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ÉLÉCTIONS AMERICAINES : Barack Obama vu par une Sénégalaise

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ÉLÉCTIONS AMERICAINES : Barack Obama vu par une Sénégalaise

PRESIDENTIELLE AMERICAINE : Jour J -9 

Questions à Amy Fall, spécialiste en Communication internationale, créatrice du groupe World for Obama : ” Son élection pourrait faire retentir une nouvelle idéologie qui se résume à un seul mot : ensemble ”

A quelques jours de la présidentielle américaine, nous avons voulu mesurer l’impact que le mouvement Obama suscitait auprès de la jeunesse. A cette occasion, nous avons sollicité les impressions d’Amy Fall, une citoyenne sénégalaise qui a eu l’avantage de suivre l’avancée de cette campagne entre trois villes : Paris, New York et Dakar. Après avoir rencontré Barack Obama en mars 2007 lors d’une conférence privée à l’hôtel Sheraton de New York, où s’étaient également rendus d’autres candidats des primaires démocrates, elle écrit sur le site officiel d’Obama : « Aujourd’hui, j’ai vu s’incarner la nouvelle Amérique ». Inspirée, elle décide de s’engager dans ce mouvement dans la limite du possible. « Je ne peux pas encore voter, mais je suis capable de mener un effort de conscientisation », a-t-elle dit. Déterminée à se faire entendre, Amy fonde le groupe World for Obama (Citoyens du monde pour Obama) sur le site social Facebook et réussit à attirer des supporters à travers le monde. Sur la première page, vous lirez « l’élection de Barack Obama n’affectera pas seulement les Etats-Unis, mais le monde entier ». Spécialiste en Communication internationale, elle crée son propre blog sur le site officiel du candidat Démocrate et publie des articles jusqu’à se faire entendre par le « New York Times », qui salue son cri en faveur d’une « nouvelle Amérique », en lui dédiant le commentaire du jour dans une issue du mois d’octobre 2008. Nous l’avons rencontrée pour lui poser des questions sur la portée de son soutien pour Barack Obama et recueillir son point de vue sur l’actualité de la campagne présidentielle.

Aujourd’hui les sondages révèlent une certaine « Obamania ». Obama est en tête de tous les sondages. En France, où vous vivez en ce moment, il obtiendrait 63% des voix ! Certains y verraient une « fourberie ». Les Français auraient-ils vraiment élu Barack Obama président de la France ?

Est-ce que la France élirait un candidat issu d’une minorité à la Présidence ? Je vous répondrai : possible ! Après tout, qui eut cru il y a tout juste deux ans qu’un jeune sénateur de père Kenyan devancerait aussi largement dans les sondages John McCain, héros de guerre, issu d’une des plus nobles familles militaires américaines et riche d’une carrière politique de 30 ans ? Vous savez, je voudrais insister sur un fait : l’Amérique n’est pas allée à la quête de Barack Obama, c’est Barack Obama qui s’est présenté à elle avec une proposition convaincante et audacieuse. N’eut été le système des primaires américaines qui permet à qui le souhaite de se lancer dans les élections, le monde n’aurait peut-être jamais autant savouré les fruits d’une démocratie saine. De ce point de vue, j’espère que son élection inspirera d’autres pays à réformer leurs systèmes politiques pour permettre à d’autres citoyens, comme Obama, de saisir les opportunités qu’offre la démocratie.

Est-ce que vous le soutenez parce que c’est un candidat noir ?

Je pense que sa couleur de peau est une infime partie de ce qu’il représente véritablement. J’avais la chance de résider aux Etats Unis au moment du lancement de sa campagne. Et je dois dire que l’attention de la majorité du peuple était focalisée sur sa promesse de changement. J’ai su dès le début et surtout après l’avoir écouté et avoir lu son autobiographie, qu’il possédait les qualités intrinsèques pour devenir commandant en chef de l’armée américaine. Dans un monde aussi secoué, il est fondamental que celui qui se retrouve à la tête des Etats-Unis ait la capacité de diriger et de réformer. J’étais tellement préoccupée par la situation au Darfour, la guerre en Irak, en Afghanistan, le recul de l’économie, entre autre, qu’il était hors de question que mon soutien émane d’un élan émotionnel. Vous savez, Thurgood Marshall, le premier homme noir à diriger la Cour suprême des Etats-Unis sous la présidence de Lyndon Johnson, avait émis une réflexion qui m’a profondément marquée. A l’époque, on lui demandait s’il espérait voir un Noir lui succéder et là, il a répondu : « J’ose espérer qu’on ne nomine pas un Noir pour les mauvaises raisons. Mon père me disait toujours qu’il n’y a aucune différence entre un serpent blanc et un serpent noir. Tous les deux savent mordre ».

Naturellement, ce serait merveilleux d’avoir un président noir aux Etats-Unis ; ça relancerait le débat racial au sein d’autres institutions politiques mais surtout, ce serait une victoire pour les Blancs et Noirs qui ont combattu ensemble durant le mouvement civil en faveur d’une société équitable.

Revenons sur votre première rencontre avec Barack Obama. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Vous savez, je pense que c’était aussi significatif pour moi que ça l’était pour Bill Clinton de rencontrer John F. Kennedy dans ses années étudiantes. A l’écouter parler, on voit tout ce qui est possible et surtout, tout ce qui est saisissable dans la vie. Ce n’est pas quelqu’un qui était prédestiné à devenir président, d’un point de vue conventionnel. Ceci étant, son audace l’a poussé à se lancer dans ces élections et se démarquer de l’image prototype d’un politicien. Son discours rend hommage à l’Amérique. Et soutenir Obama, c’est soutenir l’Amérique.

Revenons sur le choix de son vice-président. Étiez-vous convaincue de son choix dès le début ?

Joe Biden était assurément un très bon choix mais comment associer un homme ayant siégé 30 ans au Sénat à une promesse de changement ? Grâce à une stratégie pointue, l’équipe de campagne d’Obama a réussi à mettre en avant le caractère réformateur du parcours politique de Biden. Joe Biden a permis de rallier les centristes et d’autres catégories socioprofessionnelles qui persistaient en vain à voir Barack Obama tel un candidat inexpérimenté, en les rassurant qu’en cas de crise, il aurait la bonne personne à ses côtés. Hillary et Bill Clinton ont salué ce choix et présenté Joe Biden comme un expert national en relations internationales. Grâce à son fameux « Violence against women act », une législation criminalisant la violence à l’encontre des femmes, Joe Biden a aussi contribué à maintenir l’électorat féminin malgré la présence du gouverneur Sarah Palin sur le ticket Républicain. Et le fait que Barack ait pris ce risque tactique traduit un sens inné du patriotisme, que le parti Démocrate a salué en lui apportant plus de 91% de son soutien.

Qu’est-ce qui vous a vraiment convaincu qu’il était capable de devenir président ?

Au-delà du choix de son vice-président qui a démontré sa générosité intellectuelle, je dirai son style nouveau de leadership. D’un point de vue stratégique, je saluerai la consistance de son message de changement qu’il a su entretenir pendant 20 longs mois de campagne et qui, à mon avis, traduit une intègre conviction. Vous savez, en tant que spécialiste en Communication, je peux vous dire que c’était un pari très risqué surtout en période de crise mondiale, face à des candidats dont l’expérience peut sembler plus rassurant.

Sa perspicacité est étonnante ! Regardez par exemple comme il s’est opposé à la guerre en Irak. Il n’avait aucune raison de le faire, vu que la majorité du pays y était favorable et pourtant il a tenu à manifester publiquement son opinion sur le fait que Saddam Hussein ne constituait pas un risque éminent et que l’accent devait être porté sur la guerre en Afghanistan.

Sa capacité à inspirer et à unir les gens est remarquable. Pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, une campagne aura été intégralement financée par des contributions directes du peuple. Les petites donations qui avaient été minimisées par d’autres, qui ont préféré miser sur les lobbyistes, lui ont permis de récolter plus d’un demi-milliard de dollars.

Jamais, une campagne n’aura mobilisé autant de volontaires. J’étais si émue d’apprendre que Barack avait inspiré deux femmes de 106 ans à voter pour la première fois de leur vie. Une sœur prénommée Cécilia, qui réside dans un couvent à Rome et une autre dame, Ann Cooper, celle-ci Afro-américaine, qui n’a jamais cru que ce moment arriverait.

A Los Angeles, deux jumelles, cette fois âgées de 86 ans, votent aussi pour la première fois. C’est si fascinant de voir ce que les gens peuvent faire quand ils croient ensemble en quelque chose. Cependant, ce qui m’aura convaincue par-dessus tout, reste sa prescription d’une politique pragmatique sociale à la crise financière.

Récemment, Colin Powell a déclaré qu’il allait voter pour Barack Obama. Comment mesurez-vous ce soutien ?

Vous savez, ceux qui connaissent un peu la philosophie de Colin Powell s’y attendaient. C’est un homme qui a été déçu par le parti Républicain. Il a expliqué son soutien à Obama à travers un réquisitoire sévère contre son parti qui tend à basculer vers une extrême droite en incitant à la division. Pour le parti Démocrate, cette prise de position permet d’éliminer l’argument du manque d’expérience d’Obama parce qu’après tout, Colin Powell reste une figure emblématique aux Etats Unis. Il a surtout déploré le choix du gouverneur Sarah Palin qui, selon lui, n’a pas l’expérience requise pour être président ainsi que la réponse de McCain face à la crise économique. Mais vous savez, la petite-fille du président Eisenhower a abandonné le parti Républicain pour soutenir Barack Obama ; le fils du Président Reagan, Ron Reagan, a clairement indiqué qu’il serait plus rassuré de voir Barack Obama gérer une crise que McCain qui lui a semblé pour le moins « frénétique. » Une liste grandissante de conservateurs Républicains est à présent derrière le sénateur Obama et tout ceci ajoute au « momentum »

Quelle leçon pensez-vous que le Sénégal, ou l’Afrique en général, puisse tirer de ces élections ?

J’espère que cette campagne va servir d’illustration quant au poids de la démocratie et la densité du dialogue civil. Vous savez, cette campagne a été captivante dès le début mais tout s’est fait à travers des mots. Il n’y a rien de plus puissant que des mots. Et celle à qui je voudrais vraiment rendre hommage c’est Hillary Clinton qui, malgré sa défaite lors des primaires, s’est ralliée sans réserve à la candidature de Barack Obama. Elle a été tellement constante dans son soutien qu’Obama a pu réduire certaines disparités dans les sondages. Donc je tiens à saluer ce fair-play en espérant qu’il puisse inspirer d’autres sociétés à travers le monde. L’Amérique a montré que ce qui devrait être la préoccupation, aussi bien des électeurs que de leurs candidats, c’est la cause du pays. Et cette convergence vers des idées plutôt que vers des personnes a prévalu.

Vous prédisez une victoire de Barack Obama ?

Je l’espère très sincèrement parce que ça va engendrer un changement positif dans le monde entier ; une meilleure vision du rôle de gouvernement et de ses responsabilités. Son élection pourrait faire retentir une nouvelle idéologie qui peut se résumer par ce seul mot : ensemble ».



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