Les Sages d’Asie nous enseignent que «la colère est très mauvaise conseillère». En bon diplomate qui «sert» son pays depuis, Doudou Salla Diop doit savoir d’instinct que ce n’est pas en noircissant deux pages de journaux de propos haineux (Edition du week-end du journal Le Quotidien) contre un journaliste qu’il va conquérir une place au « Panthéon » des dignes fils du pays. Mélange de mauvaise foi, de méchancetés et d’hypocrisie, Doudou Salla Diop est descendu trop bas dans la mare aux crapauds. Confirmant à longueur de colonnes tout le mal que ses adversaires pensent de lui. Et surtout, allant plus loin qu’une « certaine presse » dont nous nous ne faisons certainement pas partie.
Visiblement Doudou Salla Diop se trompe de cible. Car, pour autant que l’on sache, le décret qui consacre la fin de sa carrière diplomatique n’a pas été signé par un journaliste. La presse nationale et étrangère s’est largement fait écho du déficit de confiance qui s’est brusquement invité dans les relations entre Me Abdoulaye Wade et l’ambassadeur Doudou Salla Diop. De quoi s’agit-il exactement ? Des amis du Président de la République ont rapporté le contenu de propos privés que Doudou Salla Diop, réputé dans les milieux diplomatiques sénégalais comme n’ayant pas la langue dans sa poche, aurait tenus. Des commentaires sur la première Institution du pays dans sa façon de « dilapider » l’argent du contribuable, notamment lors de ses voyages. Ces accusations sont-elles fondées pour justifier une levée de boucliers au Palais présidentiel ? On ne saurait assurer la fiabilité des renseignements fournis au Président. Mais une chose est sûre, ces notes confidentielles envoyées au Président Wade justifient en grande partie le limogeage de l’ambassadeur Doudou Salla Diop. Sans compter, il est vrai, qu’il n’est pas trop « ami » à Karim Wade qui ne le porte pas trop sur le cœur. Aurait-il assumé son opinion réelle sur le Président Wade et sa famille, puisqu’il a décidé de sortir de sa réserve, qu’il serait conséquent. Il peut bien. Maintenant qu’il est à la retraite. Et qu’il n’est tenu par aucun serment de dire tout ce qu’il pense de ce régime budgétivore. Il a aussi le choix de la grandeur. Suivre par exemple les traces de quelqu’un comme Amadou Makhtar Mbow qui, qu’on le veuille ou non, incarne bien les valeurs de dignité et d’honneur, sans nervosité, avec sérénité et grâce. Ce pays, à la croisée des chemins que les énormes défis interpellent, transcende les carrières individuelles.
Il a peut-être ses raisons pour ne pas attaquer ses amis d’hier et ennemis d’aujourd’hui. C’est son problème. Le nôtre, c’est lorsque Doudou Salla Diop, bien assis sur ses 65 « bougies », s’autorise à insulter un journaliste de L’Observateur (Serigne Saliou SAMB) parce que dit-il, le Président Wade ne l’a jamais appelé pour le sommer de revenir au pays. Pour une personne de son âge qui dit avoir servi loyalement son pays, la sortie de Doudou Salla Diop, au propre comme au figuré, est bien malheureuse. C’est l’inverse qui se donnait à voir. En Afrique, les vieillards se comportent autrement, qu’ils gagnent en sagesse et en mesure lorsqu’ils prennent de l’âge. Quelle leçon peut-il donc donner à cette jeunesse qu’il fusille et qu’il n’est pas le fruit d’une génération spontanée ? Lui, Doudou Salla Diop qui a largué Diouf et sa famille, tout en s’épanchant dans de bonnes confidences sur ses maîtres d’hier, au service de ceux d’aujourd’hui. On sait bien comment le désormais ex-ambassadeur du Sénégal en France a réussi à rentrer dans le cercle des intimes du Président. Et surtout pourquoi il a bénéficié d’une prolongation de cinq ans alors que les portes d’une retraite bien digne lui étaient ouvertes. Si donc certains articles de presse s’achètent comme il le dit dans les colonnes d’un journal qui peut sans doute en attester, la promotion aussi peut s’acheter. A force de courbures – à son âge, ça peut créer des courbatures - de lobbying et de déloyauté.
Des armes que l’ex-pensionnaire de l’Avenue Robert Schuman à Paris, Doudou Salla Diop a utilisées jusqu’à créer des brouillards avec son ministère de tutelle. On n’attend pas des services de Cheikh Tidiane Gadio qu’ils confirment le malaise, mais des sources autorisées nous confirment bien que le cas Doudou Salla Diop est en passe de devenir un cas d’école dans les annales de la diplomatie sénégalaise. Point besoin de sortir d’une grande école de Diplomatie pour comprendre qu’un ambassadeur relevé ne reste jamais dans le pays où il a servi jusqu’à la prise de fonction de son remplaçant. Les usages diplomatiques – et la galanterie tout court – veulent bien qu’il revienne même pour 24 heures au pays pour marquer sa présence avant de reprendre le vol pour la destination de son choix. Que Maïmouna Sourang Ndir qui le remplace soit obligée de cohabiter à Paris avec celui qu’il remplace – Doudou Salla a rejoint ses appartements privés pour rafistoler un corps subitement secoué par son limogeage – constitue un précédent qui suscite bien des commentaires. Ce n’est pas pour rien que ses collègues des Affaires étrangères n’ont pas accouru avec un matelas bien moelleux pour atténuer sa chute. Car, aujourd’hui victime du clan des Wade, il a toujours court-circuité sa hiérarchie pour avoir le privilège de l’oreille du Vieux. Jusqu’à une période récente, il a pensé qu’il pouvait remplacer Cheikh Tidiane Gadio à la tête de la Diplomatie sénégalaise qu’il a engagé un lobbying dans le sens d’éjecter son ministre de son fauteuil. Que le vent tourne aujourd’hui au point qu’il soit devenue une cible ouverte, sans aucun rempart que sa langue, ne saurait être imputé à la presse.
Ce n’est pas tout car nous savons bien le rôle qu’il a joué dans la signature des accords sur l’immigration. C’est le même Doudou Salla Diop qui a poussé le Président Wade à signer des accords avec la France qui ont abouti au rapatriement de plusieurs centaines de sénégalais. En 2006, alors que les Affaires étrangères étaient contre, il a montré le chemin à son ami Hortefeux. Quelle loyauté vis-à-vis des intérêts de son pays !
Doudou Salla Diop devrait donc regarder dans le rétroviseur. Comment en plus comprendre que le jubilé diplomatique de ses prédécesseurs ne soit pas aussi tonitruant et anarchique que le sien. Bien avant lui, il y a eu, à l’Avenue Schuman d’illustres diplomates comme Kéba Birane Cissé (1996-2001), Massambé Sarré (1988-1996), Amadou Cissé (1978-1988), André Guillabert (1966-1978), Léon-Boissier Palin (1966), Médoune Fall (1964-1966) et Gabriel d’Arboussier (1962-1964). Tous sont passés par la capitale française, y ont gravé des lettres de noblesse qui valent à la diplomatie sénégalaise, tout son crédit. Ils sont partis tranquillement au soir d’une vie professionnelle bien remplie pour faire autre chose. C’est dire que les baobabs qui s’affalent avec trop de bruits au petit coup de vent trahissent bien souvent des racines peu profondes que les claquements de bretelles et les petits jeux de mots sans profondeur ne sauraient suppléer.
Voyez-vous, Monsieur Diop, il ne faut jamais insulter l’intelligence des hommes en se faisant passer pour une victime alors que vous êtes l’incarnation de la tortuosité que vous dénoncez, simplement par mauvaise foi. Et surtout, la prochaine fois que ça vous tentera d’attaquer un journaliste (nous ne considérons pas comme infaillibles), prenez la peine de ne pas être sélectif dans vos attaques. Le Président Wade ne vous a pas appelé pour vous demander de rentrer au bercail. Soit. Mais ce n’est pas seulement L’Observateur qui l’a écrit. Trois journaux ont eu à traiter la même information. Et nous sommes bien les seuls à vous avoir appelé pour intégrer votre version dans l’article en question. Dans lequel vous niez. Et l’impertinent site français bakchich.info vous a gratifié d’un article avec un titre bien provocateur : « « Mais qu’est-ce que tu bois Doudou dis donc ? » . Sans aucune réaction de votre part. Personne n’a le monopole de l’insolence. Et vous savez bien qu’il est beaucoup plus facile d’emboucher la trompette de l’injure que de poser de vrais actes de grandeur. A même d’inspirer la jeunesse qui manque terriblement de repères et dont l’avenir est le cadet de vos soucis.
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