DEBAT ENTRE MODY NIANG ET ABDOULAYE SEYE : Les deux hommes se livrent à un duel verbal sans merci à l’émission Remue-ménage sur la Rfm

« C’est le rejet d’un homme et de son système. Le peuple a souffert de la mal gouvernance pendant neuf ans. Abdoulaye Wade a été sanctionné. Les pénuries de plus en plus récurrentes, des délestages intempestifs, l’inflation galopante ont fait que les populations ne veulent plus d’Abdoulaye Wade et de son régime. Toutes les industries considérées comme des fleurons se sont tous effondrées sous Wade », a analysé l’inspecteur d’enseignement à la retraite, Mody Niang.

Membre de la Génération du concret, Abdoulaye Sèye ne voit pas les choses de la même façon. « Il y a un faisceau de raisons. Un rejet se fait de manière générale. La coalition arrive en tête sur le plan national, mais elle a perdu de manière symbolique. Ce régime malgré ses côtés négatifs a eu des aspects positifs. Il y a eu des votes sanctions, mais je relativise leur effet. Il y a des maires qui n’ont rien fait dans leur commune qui ont été reconduits. Il y a des maires qui, après quelques années de gestion, ont déménagé dans les quartiers cossus de Dakar. Ils ont été sanctionnés. Il y a eu de mauvaises investitures. Un appareil politique ne peut pas aller aux élections sans un organe de supervision et la Coalition Sopi n’en avait pas », a souligné l’ancien directeur de Radio Sénégal.

A sa suite, Mody Niang réagit en indiquant que la mauvaise gestion des collectivités locales est le fait de « va-nu-pieds ». A l’évocation de ce mot, Abdoulaye Sèye s’énerve et lui indique de ne pas insulter. Après quelques minutes de dispute, l’auteur du livre " Me Wade un vieux président face à lui-même" reprend la parole : « la mauvaise gestion des collectivités locales par des gens sortis de nulle part et devenus arrogants avec le pouvoir. Il était normal que le peuple les rejette.

A propos de Karim Wade, M. Niang affirme : « Quelqu’un qui prétend appartenir à la banlieue et qui fait montre d’une telle arrogance ne pouvait être que sanctionné. Ces gens se sont tellement enrichis que le peuple les a envoyés à la retraite ».

Réagissant Abdoulaye Sèye déclare : « je regrette cette haine que je lis sur le visage du doyen Mody Niang ». Et ce dernier de lui rétorquer : « mon cœur n’a pas de place pour la haine

« C’est vrai que c’est arrogant et insolent de descendre dans le Fouta avec des jets privés. La défaite de Karim Wade à Dakar n’est pas un frein aux ambitions politiques de la Génération du concret. Demandez à Bathily, Tanor et Dansokho, combien de fois ils ont été battus à des élections. Tous ceux qui ont contrôlé l’Etat ont utilisé ses moyens. Karim va réfléchir sur les causes de sa défaite, il va en décoder les signaux et en tirer des leçons. Wade comme Karim ne fera rien contre la constitution. On se fait violence au sein de la Génération du concret pour se dire la vérité. Désormais les gens vont travailler et lire les signaux envoyés par le peuple », a par la suite plaidé Abdoulaye Sèye.

Mody Niang, très en verve poursuit sa lecture des choses : « L’objectif de Me Wade, sa volonté de se faire succéder par son fils, il n’est pas prêt de l’abandonner. Sa gouvernance est jalonnée de scandales. Wade a peur et il mettra tout en œuvre pour faire élire Karim. Ce n’est pas une victoire, la grande bataille c’est 2012 ».

Analysant la sortie de Hassan Ba qui demande pardon au président Wade, l’écrivain Mody Niang indique : « je me méfie d’Hassane Ba, d’Amadou Tidiane Wone et de Cheikh Diallo. Hassane Ba est obligé de conserver sa place privilégiée ».

« Je n’ai jamais dit que Macky Sall et Idy sont incontournables. C’est une analyse faite par Hassan Ba et qui n’engage que lui. Je souhaite qu’ils soient à la hauteur et que les collectivités locales soient bien gérées. Me Wade me l’a dit et il le souhaite », relativise Abdoulaye Sèye, membre de la Génération du concret.

« C’est la victoire de tout un peuple. Ils (les membres de Bennoo Siggil Senegaal) doivent consolider l’unité. Je leur demande de taire leurs intérêts personnels pour l’intérêt supérieur de la nation. Parmi eux, il y en a qui n’ont jamais été des modèles de bonne gestion. Je ne vois pas les gens gérer dans l’opacité et la politique politicienne. S’ils le font, ils ont perdu 2012 d’avance », a souligné Mody Niang qui jette un regard sur la prochaine élection présidentielle.

Et de conclure : « je ne crois pas au dialogue. Wade n’a qu’à gouverner durant les 3 ans qui lui restent. L’opposition n’a qu’à s’opposer. Pour le 4 avril, Wade devrait faire un grand discours de rassemblement. Que les gens perçoivent à travers son discours un homme d’Etat, plus qu’un chef de parti ».

Quant à Abdoulaye Sèye, il conclut en ces termes : « Me Wade est prêt à discuter avec l’opposition pour une bonne gestion des Collectivités locales. Nous n’avons plus rien à envier aux Français en matière de démocratie ».