L’onde de choc de la sortie du président de la République, lors de la pose de la première pierre de la mosquée «Kadimou Rassoul», affirmant notamment que c’est Touba qui fait et défait les Présidents au Sénégal, continue de se faire sentir. Au Palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor et dans certains milieux diplomatiques, le malaise est perceptible et l’on se demande si le «talibé» Wade a réellement mesuré l’impact négatif que ses propos pourraient avoir sur la cohésion et la stabilité nationales.
Les rapports controversés entre le «talibé-président» et le «président-talibé» risquent de s’exacerber après les déclarations de Me Abdoulaye Wade, sur la «centralité de Touba qui nomme et dégomme les Présidents dans notre pays». Et pour cause, de très proches collaborateurs du chef de l’Etat nous ont fait part de leur profond malaise, depuis cette sortie, samedi dernier. «Je suis wadiste convaincu et je suis déjà sur le terrain pour sa réélection en 2012. Mais, j’avoue que je ne me suis pas reconnu pas dans son discours confrériste, lors de la pose de la première pierre de la mosquée Khadimou Rassoul», regrette un de nos interlocuteurs. Et ces derniers d’affirmer que le président de la République aurait pu mandater un autre le dire à sa place. Ce qui lui épargnerait les critiques. Même si tout le monde saura que c’est lui qui est l’instigateur de tels propos. Qui plus est, des milieux diplomatiques accrédités au Sénégal et qui ont pris le soin de traduire le discours de Wade, qui s’exprimait en Wolof, ne cachent pas, eux aussi, leur incompréhension face aux sorties intempestives du Président qui risquent de remettre en cause l’équilibre social et confessionnel du Sénégal.
Babacar Gaye : «Que les hommes politiques assument leurs opinions en public»
Loin de partager la frilosité de ceux qui interprètent le discours de Me Wade, le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds) préfère dédramatiser, voire dépassionner le débat. Replaçant ces propos dans leur contexte, il pense que, grâce à sa sortie, Me Wade est parvenu à ferrer davantage «l’électorat mouride qui est devenu incontournable». Rappelant que Senghor le Catholique et Diouf le Tidiane ont toujours bénéficié de l’appui de Touba, le président du Conseil régional de Kaffrine affirme que les chefs religieux sont de grands électeurs qui ont toujours été courtisés. M. Gaye, qui exclut toute ambition de Wade de semer la zizanie entre les confréries, relativise le «malaise» que les déclarations du chef de l’Etat pourraient avoir créé dans le corps social. Et c’est pour inviter les hommes politiques à afficher, à l’instar de Me Wade, publiquement leurs opinions.
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