Wade met-il sur le compte du Parti socialiste, l’oubli dont ont été victimes les tirailleurs sénégalais ? En tout cas, le discours du chef de l’Etat, hier, à la place du tirailleur sénégalais, semble aller dans ce sens. En effet, le président de la République a, dès l’entame de son propos, fait savoir que c’est au lendemain de son élection qu’il a pris l’engagement de ‘travailler et d’user de toute mon énergie pour corriger les injustices qui me seraient signalées comme étant commises pendant le long règne du Parti socialiste’. Et Wade de poursuivre son speech : ‘Je me suis attelé à cette tâche depuis ma prise de fonction et compte déjà à mon actif plusieurs réparations significatives dans plusieurs domaines’. Ainsi, en décidant de consacrer son ’autorité’ et ses ‘convictions’ à la restauration de l’image des tirailleurs sénégalais, le président de la République dit avoir le sentiment de ‘réparer une autre grande injustice’.
Selon le chef de l’Etat, les efforts entrepris pour promouvoir la journée du tirailleur s’inscrit dans une volonté de réhabilitation de la mémoire. D’abord de nous-mêmes car, explique-t-il, ‘si le fait que le pouvoir colonial ait voulu, dans une large mesure, traiter ce corps de combattants dans un relatif anonymat, ce n’était pas en soi une surprise’. Pour cause, ‘c’est qu’après tout, la plupart d’entre eux étaient considérés comme des sujets français’. ‘Mais, ajoute Wade, que l’Afrique indépendante leur réserve à quelque exception près un égal traitement, m’a toujours paru comme une immense injustice qu’il fallait à tout pris réparer’. Ainsi, en décidant de célébrer la journée du tirailleur et de l‘inscrire dans le calendrier républicain par devoir de mémoire, le Sénégal de l’alternance a tenu, de l’avis du chef de l’Etat, à restituer aux anciens combattants, leur juste place dans l’histoire universelle.
Aujourd’hui, le présidant de la République salue le combat mené par les anciens combattants à côté de leurs camarades français. Lesquels combats ont, selon lui, donné ‘d’excellents résultats’ dans la satisfaction des revendications de ces derniers. Toujours pour inscrire cette promotion des tirailleurs dans la durée, Abdoulaye Wade dit avoir décidé de mettre en place la ‘Fondation du tirailleur’. Laquelle aura pour mission la pérennisation de la mémoire des anciens combattants en même temps que la promotion des idéaux de paix de liberté de fraternité pour lesquels ils ont combattu.
Quant aux historiens, artistes et créateurs africains, Abdoulaye Wade les invite à mieux faire connaître la ‘belle saga des anciens combattants, hommes d’honneur, de courage et de vertu qui ont porté haut le flambeau de la liberté’.
Au président français Nicolas SARKOZY : Wade suggère l’idée d’un monument pour les tirailleurs
Le président de la République du Sénégal a suggéré, hier, lors de la ‘Journée du tirailleur sénégalais’, à son homologue français, Nicolas Sarkozy, l’idée d’un mémorial ou d’un monument pour servir de tombe aux ‘tirailleurs inconnus’. Pour Abdoulaye Wade, le concept de ‘soldat inconnu’, dédié à tous les soldats morts pour la France ne saurait conforter l’idée que ‘le brave couché là, pourrait être un Africain’.
Avec la décision du président français d’inscrire la question de l’esclavage dans les manuels scolaires, Wade se dit satisfait. Et le chef de l’Etat d’ajouter que ‘les anciens combattants de France et du Sénégal, pour reprendre l’initiative de la création de l’association du monument du tirailleur inconnu, nous leur devons une reconnaissance éternelle que rien ne devra altérer jusqu’à la fin des temps.’
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