Le « Front Siggil Sénégal » ne lâche pas du lest. Après l’antenne parisienne samedi et lundi, c’est l’aile suisse de l’opposition dite significative qui s’est jointe à la campagne internationale de contestation. Hier, ils ont manifesté devant le Bureau International du Travail où le président Wade était venu prononcer un discours sur le développement économique et social.
L’opposition sénégalaise ne lâche plus le président Wade d’une pouce. Partout où il part, les représentants de « Front Siggil Sénégal » le suivent comme son ombre, pour dénoncer « le recul de la démocratie » au Sénégal. Après la déroute de la présidentielle et le boycott des législatives, ils ont vraisemblablement inauguré une nouvelle façon de s’opposer différente de l’opposition républicaine qu’ils ont prônée durant ces sept dernières années : l’action.
Ainsi, après la manifestation de samedi devant la résidence de l’Ambassade du Sénégal à Paris qui s’est soldée par deux blessés, et après la tentative de distribution de tracts lundi en face de l’Elysée où le président était reçu, ce sont les représentants suisses de FSS qui ont accueilli hier Me Wade à leur manière. Des dizaines de Sénégalais ont manifesté devant le siège du Bureau international du Travail à Genève où le président Wade était venu assister à la 9e conférence de l’institution. Le message leur a été passé par leurs camarades de Paris qui, faute de pouvoir faire le voyage, leur ont demandé de maintenir la pression sur le président. À en croire une source sur Paris, une copie du tract distribué à Paris le week-end dernier leur a été envoyée. Le président de la République a également été accueilli par plusieurs slogans qui lui sont hostiles.
L’on pouvait ainsi lire sur les banderoles, selon un contact sur place : « Sénégal, démocratie en danger », «Sénégal :Halte aux violences politiques impunies ». D’autres pancartes s’attaquaient directement à la personne même du locataire du palais : « Wade, non républicain », « Wade non conservateur des acquis démocratiques » ou encore « Wade a plus de cent ministres alors que la Suisse, mille fois plus développée, n'en a que 7 et le gouvernement de Sarkozy 15. Wade doit copier sur l'exemple de ces deux pays ». Notre source indique qu’une dizaine de policiers helvétiques étaient présents devant l’institution. À l’intérieur, le président Wade a tenu un discours axé sur le développement économique et social.
Ce développement, peut-on lire sur le site du BIT, « doit passer par le travail décent », selon le chef de l’Etat. Et d’argumenter : «Le travail décent, c’est d’abord un emploi qui garantit des revenus acceptables (…), une protection sociale pour le travailleur et sa famille (…), de bonnes conditions de travail et l’accès aux services de santé et de sécurité sociale (…), une bonne pension de retraite (…), le respect des normes de sécurité et de sûreté au travail».
Il a aussi fait une projection : « Nous comptons ainsi offrir au maximum de Sénégalais un travail décent compatible avec la dignité humaine». Le président a estimé que « le temps est venu de repenser la définition de la pauvreté». Cette pauvreté, il la définit comme un «bouquet de manques», en précisant qu’ «il faut activer plusieurs leviers pour s’attaquer à tous les problèmes à la fois, sortir les couches sociales défavorisées des ‘bas fonds’ de la société en leur offrant des conditions de vie décentes ».
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