L'agitation autour de la candidature unique ou plurielle de Bennoo Siggil Senegaal à la présidentielle de 2012, dont une des manifestations est la dernière sortie de Me Alioune Badar Cissé, Coordonnateur de l'Alliance pour la république (Apr) fait rire... jaune Me Aissata Tall Sall. Parce que ce n'est que l'effet produit par le piège posé par Wade en annonçant sa candidature à sa propre succession. «De façon naïve et précipitée, certains camps de Bennoo sont tombés dans ce traquenard que Wade nous a posé», dit-elle en indexant le bras droit de Macky Sall. Non sans lui signifier : «Bennoo, il faut la respecter ou alors la quitter. Il n'y a pas de demi-mesure. Et je ne crois que ça soit les derniers arrivants qui peuvent la diviser»
La question de la candidature unique ou plurielle de l'oppositions à la présidentielle de 2012 suscite actuellement toutes les passions au sein de Bennoo Siggil Senegaal où les attaques fusent de toutes parts...
Ce que je voudrais vraiment. c'est non seulement faire appel aux leaders pour que chacun calme son camp, mais surtout de faire comprendre à tout le monde que ce débat est prématuré. Il est prématuré, parte qu'il a été mal posé. Il est prématuré, parce que c'est Wade qui en a pris l'initiative en cherchant à empoisonner l'existence de l'opposition. En lançant sa candidature à partir des États-Unis, il cherchait à mettre le feu dans le camp de l'opposition. Je suis sidérée de voir à quel point, de façon naïve et précipitée, certains camps de Bennoo sont tombés dans ce traquenard que Abdoulaye Wade nous a posés. Et je crois que, malheureusement, Alioune Badara Cissé s'est inscrit sur ce registre de la diversion et du traquenard tel qu'il a été posé par Abdoulaye Wade. Il ne s'agit pas d'invectiver ses partenaires dans Bennoo. D'ailleurs ce n'est ni la tradition, ni le camportement ni l'éducation des partis membres de Bennoo. J'ai souri en lisant ce qu'Alioune Badara Cissé disait. Parce que j'avais comme l'impression qu'ils nous ont importé les virus du Pds. Le comportement qu’il a eu est un comportement typiquement Pds, où, dans un même parti, les gens s'invectivent, s'injurient et s'étripent à longueur de journée. Cela n'est pas dans la tradition des partis qui composent Bennoo qui a accueilli Macky Sall à bras ouverts. Je ne crois pas quand on est invité à dîner, qu'on ait fini de manger qu'on puisse se permettre aussi de partir avec les couverts. Je crois que l'indélicatesse ne peut pas aller au-delà de ça. Bennoo, il faut la respecter en tant que coalition, ou alors la quitter. Il n'y a pas de demi-mesure.
Donc, toute cette agitation ne se justifie pas...
Dans Bennoo, nous nous sommes tracé une ligne de conduite pour ce qui est de la candidature à la présidentielle de 2012. Nous avons estimé que cette candidature peut être unique. Et nous allons rechercher de toutes nos forces cette candidature unique. Nous allons la rechercher dans la totalité d'un consensus. Et si nous n'y arrivons pas, nous allons voir quelles sont les candidatures indispensables autour desquelles Bennoo doit pouvoir aller à la présidentielle. Donc, si on mesure tout ça, si on comprend que c'est le principe qui a été déjà arrêté par tous les leaders de Bennoo, je ne comprends pas, pour ce qui est de l'Apr, que Macky Sall soit en dehors de cette ligne qui a été tracée par les leaders. Tout ce branle-bas ne se justifie pas. A moins, franchement, qu'on ait comme seule intention de diviser Bennoo. Et je ne crois que ça soit les derniers arrivants qui peuvent diviser Bennoo.
Mais, d'aucuns continuent de penser que le véritable blocage pour une candidature unique de Bennoo découle d'une guerre de leadership entre Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse. Qu'en est-il réellement ?
Vous savez, nous les socialistes, on est toujours à l'épicentre de ce problème. Parce que les gens pensent que, entre Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, il y a d'abord un contentieux personnel. Ensuite, qu'entre leurs deux partis respectifs, il y a également un contentieux politique. C'est vrai que nos relations n'ont pas toujours été simples et faciles. On le comprend, parce que les partis, ce n'est pas un conglomérat de personnes insensibles qui n'ont pas d'histoires, qui n'ont pas de ressentiment. Non ! Les gens qui sont dans les partis, qui les animent et qui les font vivre, sont des personnes qui ont des contentieux, qui ont des problèmes, mais qui savent les surmonter. Je crois que, et Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niass ont suffisamment prouvé dans le passé, même si je comprends que l'attente des Sénégalais sur ce point-là soit énorme, qu'ils savaient pouvoir se dépasser. C'est ça qui a amené le Cpc, la Cpa, le Front Siggil Senegaal et aujourd'hui Bennoo. Donc, je ne voudrais pas qu'on ait une fixation sur ce qui peut séparer Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse. C'est vrai qu'il y a des faits réels qui les séparent, mais il y a un fait unique qui les rassemble et qui est majeur, c'est l'intérêt du Sénégal. Nous sommes différents de l'Afp, comme l’Afp est différente du Ps. Ousmane Tanor Dieng est different de Moustapha Niasse. Nous l’acceptons. Ils n'ont pas le même pas la même façon de se comporter, ils n'ont pas la même façon de voir les choses, en dehors de l'intérêt du Sénégal. Maintenant, pour le reste, nous travaillons à ce que le Sénégal gagne. C'est-à-dire tous ceux qui sont en dehors du camp de Wade, qu'ils soient ensemble pour battre Wade, c'est là où le Sénégal va gagner.
Venons-en maintenant à deux sujets de l'actualité qui expose de manière fort peu favorable le Sénégal sur le plan international : l'affaire Segura et l'immixtion de Wade dans le contentieux franco-iranien...
Plus j'analyse cette question, plus je me demande si Alex Segura, dans un élan de cynisme, n'a pas piégé le Sénégal. Pourquoi ne pas penser que ce Monsieur qui a toujours dénoncé les dérives, le manque de transparence des gouvernants sénégalais, n'a pas accepté ce fameux cadeau, pour seulement avoir la preuve, à l'échelle du monde, que le gouvernement du Sénégal est un gouvernement corrupteur ? J'aurais appris que le Fmi aurait suspendu une mission qu'il devait effectuer au Sénégal, en attendant que l'affaire Segura soit éclaircie. C'est normal. A la tête du Fmi il y a Dominique Strauss Kahn. On sait que c'est un homme d'une grande valeur politique. Et qui peut-être pourrait être le candidat des socialistes en 2012, si une solution n'était pas trouvée entre les socialistes eux-mêmes. Est-ce que Dominique Strauss Kahn va accepter, allant peut-être à des responsabilités aussi importantes, à la tête d'un pays qui fait de la transparence le fil conducteur de son action politique et diplomatique, que cette affaire soit étouffée dans l'oeuf ? Il ne l'acceptera certainement pas. Il ne l'acceptera pas, non seulement pour lui, mais également pour le prestige, la renommée, mais surtout pour la réputation du Fmi. Tout ça fait que nous pensons que tous les Sénégalais doivent tenir à ce que cette affaire Segura soit éclaircie et que les coupables soient sanctionnés. Pour qu'on dise, au moins une fois : « Aprés avoir decouvert un fait de corruption, on a pris notre courage à deux mains et on a été jusqu'au bout»
Et la leçon que vient d'administrer le patron du Quai d orsay à Wade relativement à l'affaire Clotilde Reiss ?
S'il faut qualifier la diplomatie sénégalaise, il faut dire malheureusement que c'est une diplomatie à la Gribouille. Gribouille voulait échapper à la pluie et il a plongé dans le fleuve. Donc, Wade fait tout dans la précipitation, dans la contradiction. Et c'est la raison pour laquelle je crois que dans ce domaine, malheureusement, on a accusé beaucoup de retard et même un grand recul. Aujourd'hui, on voit que dans la sous-région, quand il y a des conflits, si le Sénégal n'y est pas mêlé comme co-auteur du conflit, jamais on a fait appel à lui en tant que facilitateur pouvant régler le conflit. C'est beaucoup plus le Burkina Faso, le président Compaoré, qui joue ce rôle là au détriment du Sénégal, qui avait ce rôle historique. Je constate aussi qu'à l'échelle internationale, cette diplamatie est toujours caractérisée par les démarches personnelles. Partois précipitées, mal calculées. La dernière preuve qu'on a est la démarche unilatérale que Wade a accomplie en Iran, soi-disant pour faire libérer la Française Clotilde Reiss, sans que les autorités françaises ne soient informées. J'ai été choquée de voir comment le ministre français des Affaires étrangères a traité Wade, qui est quand même président d'un pays étranger et d'un pays qui se dit ami de la France. Ce traitement-là, c'est le comportement de Wade qui nous l'a valu. Aujourd'hui, la diplomatie sénégalaise est mal en point. Parce que Wade n'a pas compris que la diplomatie, c'est une science, et en même temps un art. La diplomatie de Wade, c'est du relationnel. C'est aussi éphémère que le temps d'une rose.
Barka Isma Ba
Source Le Populaire
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