Aucun acte posé par le président de la République, Me Abdoulaye Wade, n’est dépourvu de calculs, surtout quand l’enjeu est de remporter la bataille de l’opinion ou d’assurer sa présence au sein de cette opinion. Ainsi, le choix du 1er mai pour proclamer le nouveau gouvernement, loin de constituer un symbole, n’est, en réalité, que le fruit d’un calcul dont le soubassement est de ravir la vedette aux travailleurs qui ont décidé de boycotter la cérémonie de remise des cahiers de doléances.
Le Prince est toujours habité par l’obsession de rester maître du jeu, quelle que soit la situation. Rien d’étonnant et de détonnant pour celui qui assimile la politique à un jeu sans fin, une feinte, à du « galgal » (mot wolof qui signifie croc-en-jambe).
Me Abdoulaye Wade sait créer les évènements pour se mettre en valeur, avec la seule préoccupation d’occuper la Une des journaux, de crever l’écran des télévisions et d’« exploser » l’antenne des radios. Lui seul maîtrise l’art de soulever la poussière là où il n’y a ni vent ni sable, de susciter le bruit du tonnerre dans un ciel clément.
Un peuple volontairement pris dans la tourmente de l’événementiel, du provisoire, de l’éphémère ; condamné à vivre dans l’instant, Une sorte de poudre aux yeux qui aide le citoyen à mentir à soi-même. Le chien affamé s’accrochera toujours à un os, comme ce peuple s’accrochera à l’illusion d’avoir traversé le quotidien sans difficulté.
Me Wade ne pouvait, en aucun cas, digérer le sévère revers des syndicalistes. Un revers aux allures d’un désaveu d’une politique dont le secret réside dans un immobilisme sans fin. Une injure à la loi de la nature, au mouvement qui crée, à la dialectique qui invente. Les syndicalistes ont pris conscience que la cérémonie de remise des cahiers de doléances est juste organisée pour amuser la galerie et surtout permettre à un Chef d’Etat d’exploiter la moindre occasion pour se mettre en valeur.
Me Wade a toujours opposé aux vraies questions de fausses réponses. Il sert aux Sénégalais un gouvernement pléthorique. Une manière bien singulière de répondre aux syndicalistes qui soutiennent, à juste raison, que le train de vie de l’Etat doit diminuer pour permettre à d’autres secteurs de l’économie - mis à terre du fait de la mauvaise gestion du gouvernement – de décoller.
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