 AM)trés clair et trés pertinente sauf qu'au senegal on ne cherche pas vraiment a developper le tourisme mais plutot a faire de la politique
Anonyme
En Octobre, 2015 (17:26 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (15:25 PM)Anonyme
En Mai, 2017 (18:03 PM)Alex
En Octobre, 2019 (13:30 PM)Participer à la Discussion