Le désormais ex-porte-parole de l'Alliance des Forces du Progrès, Me Abdoulaye Babou, est sorti hier de sa longue réserve pour tirer, à boulets rouges, sur son parti et sur son secrétaire général, Moustapha Niasse. Ainsi, après avoir longtemps gardé le silence, Me Babou a, finalement, rompu le silence qu'il s'était imposé pour s'expliquer sur sa disparition de la scène politico-médiatique depuis quelque temps. Invité hier de l'émission Grand Jury sur la Rfm, le responsable progressiste n’a pas trouvé de mots assez durs pour flétrir son parti et le responsable de celui-ci Moustapha Niasse. Selon Me Babou, ce dernier est tout sauf un chef juste. «On attend d'un chef qu'il soit juste, qu'il récompense les compétents. Mais lui (Ndlr : Moustapha Niasse) choisit ses hommes sur des bases ethnicistes, pour faire plaisir à des ethnies. C’est inadmissible !», peste-t-il. Frustré, le porte-parole de l’Afp, l’est.
Expliquant les sources de ces frustrations accumulées, Abdoulaye Babou évoque sa mise à l’écart dans le premier gouvernement de l’alternance dirigé par Moustapha Niasse et dans lequel figuraient des ministres issus de son parti, mais également la décision du président du groupe parlementaire Espoir de se faire suppléer, lors de ses absences par Abdoulaye Bâ. Mais ce qui a surtout provoqué l’ire du porte-parole de l’Afp, c’est l’attitude de son secrétaire général de parti, lors du décès de sa maman. «Lors du décès de ma mère, Moustapha Niasse n’a même pas daigné venir me présenter ses condoléances. Il a attendu quinze jours pour me téléphoner de l’extérieur, alors que même Idrissa Seck s'est fait représenter par une délégation chez moi».
De fil en aiguille, Me Babou s’est finalement rendu compte qu’il avait été lâché par ses pairs. La confirmation lui a été d’ailleurs donnée par Madieyna Diouf, dit-il. «Une fois Madieyna est venu me voir pour me dire, Babou, Niasse a beaucoup résisté avant de vous lâcher», confie-t-il.
Justifiant sa mise à l’écart par Moustapha Niasse, le député progressiste et encore vice-président du groupe parlementaire Espoir relate une réunion du bureau politique de l’Afp durant laquelle il a vertement critiqué son chef de file au point que certains de ses camarades en étaient restés bouche bée. «Je lui ai dit, ce jour-là, que par sa faute, notamment par sa manière de gérer le parti, l’Afp a perdu de son aura acquise au lendemain de l’alternance au profit du Parti socialiste. Une aura qui aurait pu faire de nous une alternative au régime actuel», rapporte-t-il. Non sans regretter le départ de Mamoune Niasse qui, selon lui, a été une catastrophe pour son parti.
Sur son avenir politique, Me Abdoulaye Babou reste encore nuancé. N’ayant rien voulu révéler de son audience avec le président Wade, il soutient que si Niasse décide de discuter avec lui, «tout peut rentrer dans l’ordre».
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