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DOSSIER : STARS, ENFANTS DE STARS : Papa, j’ai de la musique dans le sang

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DOSSIER : STARS, ENFANTS DE STARS : Papa, j’ai de la musique dans le sang

Elles arrivent. Comme une nouvelle saison. Par intermittence. Les nouvelles stars de la musique sénégalaise, fille ou fils de star. Elles portent quelques fois des héritages à la fois lourds et précieux. Les plus connus sont Coumba Gawlo Seck, les Seck sisters, Sidy Samb, fils de la grande Diva Daro Mbaye et les enfants de Ouza. D’autres, moins connus, ont décidé de monter sur scène à la suite d’un parent pourtant réfractaire à toute aventure du rejeton dans la chanson. Papa, j’ai de la musique dans le sang.

Coumba Gawlo et les Seck sister’s sont aujourd’hui, l’exemple le plus connu d’une famille où l’on tient le micro de père en fils et de mère en fille. Sur les traces de sa mère Daaro Mbaye, Sidi Samb est monté sur la scène. De même que les enfants de Ouza. La musique dans le sang, ils ne peuvent échapper à la fatalité des harmonies et des belles mélodies. Les répétitions à la maison, les tonnes de décibel déversées dans l’oreille des enfants, le spectacle divin d’une cantatrice prise d’hystérie lyrique, tous ces transports en commun font naître d’incurables vocations. Oumou Sow, la célèbre danseuse des clips du Sénégal a attrapé le virus de l’art dans la cour même de sa maison. Belle, sophistiquée et très à l’aise, la nouvelle étoile de la musique sénégalaise que nous avons trouvée dans un appartement sobre, entourée de charmantes demoiselles, nous raconte son histoire avec le son, le spectacle et la lumière. « J’ai abandonné les études pour la musique. Pourtant, je n’étais pas une mauvaise élève. Au contraire, j’avais de bonnes notes en anglais. Mais j’avais une flamme à entretenir et un choix à faire. J’ai choisi la musique. J’en suis fière parce que je suis la digne héritière d’un artiste de talent. Mon père était un chef d’orchestre et il était très célèbre. On l’appelait Sow Sabor, son nom d’artiste. Mon tonton aussi était le premier danseur de Baba Maal. Je n’ai fait que suivre les pas de mon père. Chaque jour, les répétitions se faisaient chez nous. Ce qui m’a beaucoup influencé ». Pour Oumou, échapper à son destin de professionnels du spectacle aurait tenu du miracle. A l’école même, elle était sollicitée pour agrémenter la fête de l’ouverture du foyer socio-éducatif. « C’est un don et je ne pouvais pas échapper à mon héritage. Aujourd’hui, les temps ont changé. La chanson n’est pas un domaine exclusif pour un groupe quelconque. Je rencontre toutes sortes de problèmes avec ma famille maternelle. Ils sont encore très conservateurs. Ils disent que je suis une «Torodo» donc je ne dois pas chanter », explique-t-elle. Selon la célèbre danseuse, elle ne s’en sort pas mal. Grâce à ce qu’elle gagne, elle parvient à aider sa famille. « Aussi c’est une fierté pour moi de suivre les pas de mes parents », a-t-elle confié.

« Si mon père était vivant, il serait très fier de moi »

Ndèye Kassé, célèbre chanteuse à la voix d’or, fille de feu Ibra Kassé, collaborateur, promoteur et producteur des premières célébrités de la musique sénégalaise embouche la même trompette de la fatalité. « Je ne pouvais pas échapper à la musique», a-t-elle lancé. À l’en croire, son père avait tout mis en musique. «Tout a commencé à son retour de la France après des années d’émigration. À son retour, il a eu l’idée d’ouvrir un restaurant. Pour y mettre un peu d’ambiance, il avait installé du matériel musique et sélectionné des artistes pour en faire des stars. Il était un dénicheur de talents », a-t-elle expliqué. À l’en croire étant toute petite, au quatrième secondaire, elle poussait la chansonnette devant ses parents pour convaincre de son talent à la fois pur et brut. « Mon père ne voulait pas que j’arrête mes études. Bien qu’il appréciât mes chansons, il n’a jamais voulu me l’avouer. Il avait confié à ma mère que j’avais du talent. C’est après son décès en 1991 que j’ai commencé à chanter. Et il serait très fier de me voir chanter », a-t-elle confié. D’après elle, son père parti, sa mère joue les managers pour les enfants touchés par la grâce de la guitare. «Autrefois, faire de la musique était mal vu dans la société sénégalaise. Mais les temps ont changé, les gens sont conscients qu’on est là que pour gagner notre vie. Rien de plus », a-t-elle dit. C’est aussi une occasion saisie par la jeune et talentueuse chanteuse pour parler de ses relations avec les autres artistes. « Mon père était le collaborateur des artistes. Et je ne fais que suivre ses pas. J’entretiens de très bonnes relations avec les jeunes artistes de ma génération », martèle-t-elle. Selon Ndèye Kassé, son père artiste ne l’a pas influencé. « Je suis une passionnée de la musique. J’ai toujours aimé la musique américaine. On pourrait dire que c’est cela qui m’a surtout poussé à faire de la musique. Je ne souhaite pas que mes enfants suivent mes pas, c’est très dur de faire la musique. Je souhaite qu’ils continuent leurs études. Je dis bien je souhaite. Car on ne peut rien contre le destin », a-t-elle expliqué. Et son mari de manager d’ajouter, «ce n’est pas facile d’avoir des parents artistes et vouloir échapper au monde du spectacle. C’est un virus », a-t-il lancé.

ALPHA DIENG FILS DE DIOUGUA DIENG : «La musique, je l’ai dans le sang»

Né en 1972 à Rufisque, marié et père de deux enfants, Alpha Dieng est le fils aîné du grand chanteur NDiouga Dieng. Amoureux de la musique depuis l’adolescence, il n’a pas attendu que son père lui apprenne à se servir du micro. Il a forcé le destin. Déjà gamin, Alpha séchait les cours pour assister aux répétitions qui se tenaient dans leur maison familiale. Il n’avait pas l’approbation de son père pour faire de la musique, mais le virus était plus fort que l’autorité parentale.

Qui est alpha Dieng ?

Le jeune chanteur qui suit les traces de son papa.

Ah bon ?

Oui. Parce que qui connaît mon père me connaît. Je suis le fils aîné du grand chanteur NDiouga Dieng.

Etes-vous sur les traces de votre père ?

On peut dire cela. C’est un don qu’il m’a légué mais, avant ce don, je nourrissais un grand amour pour la musique. D’ailleurs, je savais chanter depuis l’adolescent.

Est-ce que l’environnement familial y est pour quelque chose ?

Mon père dirigeait un orchestre et les répétitions se tenaient à la maison. A chaque répétition, je séchais mes. C’est là que j’ai appris à chanter aussi bien que les artistes. Ce qui étonna plus d’un. Parce qu’à cette époque, je n’avais que 7 ans. J’ai même fait pleurer des gens. C’est vraiment émouvant d’entendre un gamin de 7 ans chanter.

Etes-vous allé loin dans votre cursus scolaire ?

J’étais brillant en classe, mais à cette époque, l’école ne me disait rien qui vaille. J’ai donc abandonné mes études au CM2.

Et vous n’aviez même pas été grondé ?

Si, mon père ne voulait même pas que je fasse de la musique à cet âge parce que j’étais trop jeune. C’est ce qui fait que pour m’éloigner de la concession familiale, il m’a inscrit à Saint Louis dans une école coranique. Et je ne suis rentré qu’en 1990. Lorsque je suis revenu à la maison, j’ai replongé encore dans la musique et mon père m’a encore inscrit dans une autre école coranique à Rufisque pour que je termine mes études. Et ce n’est qu’en 1997 que j’ai terminé. Et aussitôt, j’ai repris la musique.

Est-ce qu’il vous est arrivé d’intégrer une école pour vous perfectionner ?

La musique, je l’ai apprise aussi. Et j’ose dire que pour faire de la musique, il n’a pas fallu que j’aille dans une école, mon père seulement me suffisait comme maître. Certes, il voulait que je fasse mes études, mais il savait aussi que j’avais la voix pour chanter. Et que tôt ou tard j’allais chanter. C’est ce qu’il a su. Il savait que j’avais un don. C’est pourquoi, il m’a laissé après suivre ma voie. Avec lui, j’ai appris beaucoup de choses. Aujourd’hui, si j’arrive à réaliser des cassettes, c’est grâce à lui.

Donc la chanson, vous l’avez dans les veines ?

Oui on peut dire ça. Parce que mon père et ma mère sont de grands chanteurs. Ce qui fait le charme, c’est que j’évolue dans une famille où tout le monde chante. Même si les autres ne sont pas sur scène, ils détiennent des voix d’or. La musique, c’est dans notre sang. Et je suis fier, de faire partie de cette famille et d’être formé par mon père. En dehors de cette formation, il est mon propre producteur. La musique, c’est difficile, il faut l’aimer vraiment et avoir une certaine patience pour pouvoir réussir. C’est cet amour qui m’a aidé à aller de l’avant et c’est lorsque j’ai vraiment insisté que j’ai su que j’avais le don.

Dans votre famille, tout le monde chante. Comment vous l’expliquez ?

C’est le destin. Pour les autres membres de la famille, je peux dire que la chanson est dans leur sang. Ils ne le pratiquent pas, mais, dès que quelqu’un lève la voix, tu découvres un talent caché. Malheureusement, à part moi et notre cadet que j’initie, personne d’autre ne pratique. Mais le fait d’avoir un parent chanteur te facilite bien la tâche, car en cas de besoin, il ne manque jamais de te conseiller. Et avec un parent chanteur, chanter devient chose facile.

ADAMA SADIO SOCIOLOGUE : La société participe de manière considérable au modelage et au façonnage de l’individu »

« Le milieu détermine l’individu » Adama Sadio sociologue ne fera qu’appuyer cette assertion. D’après lui, le phénomène de stars, fils de stars n’est ni le hasard, ni le fruit du hasard. Ce sont des graines de stars semées, asticotés et pouponnées sous l’ombre revigorant de parents artistes. Selon lui la relation d’un parent à un autre n’est pas seulement biologique, mais elle est aussi comportementale « l’individu n’est pas un électron libre dans la société, la société participe à sa formation».

Pour le sociologue Adama Sadio, le phénomène de stars, fils de stars n’est pas le fruit d’un hasard. Il s’explique par la combinaison de deux facteurs à savoir les déterminants sociaux et la logique d’action individuelle. L’explication dominante est celle, relative aux déterminants sociaux. D’après lui, l’explication d’un phénomène social doit toujours être recherché dans l’articulation de trois niveaux d’analyses à savoir les doutes socio, les représentations collectives et les pratiques sociales mais pas dans la conscience individuelle. « L’individu n’est pas un électron libre dans la société. La société participe d’une manière considérable au façonnage, au modelage de la conscience et de la personnalité de l’individu ». Comme le dit le proverbe Wolof « kou sanggou si guëth di ngua guénn ak mbéékh ». En somme, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Selon toujours lui, « il est important de comprendre que certaines artistes qui ont des parents artistes deviennent aussi des artistes. Exemple : Coumba Gawlo Seck et des Seck sister’s, la famille de Bob Marley etc... Par ailleurs, ce constat n’est pas seulement valable au niveau des artistes, on le retrouve également dans d’autres catégories socio-professionnelles par exemple : la lutte. Beaucoup de lutteurs ont comme parents des anciennes gloires, ou bien, ils ont grandi dans un cadre où la lutte est fortement pratiquée. Prenez le cas de Balla Gaye n°2 fils de Double Less ancienne gloire, l’exemple de jules Baldé, fils de Falaye Baldé. Tyson même si son père n’était pas un lutteur, il a grandi entre Fass et Pikine et qui connaît ses quartiers sait pertinemment que ce sont des lieux où la lutte est fortement exercée. Seule l’exception confirme la règle. Car la personnalité de l’individu est fortement solidaire au contexte socio culturelle. Donc la relation d’un parent à un autre c’est dire d’un frère à son petit frère, cette relation n’est pas seulement biologique, elle est aussi comportementale ».



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