Une fillette du village de Diambéré, en milieu Soninké, est morte suite à l’opération d’une exciseuse du nom de Waïga Kanté.
Quelques mois seulement après les cérémonies de déclaration d'abandon de l'excision organisées par l'Ong Tostan à Saré Coli Salé et Maréwé, voilà que cette pratique vient à nouveau de causer des dégâts dans cette partie du Fouladou. Waïga Kanté, 85 ans, a encore exercé sur une toute petite fillette le vendredi 20 octobre. Victime d'hémorragie et d'infections, la pauvre fillette a succombé à sa blessure le samedi à la grande tristesse de sa famille et de tout le voisinage. Selon une source proche des autorités médicales «la fillette souffrait d'une anémie sévère entraînée par une longue perte de sang». Et la même source de poursuivre : «l'ablation du clitoris entraîne généralement des douleurs et des difficultés d'accouchement, ce qui constitue une violation flagrante des droits fondamentaux des enfants». Suffisant pour que les pandores de la brigade de Vélingara en soient informés et pour sitôt interpeller la vieille exciseuse Waïga Kanté et sa complice et les garder à vue dans les locaux de la Gendarmerie de Vélingara. Elles ont finalement été déférées pour «blessure et homicide volontaire», précise une source proche de la Gendarmerie.
Habitante du pays Soninké à cheval entre Vélingara et Bassé en Gambie, Waïga Kanté est l'une des plus anciennes exciseuses à ne pas encore casser et jeter son petit couteau. Et dire que dans ce même pays Soninké, autant les mariages précoces y sont monnaie courante, autant l'excision y est encore très pratiquée en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation et de dissuasion qui y sont régulièrement menées. Et, semble-t-il, la partie est loin d’être gagnée par les organisations de lutte contre l’excision. Ndiaga Kanté, le demi-frère de la vieille exciseuse, déclare : «même si ma sœur venait à mourir en prison, la pratique continuera car cela est du domaine de nos coutumes ancestrales». Et c'est cette volonté de vouloir s'ancrer et pérenniser coûte que coûte ces pratiques anciennes, qui justifierait la non-actualité de l'abandon de l'excision.
Pour leur part, des observateurs pensent que non seulement la sensibilisation doit être régulière, mais qu'elle doit être accompagnée des mesures dissuasives. Tout comme il faudrait fortement impliquer les élus locaux, les communicateurs traditionnels dans les actions de conscientisation. Mais d'ici là, l'arrestation de Waïga Kanté, elle, continue d'alimenter les débats dans le Fouladou.
3 Commentaires
Alinom Di Attihom
En Mars, 2013 (18:55 PM)Enracinement
En Mars, 2013 (21:44 PM)Auxjoolas
En Mars, 2013 (06:15 AM)Participer à la Discussion