Vous voudriez bien vous présenter en quelques mots ?
Je suis un administrateur civil de classe exceptionnelle. Pour ce qui concerne la collectivité locale et d’une manière générale la théorie de la gestion, j’ai écrit, en 1972, un mémoire sur l’Administration territoriale et les communes. Ce document est peut-être toujours consulté à la Faculté des Sciences juridiques. Les péripéties de ma vie professionnelle m’ont conduit à la direction du cabinet du maire de Dakar, Lamine Diack, entre 1978 et 1979. Ensuite, j’ai été conseiller municipal en charge de la commission Développement urbain de Dakar. Je suis resté adjoint du maire de Dakar pendant une dizaine d’années. Avant d’être maire de la commune de Dakar-Plateau.
Quelle alternative proposez-vous aux Dakarois ?
Si je suis élu, je serais contraint à une meilleure gestion, à une meilleure organisation de la nomenclature budgétaire de Dakar. Parce que depuis 2002, Dakar vit avec un budget en déséquilibre, en déficit. Parce que le budget, fixé à 32 milliards, ne correspond à aucune réalité. La preuve, un rapport des bailleurs de fonds, partenaires au développement de la ville de Dakar, l’a démontré. Il faut que nous ayons un budget réaliste, conforme à nos possibilités financières et à l’environnement économique d’une ville économique comme Dakar. Donc, il faut réduire ce déficit. Et je le ferais pour ramener le budget à sa hauteur réelle.
Voulez-vous dire l’augmenter ou le réduire ?
Il faut réduire le budget. Parce que 32 milliards ne correspondent à aucune réalité financière et économique de la ville de Dakar. Il faut baisser les recettes et les amener à leur niveau réel. Ce qui suppose, donc, une baisse des charges. Ce que l’on reproche à l’Etat sous forme de train de vie est absolument reprochable à la mairie de Dakar. La ville de Dakar vit au-dessus de ses moyens. Et ce qui est valable, en matière de dette intérieure pour le pays, l’est également pour la ville de Dakar. Il faut que les Dakarois sachent que c’est une ville endettée. Et si on fait le rapport de l’endettement au budget, la ville de Dakar doit plus de 7 milliards à ses fournisseurs et entrepreneurs, c’est-à-dire le tiers du budget. Même s’il faut préciser que le budget nominatif, parce que je considère que le budget nominatif et déclaratif est de 32 milliards, est utilisé pour payer la dette intérieure. Et quelle dette d’ailleurs ?
A quel autre chantier vous attaqueriez-vous en priorité ?
La commune doit être essentiellement au centre de la vie sociale. La commune de Dakar quasiment urbanisée doit consacrer l’essentiel de son budget à soutenir la vie des populations. Donc, une politique sociale très osée, bâtie autour de l’éducation, la santé, la culture et la prise en charge de toutes les catégories sociales. Surtout autour de la création d’emplois d’auto rémunération. Aujourd’hui, dans la crise générale que nous vivons, la commune doit être le premier écran pour protéger ses citoyens. Pour le faire, il faut améliorer le pouvoir d’achat des populations. Ce n’est pas aussi leur donner forcement un salaire. C’est les aider à contenir les prix des médicaments, des soins, des fournitures scolaires, de la réhabilitation de l’école. Mais également l’octroi d’aides scolaires aux élèves et étudiants. Il s’agira, également, dans la protection du pouvoir d’achat, de réorganiser le secteur marchand. C’est aller, également, vers une défiscalisation de la politique et à lever la fiscalité locale. Je donne l’exemple de la Tva. Il faut que la Tva encaissée sur les produits vendus à Dakar soit reversée intégralement ou partiellement à la ville de Dakar qui génère ses ressources dans son économie. Dans le secteur social, il faut arriver à une protection du pouvoir d’achat. De manière séquentielle : la rentrée des classes, tout le monde sait que c’est un moment où le pouvoir d’achat des ménages est agressé. Donc, nous allons proposer une politique systématique de fournitures scolaires de tous les manuels et tous les instruments de travail nécessaires aux élèves. Il y a aussi la prise en charge par la commune de Dakar des précepteurs qui font des cours de rattrapage aux élèves. En prenant en charge ces précepteurs, nous ramenons le troisième âge en activité.
N’est-il pas contradictoire de vouloir réduire le budget et augmenter les charges sociales ?
Il n’y a aucune contradiction, parce que si vous prenez le budget de Dakar, vous découvrirez que les dépenses dans le secteur social sont extrêmement importantes, mais ne sont pas justes. Il n’y a pas de justice sociale, parce que quand vous prenez une ville comme Dakar, qui dépense de 200 millions de francs Cfa pour financer un show, avec une telle somme, vous pouvez assainir. C’est d’ailleurs dans notre programme d’assainissement de Dakar. Une partie des Parcelles Assainies, de Golf, de Cambérène, de Grand-Yoff fait partie de la ville de Dakar. Et beaucoup de maisons de ces quartiers n’ont pas d’eau potable chez eux. Alors qu’avec la politique des branchements sociaux de la Sde, avec 34 mille francs, vous avez l’accès à l’eau. Et avec 34 millions, vous branchez 1 000 maisons. Le problème, c’est l’allocation des ressources à des secteurs sociaux.
Ne craignez-vous pas des adversaires comme Karim Wade ?
Je ne connais pas d’adversaire. Karim Wade n’est pas candidat. Même Pape Diop, le maire sortant n’est pas candidat. Ils sont inscrits sur une liste, mais ils ne sont pas candidats. Quand on est candidat à la mairie d’une ville, on se déclare candidat. Mais ce qui risque de se passer, c’est le détournement des votes des citoyens. Abdoulaye Wade a dit clairement aux candidats de la Coalition Sopi : «C’est après le vote que je vais décider de qui va être maire.» Si vous pensez voter pour Pape Diop, ce n’est pas sûr qu’il soit élu. De même que pour Doudou Samb. Abdoulaye Wade peut sortir Karim Wade au dernier moment alors que les Dakarois n’ont pas voté pour lui. Donc, je ne connais pas mes adversaires à la mairie de Dakar. Cela est aussi valable pour la Coalition Benno Siggil Sénégal. Khalifa Sall n’est pas candidat à la mairie de Dakar, il est tête de liste, s’il gagne les élections, c’est après Niasse, Tanor, Dansokho qui vont se réunir pour voir qui va être maire. Et ce sera l’occasion de batailles. Je suis le seul candidat déclaré à la ville de Dakar et à la mairie du Plateau, je ne me connais pas d’adversaire. Il y a des listes en compétition et il ne faut pas qu’on détourne les voix des Dakarois.
0 Commentaires
Participer à la Discussion