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Politique

AMATH DANSOKHO LEADER DU PIT A FRATERNITE MATIN : "Wade a une haine pour Gbagbo et la Côte d’Ivoire"

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AMATH DANSOKHO LEADER DU PIT A FRATERNITE MATIN : "Wade a une haine pour Gbagbo et la Côte d’Ivoire"

Dans ce second jet de l’interview qu’il a accordée au quotidien ivoirien, Fraternité matin, le leader du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) revient sur les 300 milliards que Diouf aurait laissés dans les caisses de l’Etat au moment de son départ du pouvoir en 2000, sur les 400 milliards récemment évoqués dans la presse et qui ont valu à Dansokho un procès. Il évoque aussi le blanchiment de l’argent issus des braquages de Korogho et de Bouaké. Selon Dansokho, le juge a d’ailleurs prononcé le non-lieu sur cette dernière affaire. Le prix Félix Houphouët-Boigny pour la paix, obtenu par Me Wade est aussi au menu de cet entretien, comme les relations personnelles entre les présidents Gbagbo et Wade.


Pour réagir à la prolongation du mandat des députés, Bathily a offert sa démission de l’Assemblée nationale. Que peut-on attendre du reste de l’opposition ?

Au niveau de la CPA (Coordination pour l’alternative), on avait décidé le jeudi 22 juin que cette question soit laissée à l’appréciation de chaque parti, parce que l’unité ce n’est pas l’unanimité. Il y a des partis qui veulent que l’opposition reste, d’autres que l’opposition sorte. Mais en définitive, personne ne sort. Ce sont les leaders qui sont sortis de l’Assemblée nationale jusqu’à présent. Et ils sont immédiatement remplacés par des suppléants. Bathily et Niasse sont partis, mais leurs députés restent. Au niveau de mon parti, on a pour le moment décidé de rester. Mais le 14 juillet après les réunions du bureau politique et du comité central, nous arrêterons une position définitive.

Vous avez évoqué l’affaire Idrissa Seck, mais vous aussi, vous avez été épinglé. Vous avez été interpellé au sortir d’une conférence de presse. Que vous reprochait-on ?

Une note de la Banque centrale établissait qu’il y a eu un transfert de fonds de 400 milliards et principalement vers les pays du Golfe. C’est une information parue dans un hebdomadaire sénégalais, Le Nouvel Horizon ; mais, personne n’y avait prêté attention. Nous avons, dans notre conférence de presse, évoqué cela et moi-même depuis 2002, je soulève inlassablement le problème de la manne financière que Abdou Diouf lui a laissé en héritage. Wade a trouvé en dépôt dans le trésor public sénégalais près de 300 milliards de francs CFA. Lui- même en a porté témoignage lors de sa première visite en France. Dès qu’il a débarqué, il a dit aux Français : les caisses sont pleines au Sénégal, je ne suis pas venu vous demander de l’argent. Moi, je ne vous demande qu’une chose, donnez-moi des armes pour briser les reins aux rebelles en Casamance. Cela a fait un tollé car qu’est-ce que 300 milliards pour un Etat ? Ce n’est rien du tout. Wade reconnaît l’existence de cet argent et cela a été consigné dans les actes qui ont sanctionné la passation de charges entre Diouf, le président sortant, et Wade, le nouveau président. Cet argent du Trésor est l’argent public. Wade n’a donc pas le droit de l’utiliser sans une loi rectificative de finances. Or, aucune loi rectificative de finances n’a été votée à propos de cet argent. Il l’a dépensé sans qu’il y ait une seule trace dans le budget, c’est une violation de la loi de finances et de la constitution. Toutefois, que je lui ai écrit pour se justifier, ses services ne m’ont jamais répondu. Quand un membre de notre bureau politique a animé la conférence de presse, j’étais présent et j’ai répondu aux accusations contre l’opposition et au procès d’intention contre le Président Gbagbo qu’il soupçonnait de vouloir le déstabiliser avec le soutien de son opposition. Mais bien avant, j’avais animé une conférence publique à Paris au mois d’avril où je m’étais prononcé à nouveau sur la question des 300 milliards, mais aussi sur l’histoire des fonds issus de la casse des agences de la BCEAO de Bouaké et de Korhogo

Et qu’en avez-vous dit ?

J’ai demandé au gouvernement de nous donner des explications sur les gros transferts d’argent dans les pays du Golfe avec lesquels nous n’avons pas de relations économiques. Pas un seul litre de pétrole qu’utilise le Sénégal ne vient de ces pays, encore moins le riz, les deux choses que nous importons essentiellement. Si le peuple n’a pas droit à des explicitations, je considère que s’il y a des transferts réguliers, il y a aussi des transferts d’argent sale. Je dis que Wade a fait de Dakar une plaque tournante de l’argent sale, que l’argent de Bouaké a été blanchi à Dakar. C’est dans ces conditions qu’ils ont intenté un procès, d’abord, contre un membre de notre bureau politique qui a prononcé une conférence et qui a parlé de 400 milliards. Moi, j’en ai pas parlé. Ils ont fait un amalgame. Ils ont envoyé chez moi la police me chercher alors que j’étais à Paris. A mon retour, début avril, la division des investigations criminelles est venue à la maison pour me convoquer à 14 heures à la police. A la police, j’ai maintenu ce que j’avais dit sur les 300 milliards de Diouf laissés au trésor public sénégalais. D’ailleurs, l’ancien ministre des Finances a écrit un ouvrage à ce sujet. Wade n’a jamais répondu et il a même soutenu qu’il ne lira jamais cet ouvrage. L’ancien ministre des fiances révèle ce que le gouvernement Diouf a laissé dans les caisses. J’ai subi un interrogatoire de 7 heures, mais sans jamais me déjuger et montrer des signes de fébrilité. Je croyais en avoir fini. Mais voilà que le lendemain, la police vient à nouveau me convoquer pour un autre interrogatoire dans ses locaux. Je lui ai opposé un refus catégorique. J’ai menacé de ne partir avec la police que dans sa voiture sinon je ne bougerais pas d’un pouce. Ça été l’émeute à Dakar : je suis un symbole au Sénégal. Toute la population a crié son indignation. Youssou N’dour et bien d’autres personnalités des différentes couches de la société sénégalaise ont occupé la rue, pour protester contre la tentative de mon arrestation. Cette population a constitué une ceinture de sécurité et un bouclier humain devant ma résidence. C’est une raclée pour Wade.

Et pourtant, il vous a fallu des avocats et même ivoiriens pour plaider enfin votre innocence et votre liberté.

Pour ne pas perdre doublement la face, le politique a utilisé la justice qui a usé de la citation directe. Et ils ont monté ensuite en épingle ces accusations relatives à l’argent volé de Bouaké. Je ne me suis pas dédit. Car les rebelles sont à Dakar, y ont des habitations, des affaires et le blanchiment de l’argent se fait tranquillement. On blanchit 1 milliard contre 500 millions. Et pendant le procès, on m’a demandé d’apporter les preuves sur la question du transfert de 400 milliards vers les pays du Golfe. J’ai relevé que je continuais de faire des investigations pour débusquer les prédateurs de l’économie et leurs complices. Concernant les fonds de Bouaké, j’ai eu une chance extraordinaire car tout le monde sait à Dakar que le pouvoir était de connivence avec les rebelles et leurs complices. L’avocat a alors sorti un arrêt de la cour de Dakar qui établit que plus d’1 milliard a été blanchi, que le détenteur de ce milliard a été identifié et qu’il était en rapport avec des éléments de la Présidence. On ne m’a pas jugé pour ce grief, mais plutôt pour avoir refusé d’aller à nouveau à la police. Cela m’a valu le verdict de deux mois d’emprisonnement avec sursis. Car dans le cas des fonds de Bouaké, il y a eu un non-lieu.

Une autre affaire a agité l’opinion sénégalaise et internationale : c’est cette invitation mystérieuse adressée à l’opposition sénégalaise pour la cérémonie officielle de la remise du prix Félix Houphouet-Boigny au Président Wade à Paris au mois de mai.

C’est une forfaiture. Je ne sais comment l’Unesco a pu s’embarquer dans cette aventure. Tout ce que je sais, c’est que Abdoulaye Wade a un ministre spécial pour lui collecter des prix dans le monde entier. Il y avait même un chiffre arrêté pour l’année 2005-2006. J’ai beaucoup de respect pour le jury du prix Félix Houphouet-Boigny. Comment peut-on dire une seconde que Abdoulaye Wade est un homme de paix ? Il a ensanglanté les rues de Dakar, avec ses groupes de voyous. Notre première crise a porté sur cela. En 1989, nous nous sommes séparés car il s’appuyait de tout temps sur des voyous pour porter atteinte à l’ordre public et s’attaquer aux biens de la population, au commerce et aux équipements de l’Etat. Des assassins patentés de son entourage ont été arrêtés, c’est connu. Dans l’affaire Me Seye, son implication est établie de façon lumineuse par le livre de Latif Coulibaly, et pour toutes les affaires qui ont suivi, il en est le cerveau. L’attaque de la bourse du travail où des hommes et des femmes ont été brûlés. Ses sbires ont été identifiés et arrêtés et Wade a continué à les soutenir. Talla Sylla, ils ont failli le tuer ; c’est la gendarmerie elle-même dont il est le chef suprême qui a établit la relation que ce sont les hommes du Président Wade.

Mais au niveau de la diplomatie, on ne peut oublier sa médiation comme président de la CEDEAO et le cessez-le-feu obtenu à Bouaké, puis dans la crise en Guinée-Bissau ?

Au plan extérieur, on ne peut non plus dire qu’il est un homme de paix. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, comment a-t-il appliqué la résolution et qu’est-ce qu’il a appliqué dans la résolution du premier sommet d’Accra ? Il a fait une intermédiation, il a manipulé la résolution pour couvrir l’agression de la France contre la Côte d’Ivoire. Il n’a jamais voulu de Gbagbo. J’ai discuté de cette question plusieurs fois avec lui avant qu’il vienne au pouvoir puis en conseil des ministres. Il a une haine pour Gbagbo et une haine pour la Côte d’Ivoire. Il a une haine pour la Côte d’Ivoire. Pourquoi ? Parce que c’est un petit type, un despote il est jaloux. Et il pense qu’il est le président de l’Afrique, qu’il est venu et que tout le monde doit se mettre à ses pieds. Il sait tout, il peut tout et il contient mal sa haine contre la Côte d’Ivoire. Le fait que Dieu ait donné à la Côte d’Ivoire ce qu’il lui a donné, que ses dirigeants aient pu travailler pour lui donner un rayonnement certain dans la sous-région, en Afrique et dans le monde, c’est ce qui le gêne. Il veut que la Côte d’Ivoire, soit rangée au même niveau que les autres. Voilà son idée. J’ai même eu une discussion avec lui au sujet de la Bourse des valeurs d’Abidjan. Il m’a dit : jamais je n’aurais accepté cela, ce serait à Dakar. Mais, nous avons la banque centrale à Dakar, pourquoi la Bourse serait-elle aussi domiciliée à Dakar ? Je ne comprends pas qu’il soit dans une communauté où les chefs d’Etat sont élus comme lui et qu’il veuille avoir tout le monde à ses pieds. Je trouve cela inadmissible. Il n’ y a pas un seul chef d’Etat qu’il n’a pas insulté ou avec qui il n’a pas croisé le fer. A l’exception du roi du Maroc et je m’interroge jusqu’à ce jour si ce ne sont pas les affaires qui le lient au Maroc. Même il s’est brouillé avec ceux qu’il appelait prétendument ses amis. Avec Kufuor, il s’en est fallu de peu pour en venir aux mains. Mais la Côte d’Ivoire, c’est une haine qu’il a contre ce pays qui abrite des millions de Sénégalais. Et ce n’est rien du tout, sinon de la jalousie. Pour lui, Abidjan aurait pu être à Dakar et Dakar à Abidjan. C’est un personnage qui a une haine contre ce peuple et je suis convaincu que si Bédié, Ouattara et les autres étaient à la tête de la Côte d’Ivoire, ce serait la même chose.

Interview réalisée par Jean-Baptiste Akrou et Franck A. Zagbayou



2 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
    --
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  2. Auteur

    Xxxxx

    En Juin, 2013 (15:19 PM)
    amath dansokho est un fou errant sa place est à l'asile de l’hôpital de FAAN a Dakar.
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