Entretien avec… … ABDOULAYE BATHILY, secrétaire général de la Ld/Mpt : «Le régime de Wade est un malheur pour le Sénégal»

Le professeur Abdoulaye Bathily, secrétaire général de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt), par ailleurs membre de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa), était, dimanche dernier, l’hôte du département de Mbour. En compagnie de certains leaders de la Cpa, notamment Madieyna Diouf de l’Alliance des forces de progrès (Afp), Oumar Bâ du Parti de la réforme (Pr), de l’ancien gouverneur Souleymane Diène du Parti socialiste (Ps), entre autres, il a procédé à l’installation de la Coordination départementale de la Cpa. Au terme de cette rencontre qui a mobilisé tous les militants de l’opposition, M. Bathily a passé aux cribles la situation qui prévaut dans son pays. Entretien…

Pr Bathily, l’installation de la Cpa à Mbour a été un moment de grande mobilisation pour l’opposition. Quelles sont vos impressions après cette rencontre avec les opposants de Mbour ? Je suis très heureux de la mobilisation qui est, déjà, précurseur de ce qui va venir, quand nous organiserons notre prochain meeting à Mbour. Et surtout, on peut considérer, déjà, de notre côté, comme gagner les batailles électorales prochaines dans le département de Mbour, comme partout ailleurs au Sénégal.

Que vous inspirent les nombreux scandales au Sénégal ? Moi, je suis historien. Quand ils veulent caractériser une période, les historiens lui donnent une sorte de titre. La période de Ablaye Wade, ces six années au pouvoir, on peut les considérer comme le temps des malheurs pour le Sénégal. Le naufrage du bateau le Joola, les criquets pèlerins, les pluies diluviennes, naturellement les inondations, les scandales financiers à répétitions… C’est vraiment le temps des malheurs pour la grande majorité des Sénégalais avec les jeunes qui empruntent les pirogues pour aller à l’Etranger, une crise scolaire dont on n’a jamais vu telles dimensions dans l’histoire du Sénégal. Tout cela, en tant qu’historien, quand je regarde le régime d’Ablaye Wade, je dis : c’est le temps des malheurs pour le Sénégal.

Un de vos camarades de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa), Ousmane Tanor Dieng, est éclaboussé par une affaire de détournement de fonds des licences de pêche avant l’avènement de l’Alternance. Le coordonnateur de la Cap 21 revient à la charge. Quel commentaire vous en faites, vous ? Moi, je veux que le Pds, ses alliés et affidés comprennent bien que la diversion ne passera pas. Le Parti socialiste a été sanctionné le 19 mars 2000 ; cela, le peuple sénégalais l’a sanctionné. Mais, qu’est-ce qu’on attend du régime qui est en place aujourd’hui ? C’est de faire mieux que le Ps au pouvoir. Mais, qu’est-ce qu’on a vu ? Qu’il a fait pire. Ces sommes incalculables qui sont englouties et dont on nous fait des révélations chaque jour, c’est sans commune mesure avec ce qu’on a vu quarante ans avant 2000. Alors, je crois que, pour nous, la cause est entendue : ce n’est pas la diversion qui nous divertira de notre marche vers la victoire, le 25 février 2007.

Où vous en êtes-vous avec le programme de politique de la Cpa ? Quelles en sont les grandes lignes ? Jeudi prochain, nous allons nous réunir au niveau de la Conférence des leaders pour écouter la commission qui va nous restituer les grandes lignes du programme. Nous allons l’écouter, faire des observations, pour la laisser ensuite parachever son travail.

Aujourd’hui, il est trop tôt pour dire les grandes lignes de ce programme. Quand nous aurons achevé le programme, évidemment, nous le déclinerons devant le peuple sénégalais et nous animerons. Ce n’est pas un programme qu’on va faire en chambre. Il faut reconnaître que les formations politiques, membres de la Cpa, sont des partis responsables. Beaucoup d’entre elles ont participé à des gouvernements. Nous avons une connaissance précise du pays, dans tous les secteurs ; de ce qui va et de ce qui ne va pas. Nous avons toutes les informations et ce programme-là va prendre en charge la réalité des questions économiques, sociales, politiques, culturelles, etc. A partir de cela, nous allons faire des propositions de solutions.

Et nous allons aussi soumettre ces propositions aux acteurs, dans le cadre d’une démarche participative, pour que, par exemple, dans le secteur économique, tous ceux qui y évoluent puissent nous dire, à partir de ces propositions-là, ce qui peut être fait et ce qui peut ne pas être fait. Qu’on dialogue entre eux et nous, de la Cpa. C’est valable pour tous les autres secteurs, parce que nous voulons faire un gouvernement de rupture. Nous voulons, non seulement, gagner ensemble, mais nous voulons diriger ensemble sur la base d’un programme. La Cpa n’est pas là pour être derrière un homme ou une femme. Elle est là pour des idées, un programme et elle veut mettre en place une équipe qui va diriger le Sénégal. La Cpa doit se doter d’un président de la République, d’un gouvernement, d’une Assemblée nationale, parce que nous aurons une liste commune aux législatives prochaines. Nous allons procéder, véritablement, à une rupture dans la façon de gouverner ce pays.