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VIDEO. Syrie: Pourquoi L'invitation A L'Iran Pour Genève 2 A Suscité Tant De Remous

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VIDEO. Syrie: Pourquoi L'invitation A L'Iran Pour Genève 2 A Suscité Tant De Remous


L'invitation adressée in extremis à l'Iran, dimanche soir, par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à la table des négociations de paix de Genève 2 du 22 janvier sur la Syrie a failli faire capoter cette conférence. L'opposition syrienne, qui avait beaucoup hésité avant d'accepter de se rendre sur les bords du lac Léman, avait annoncé lundi vouloir retirer sa participation à la conférence si cette invitation était maintenue. Les réactions d'une partie des autorités iraniennes, dans la journée de lundi, rejetant toutes "condition préalable" ont eu raison de la volonté de Ban Ki-moon. Le secrétaire général a finalement retiré, lundi soir, son invitation à l'Iran à participer mercredi à la session inaugurale de la conférence
Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite hostiles

Depuis les début des pourparlers préparatoires, les puissances occidentales s'opposaient à la participation de l'Iran, principal allié régional de Damas, tant qu'il n'aurait pas accepté le communiqué adopté à Genève le 30 juin 2012 [rebaptisé par les participants sous le nom Genève 1] appelant à un gouvernement de transition en Syrie. Or la porte-parole de la diplomatie Marzieh Afkham a fait savoir dans la matinée de lundi que "l'Iran participera à cette conférence sans condition préalable".

La présence de Téhéran était également rejetée par l'Arabie saoudite, qui faisait également de l'acceptation d'un gouvernement de transition par Téhéran une condition sine qua non. "N'ayant pas adopté publiquement une telle position, l'Iran se trouve disqualifié pour participer à la conférence" a déclaré un porte-parole officiel à Ryad. Même rejet de Washington: l'Iran doit soutenir "explicitement et publiquement" l'objectif d'un gouvernement de transition en Syrie pour être invité à la conférence de paix, affirmait lundi l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power.

Dans le camp opposé, la Russie, autre soutien du régime de Bachar el-Assad, considèrait que l'absence de l'Iran à la conférence- serait une "erreur impardonnable", selon les termes du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. 
Voix dissonantes à Téhéran

Ban Ki-moon avait pourtant expliqué avoir lancé cette invitation à l'issue de discussions intenses avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. "Le ministre Zarif et moi-même convenons que le but des négociations est d'établir, par consentement mutuel, un gouvernement de transition disposant de la plénitude du pouvoir exécutif", avait-il précisé. Mais les déclarations du président du Parlement iranien, le conservateur Ali Larijani et du général Massoud Jazayeri, l'adjoint du chef d'état-major des forces armées, rejetant toutes les "conditions préalables" dans l'après midi de lundi montrent une nouvelle fois qu'il existe des voix divergentes à Téhéran.

Pour les opposants syriens, en tout cas, pas question d'accepter à la table des négociations l'Iran qui est derrière l'engagement actif du Hezbollah libanais et de miliciens irakiens aux côtés des forces armées du régime. Pour autant, organiser ces négociations en excluant l'un des acteurs majeurs de cette crise, tandis que sont conviés des pays tels que l'Australie, la Grèce, le Luxembourg, le Mexique, ou la Corée du Sud, est pour le moins paradoxal. "En tant qu'acteur principal impliqué de prêt dans la tuerie en Syrie, l'Iran a toute sa place dans cette négociation", admet Salam Kawakibi, directeur adjoint à l'Arab Reform Initiative.

"Si l'Iran vient dans l'idée de trouver un compromis, sa présence est utile à l'évidence. Si Téhéran tient au contraire à défendre le régime jusqu'au bout, elle ne fait que consacrer sa main mise sur le pays", avance Peter Harling, analyste à l'International Crisis Group. Inutile d'attendre quoi que ce soit du gouvernement du président iranien "modéré" Hassan Rohani, estime de son côté Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po, spécialiste du Moyen-Orient: "Le président Rohani n'a aucune prise sur l'engagement massif des Gardiens de la révolution en Syrie, engagement géré par les partisans de son prédécesseur Ahmadinejad."

    Les responsables à Téhéran savent que la guerre en Syrie ne peut pas être gagnée militairement

Pourtant "les responsables à Téhéran savent que la guerre en Syrie ne peut pas être gagnée militairement", juge Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l'Iran. "Y compris les Gardiens de la révolution, et en particulier la force Al-Qods, directement impliquée dans le soutien au régime d'Assad. Ces derniers sont conscients que pour l'emporter militairement, il faudrait envoyer des dizaines de milliers d'hommes en plus sur le terrain", ajoute le chercheur. Cela, personne n'en veut en Iran. 
Quels liens entre négociations sur la Syrie et sur le nucléaire iranien?

On peut aussi s'interroger sur la concomitance des négociations sur la Syrie et sur le nucléaire iranien: Téhéran a gelé ce lundi une partie de ses activités nucléaires, en échange d'une levée partielle des sanctions qui frappent son économie, première étape vers la négociation d'un compromis global sur le programme controversé de Téhéran.

"Il n'y a pas de lien direct entre négociations sur le nucléaire et compromis en Syrie. En particulier, les Etats-Unis n'exigent rien de l'Iran au delà de la question technique du programme nucléaire, fait valoir Peter Harling. Il faudrait donc que l'Iran montre concrètement sa volonté de faire des concessions en Syrie, pour apaiser les tensions sectaires et normaliser les relations avec l'Arabie saoudite, par exemple. Mais une telle ouverture revient à prendre un énorme risque, puisqu'elle pourrait remettre en question l'influence iranienne en Syrie, au Liban, en Irak et au delà, sans nécessairement produire de dividendes."

Pour autant, bien que les deux négociations ne soient pas liées entre elles, "le président Hassan Rohani a besoin, pour avancer sur la question nucléaire, de changer l'image de l'Iran, souligne Bernard Hourcade; le rôle de l'Iran parrain d'un régime sanguinaire, l'image de l'ogre qui veut manger le Moyen-Orient, peuvent constituer un obstacle à l'accord sur le nucléaire. Téhéran se rend compte de la nécessité de mettre un terme à cette crise qui contamine toute la région, comme on le voit avec les derniers développements en Irak. La priorité de l'ayatollah Khamenei, autorité suprême à Téhéran, c'est la survie de la République islamique. L'alliance avec la Syrie, le contrôle sur le Hezbollah sont des données qui comptent pour l'Iran, mais ce sont des questions secondaires. Téhéran cherchera donc à encourager une solution négociée au plan régional. L'Iran va sans doute militer pour la formation d'un gouvernement de consensus. La question du maintien d'Assad ou pas à sa tête n'est pas fondamentale pour Téhéran". 

Reste qu'en Syrie, l'opposition n'est pas la seule à camper sur une ligne intransigeante. "D'un côté comme de l'autre, ceux qui profitent du conflit, et ceux qui ont commis les pires crimes, ont intérêt à le voir durer. À ce stade, conclut Peter Harling, les éléments clefs au sein du régime n'envisagent pas, eux non plus, une solution qui soit autre chose qu'une capitulation de l'adversaire".


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