Il a beaucoup été question de l'entrée de l'Afp - son leader en tête - dans le gouvernement, suite à l'appel du chef de l'Etat pour ‘la synergie’ des forces qui pourrait ‘certainement’ permettre au président Wade ‘d'aller plus loin dans ses ‘réalisations positives appréciées’ par le ‘peuple’. En clair, la rumeur et les spéculations avaient réservé à Moustapha Niasse un porte-feuille balèse dans le futur attelage gouvernemental de Me Wade. On a même parlé d'un poste de vice-présent créé spécialement pour lui. Une équipe dont la mission première serait de veiller à la tenue et au bon déroulement des élections de 2007. Seulement, voilà : le chef de l'Etat, candidat à sa propre succession, devra rebattre ses cartes. Comme en 2005, malgré la solennité de son appel (jour de Korité) et tout le cinéma qui a suivi avec les audiences au palais avec à la clé la présence de la télévision nationale, l'opposition a estimé que l'urgence était ailleurs. Mais, pas dans un gouvernement d'une durée de vie de 100 jours. Ce que le patron de l'Afp a compris, mieux que tout le monde, même si son discours sibyllin sur les escaliers de la présidence après son tête-à- tête avec Me Wade a fait douter plus d'un.
Pourtant à y voir de près, Moustapha Niasse n'a aucun intérêt à retourner dans un gouvernement avec Wade. Comme nous le confie d'ailleurs un de ses plus grands alliés de la Cpa, ‘il n'a jamais été question pour Moustapha d'entrer dans un gouvernement d'union nationale. C'est une intoxication entretenue d'une part par certains libéraux et, d'autre part, par une partie de la presse’. Selon notre interlocuteur, ‘se fonder sur la déclaration un peu sibylline de Niasse après son audience avec Wade est une grande erreur.
Moustapha ne songe même pas un seul instant à quitter l'opposition pour rejoindre le pouvoir. Le gouvernement n'est plus un mirage pour lui. Il a déjà pratiqué Wade et a juré il y a un an qu'il ne travaillerait plus jamais sous ses ordres. Ces négociations dont on parle ne sont donc que des rumeurs savamment distillées’. Mieux, explique notre source, ‘il faut tout simplement se référer à la dernière audience entre Moustapha Niasse et Wade en 2005. Les gens avaient vite fait de lui trouver un siège dans le gouvernement. Pourtant, comme il l'a expliqué par la suite au cours d'un point de presse : ses entretiens avec Wade n'ont rien à voir avec une quelconque volonté de rejoindre le gouvernement. Il avait affirmé que chaque fois que le chef de l'Etat l'appellera, il se fera le devoir d'aller lui répondre. C'est tout’.
En réalité, Moustapha Niasse qui se veut un ‘grand homme d'Etat’, ne veut pas être le premier à montrer des signes de désobéissance vis-à-vis des appels du président Wade. ‘C'est un monsieur sur qui compte la communauté internationale. Surtout pour ce qui est de l'image du Sénégal à l'extérieur. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que Wade a besoin de lui. Mais, pour rien au monde, Niasse ne va compromettre son avenir politique en s'alliant avec Wade pour un quelconque poste’, affirme un cadre de son parti. Ce dernier d'ajouter que ‘notre leader n'a plus rien à prouver au plan politique, mais ce n'est pas quand même une raison pour sacrifier l'Afp sur l'autel d'une ambition personnelle. Surtout quand on se souvient de ce qu'est devenu le compagnonnage entre l'Afp et le Pds’. Et Niasse dans le gouvernement, poursuit ce cadre de l'Afp, ‘serait donner raison à Me Abdoulaye Babou qui, en réalité, s'est jeté dans les bras des libéraux qui hésitent encore à l'accueillir’.
De toutes les manières, l'Afp se veut claire dans ce débat, en rappelant qu'à la suite de l'entretien qui s'est déroulé entre le président de la République et le patron des progressistes, Niasse avait déclaré qu'il avait évoqué au cours de cette audience ‘les problèmes et urgences qui préoccupaient les Sénégalais’. ‘Conformément à l'esprit de démocratie et de libre discussion qui est la sienne, le parti a choisi de rester dans la position qui est la sienne sur l'échiquier politique national, à savoir poursuivre son combat dans l'opposition et au sein de la Cpa’, a indiqué, hier, l'Afp à travers une déclaration. Une déclaration qui a soulagé beaucoup de militants de l'Afp. ‘Si Moustapha Niasse se retrouvait dans le gouvernement - je ne sais pour quel motif - je quitterais ce parti. C'est dire que ni Niasse ni l'Afp n'ont jamais inscrit dans leur programme une entrée dans le gouvernement. C'était certes un souhait de la communauté internationale, mais pas de Niasse ou de nous autres. Nous n'avons qu'un seul objectif : faire partir Wade en 2007’, rassure un cadre de l'Afp.
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