Selon toute vraisemblance, elle est en train de réussir son pari. Des gestes salutaires qui peuvent bien montrer que les guides religieux peuvent constituer des régulateurs en anticipant sur des tiraillements susceptibles de déstabiliser le tissu social. L'histoire montre que c'est toujours le cas au Sénégal aurait-on dit.
Toutefois, le constat qui se dégage est que ces réconciliations pour salutaires qu’elles soient, semblent être parcellaires car, étant à deux vitesses.
C'est le parti au pouvoir qui en a bénéficié le plus souvent. Un fait paradoxal si l'on sait que depuis la publication des résultats de la présidentielle l'opposition dite significative et le pouvoir n'arrivent pas à s'entendre tellement leurs visions des choses sont foncièrement différentes. Ils se regardent en chiens de faïence avec aucun compromis en perspective. N'est-ce pas là une occasion pour nos régulateurs sociaux d'intervenir pour éviter une confrontation qui se profile à l'horizon ? Avec les passions qui se soulèvent. Des voix qui s'élèvent. Des points de vue divergents. De chaudes empoignades en perspective. L'idée d'assises nationales prônée par l'opposition et une frange importante de la société civile est une illustration éloquente des déchirures politiques profondes au Sénégal. Plus que les problèmes internes au Parti démocratique sénégalais , les incompréhensions notoires et persistantes entre le pouvoir et l'opposition "boycotteuse" peuvent engendrer des conséquences désastreuses. Les familles religieuses en sont conscientes. Sans doute.
Dés lors l'on peut se demander ce qui les empêche de faire des démarches pour convaincre le président de la République à discuter sérieusement avec l'opposition sur la situation peu reluisante que vit le pays. Peut-être, l'enjeu d'initier une telle réconciliation n'est pas aussi importante que celle visant à rapprocher des "frères ennemis" du Pds.
Un autre constat et pas le moindre, c'est la crise sociale que traverse le Sénégal au-delà de la crise de légitimité évoquée il y a deux ans par un guide religieux, celui-là téméraire. Il y a bel et bien la faim d'un monde rural après un hivernage chaotique. Il y a la faim en ville, avec une inflation galopante qui a secoué douloureusement toute la société. Et le prolongement de cette faim aboutit inéluctablement à la famine. Il y a de l'électricité dans l'air déjà infecté. Un malaise social ambiant avec les grèves à répétition. Ironie du sort, des jeunes filles sont en transe depuis quelque temps à Dakar et à l'intérieur du pays. Le Sénégal semble marcher sur la tête. Le mal est trop profond pour qu'on s'y appesantisse. Face à l'hystérie collective, de grandes solutions s'imposent. Et les hommes religieux ont l'obligation d'intervenir avant qu'il ne soit trop tard.
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