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APPUI BUDGETAIRE - Point de vue de deux spécialistes : Le gouvernement ne veut pas d’un pool de bailleurs

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APPUI BUDGETAIRE - Point de vue de deux spécialistes : Le gouvernement ne veut pas d’un pool de bailleurs

La nouvelle donne de l’Aide publique au développement consiste en une orientation des deniers internationaux directement vers le budget des Etats, générant de fait une mutualisation des fonds mis à disposition par les bailleurs. Des questions sur lesquelles, Daniel Contel, conseiller économique à la Commission européenne, et Daniel Voizot du service de coopération de l’ambassade de France, s’expliquent.

«En termes d’aide publique au développement, on a réellement changé de cap. Aujourd’hui, les politiques en la matière mettent l’accent sur l’augmentation de la part de l’aide au développement, sous sa forme budgétaire.» Par cette phrase, Daniel Contel, conseiller économique à la délégation de la Commission européenne, met en avant la nouvelle stratégie qui oriente l’aide publique au développement depuis quelques temps.

«Cependant, c’est une tâche difficile, ajoute celui qui est aussi représentant du groupe des bailleurs s’occupant des questions de finance publiques et de l’appui budgétaire. Il s’agit de garder le cap.» En effet, même si les bailleurs affichent une certaine confiance en ce qui concerne la capacité du Sénégal à inscrire dans son budget, et même gérer directement l’Apd, certaines conditions sont requises pour que cela soit effectif.

«Il s’agit de donner plus de visibilité aux gouvernements bénéficiaires, explique Daniel Voizot, du service de coopération de l’ambassade de France. Il est nécessaire que ceux-ci puissent compter sur notre appui sur plusieurs années. Cependant, pour cela, il ne faut pas qu’un grain de sable vienne enrayer la mécanique.» Des coûts d’arrêts que redoutent les bailleurs et qui pourraient notamment être causé par des fautes de gestion nécessitant la commande d’audits et pouvant mener à une situation de «quasi mise sous tutelle de l’Etat». Des écueils face auxquels le Sénégal n’est pas à l’abri. «En ce qui concerne la réforme du budget notamment, nous devons faire face à des incohérences en ce qui concerne la formulation des besoins par exemple. De plus, nous ne sommes pas à l’abri de problèmes en termes de gouvernance.»

Les bailleurs aussi doivent faire face à des critiques. Un rapport provisoire, concernant les réformes budgétaires notamment, a mis en avant les carences observées chez les bailleurs, en ce qui concerne la mise à disposition des fonds nécessaires à la mise en place des mesures visant à la rénovation des finances publiques. De plus, comme le souligne Didier Fischer, consultant en charge de l’étude, «dans le cadre de cette réforme, il était entendu que les financeurs mettent en commun leurs ressources dans une seule cagnotte, afin de faciliter la tâche au bénéficiaire. Cependant, il apparaît que les bailleurs désirent encore planter leurs drapeaux sur telle ou telle action».

Une allégation que ne rejettent pas en bloc le représentant des pourvoyeurs d’Apd. «Il y a un déficit dans la mise à disposition du fond», constate M. Contel. Cependant, ce dernier assure que l’organisation des bailleurs de fonds au Sénégal va dans le sens d’une mise en commun des aides. «Cela est possible, assure-t-il. Cependant, c’est un travail difficile qui nécessite la coordination de beaucoup d’acteurs. Au Mozambique par exemple, les financeurs ont réussi à mettre en place un pool d’une quinzaine de bailleurs, qui vont dans le même sens. Et cela marche plutôt bien. Nous travaillons à faire en sorte qu’il en soit de même au Sénégal.»

La perspective d’un dépassement d’une situation de coopération bilatérale, qualifiée de «contre-productive» qui, pour Daniel Voizot, ne devrait pas être de nature à enthousiasmer l’Etat sénégalais. «Le gouvernement sénégalais est réticent à avoir en face de lui un front commun de bailleurs. En traitant avec chacun d’entre eux, il est plus facile pour lui d’en tirer le meilleur.» Une remarque à laquelle Daniel conte apporte sa touche. «Dans l’histoire de l’aide publique au développement, nous avons déjà vu un projet être financé deux fois.»

Cependant, les effets néfastes dus à la rencontre entre gouvernements et bailleurs de fond ne se limitent pas à cette volonté de maximisation de l’aide, dont peuvent parfois faire preuve certains bénéficiaires. «Nous sommes conscients, explique Daniel Contel, que notre présence est aussi génératrice d’effets pervers. Un grand nombre de cerveaux de l’administration ont été récupérés par les instances de financements internationales.» Une fuite qui, selon le représentant de la commission, s’explique par le niveau de salaire de la Fonction publique, dénonçant au passage «un niveau de rémunération qui fait qu’aujourd’hui, au Sénégal, l’on doive payer pour retirer un formulaire».

«Sur ces effets pervers, conclue M. Contel, il est bien évident que nous réfléchissons. Cependant avec tant d’acteurs et de paramètres en jeu, les changements sont difficiles.»

 



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