FARBA SENGHOR DANS LES NIAYES : « Il faut une structure pour gérer l’eau et l’électricité en milieu rural »

FORUM SUR L’EXPLOITATION DES NIAYES : Une agence pour gérer l’eau et l’électricité du monde rural

La fréquence des camions et des fourgons rencontrés sur la route de Sangalkam renseigne sur la nature des Niayes. Une épaisse bande de terre qui longe le littoral et s’étendant de Dakar à Saint-louis. Une zone caractérisée par son climat subcanarien avec une nappe d’eau peu profonde. Autant de facteurs propices au développement du maraîchage et de l’horticulture. C’est au cœur de cette zone, à Sangalkam, plus précisément, que le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et de la Sécurité alimentaire, Farba Senghor, a organisé, vendredi dernier, le forum sur l’exploitation des Niayes.

Dès son arrivée à la place publique de Sangalkam, le ministre Farba Senghor et sa délégation ont fait une visite de terrain avant de se consacrer au forum. Ainsi, le cap a été mis sur le site de la Fédération des producteurs maraîchers de la zone des Niayes (Fpmn). Une exploitation de six hectares entièrement plantée de poivrons et de maïs. Les plantes de poivrons, chargées de fruits, sont presque arrivées à terme. Des ouvriers, en combinaison bleue, cueillent deux caisses que le directeur du site, Ibrahima Mbengue, choisit de montrer au ministre. Sellé Mbengue, le technicien superviseur, annonce que le poivron sera entièrement vendu au Maroc. Quant au maïs, planté sous forme de haies pour délimiter en carrés le poivron, il n’est pas mûr. Le domaine qui vient d’être arrosé est parsemé de plusieurs bassins, de six puits et de deux châteaux d’eau. Au milieu, se dresse un vallon sec, jalonné de part et d’autre d’eucalyptus. Neuf ouvriers y travaillent de façon permanente. Ils y habitent aussi.

Après cette étape, le ministre et sa suite se sont rendus de l’autre côté de la route. Plus précisément au centre de conditionnement de fruits et légumes. Un monticule de planchers trône à droite de la porte d’entrée du magasin principal. Juste à côté, des ouvriers assemblent des caisses en bois destinées à l’emballage. Deux chambres froides d’une capacité de 500 tonnes occupent le tiers supérieur du magasin. De d’autre côté se trouvent les femmes journalières en train de trier les haricots versés sur des tables qu’elles rangent soigneusement dans des caissons d’une capacité de deux kilogrammes. Le ministre s’est ensuite rendu à Noflaye pour visiter un autre centre du genre.

Faut-il le rappeler, le forum sur l’exploitation des Niayes a eu pour cadre la Maison communautaire de Sangalkam. À l’occasion, les exploitants des 45 villages des Niayes ont tenu à être présents pour exprimer leurs doléances. Plus de 30 orateurs ont pris la parole pour décrire au ministre leurs réalités quotidiennes. Il s’agit de la menace sur le foncier rural suscitée par la forte urbanisation et l’avancée des dunes, des intrants en quantité, les difficultés de la petite agriculture familiale, l’inadaptation du matériel d’exhaure et d’irrigation. Les maraîchers ont aussi parlé de leurs inquiétudes liées à la présence de la mouche des fruits. À cet effet, ils ont plaidé pour le développement des infrastructures de stockage des fruits et légumes et des infrastructures routières afin de désenclaver certaines zones.

150 millions de Francs Cfa

Le point qui a été abordé par tous les orateurs demeure incontestablement l’eau. La plupart des maraîchers font recourt aux puits. 80 % parmi eux dépendent de l’eau de la Sde dont ils déplorent la cherté. Aussi, ils ont regretté l’arrêt des forages de Beer Thialane, de Thiaroye, entre autres, qui alimentaient les Niayes. Ainsi, ils ont proposé la réhabilitation des retenus d’eau de Banthiar, de Belvédère et la réfection du barrage de Sébi Ponty. De même que la réalisation d’une conduite d’eau brute devant desservir la bande des Niayes...

Le président de la communauté rurale de Sangalkam, tout comme le président de l’amicale des jeunes de Bambilor, a interpellé le ministre sur le titre foncier de 25 kilomètres carrés d’un ancien colon et général français. Ce domaine touchant une bonne partie de leur localité constitue, de son point de vue, un frein au développement de l’arrondissement.

Sur cette dernière question Farba Senghor a annoncé qu’il va défendre les revendications des maraîchers. Une prise de position qui a rassuré ces derniers. Pour ce qui est de l’eau, il a soutenu l’établissement d’un prix qui sera accepté par tous les paysans. Mieux, il a plaidé pour la mise sur pied d’une structure qui va désormais gérer l’eau et l’électricité du monde rural. Il a promis d’étudier avec ses techniciens la faisabilité dans les Niayes de bassins de rétention et de lacs artificiels.

Le ministre, qui est pour une utilisation efficiente de la terre, a rappelé la volonté du chef de l’État de donner un statut aux métiers de l’agriculture. C’est dans ce sens qu’il a annoncé la mise sur pied d’un système de protection sociale en faveur des paysans. Celui-là sera inspiré du modèle tunisien avec un moindre coût. Il va assurer en même temps le producteur et sa production. Aussi, le ministre a annoncé la mise en œuvre d un programme d’un montant de 150 millions de francs Cfa pour la constitution de capital semencier pour l’ensemble des cultures vivrières et maraîchères. Il a aussi exprimé sa volonté de doter le monde rural d’intrants suffisants avant le début de l’hivernage. En clair, pour Farba Senghor, il s’agit de faire de l’agriculture (et de l’élevage) le moteur du développement. Pour ce faire, il a opté pour le dialogue. Une nouvelle démarche saluée par Aliou Dia de Forces paysannes et Alé Lô de l’association des élus locaux