« Ni un ministre, ni un Premier ministre, ni un président de la République, encore moins un Tribunal ne peut faire réintégrer Mamadou Diop Decroix dans le Parti »

Que ceux qui ont « commandité le pion » Mamadou Diop Decroix pour le déstabiliser, se le tiennent pour dit, ce dernier est exclu et c’est définitif. Pour Landing Savané, il n’existe pas sur terre une créature capable de remettre en cause cette décision. « Ni un ministre, ni un Premier ministre, ni un président de la République, encore moins un quelconque Tribunal n’est doté de ce pouvoir », lâche le ministre d’Etat auprès du président de la République et patron de Aj/Pads.

Quand il jure sur ce qu’il a de plus cher pour dire que ni un ministre ni un Premier ministre encore moins un président de la République ne peut s’opposer à l’exclusion de l’ex-numéro 2 de Aj/Pads, c’est parce que Landing Savané n’est pas prêt à céder. Et, il pousse le bouchon plus loin, en déclarant que Mamadou Diop Decroix a beau arpenter les escaliers des Tribunaux, mais, aucune décision de justice ne pourra casser la sanction prise en son endroit. En effet, dit-il : « nul ne peut prétendre connaître mieux que nous les statuts, le règlement intérieur et la pratique du parti ». Jetant une pierre dans le jardin du ministre de l’Intérieur, sans le citer, le chef de file de Aj/Pads persiste et signe : « aucune autorité n’a une fois eu le mauvais goût de s’immiscer dans les affaires internes de son parti ».

« Nous n’avons de leçon à recevoir de personne »

Comme s’il donnait des leçons à Cheikh Tidiane Sy, Landing Savané soutient avec force que nombre de partis, y compris le Pds, ont connu des tensions et des dissidences internes ; des exclusions ont été lancées encore récemment, mais aucune autorité n’a jamais élevé la voix. Alors, peste-t-il : « ce n’est pas avec Aj que cela va commencer ». Aussi, poursuit-il : « nous n’avons de leçon à recevoir de personne. La prison, je l’ai connue personnellement plus qu’aucun dirigeant politique sénégalais. Aux moments cruciaux, notamment sous le régime socialiste, nous seuls avions refusé de prendre part aux gouvernements d’ouverture d’Abdou Diouf ». S’y ajoute que, dit-il, Aj est un parti indépendant et souverain qui décide seul de ses choix et orientations politiques en fonction de ses analyses concrètes de la situation politique du Sénégal, de l’Afrique et du Monde ».

« Mamadou Diop Decroix était un pion commandité, pour déstabiliser le Parti »

Revenant sur le point focal de sa conférence de presse, Landing Savané se veut catégorique : « j’ai laissé faire Mamadou Diop Decroix depuis plus d’une année », dit-il. Car, ajoute-t-il : « mon objectif était de ne pas en faire une victime, mais de le laisser se démasquer aux yeux de l’opinion publique comme un fractionniste. Il a gesticulé, il a bluffé, il a beaucoup parlé, il a posé des actes qui ont édifié tous les Sénégalais honnêtes ». Pour Savané, Mamadou Diop Decroix était un pion commandité pour déstabiliser et liquider politiquement And-Jëf. « C’est donc l’heure de dire aux commanditaires que leur tentative a échoué. Malgré les sommes faramineuses injectées dans cette entreprise, depuis le Ministère du Commerce, le parti reste toujours debout. Pire, dans ses nombreuses déclarations, Decroix n’a jamais dit la vérité au peuple. Il prétend avoir été élu par le congrès du parti. Or, j’affirme sur la base des documents disponibles que c’est le Conseil national qui, à la fin du congrès, à ma demande, l’a élu, selon les statuts ».

« Aj n’a pas peur de cheminer seul, la preuve par le passé »

Interpellé sur l’audience, qu’il peine à décrocher avec le Président Wade, Landing Savané déclare : « on n’a pas eu d’audience politique comme je le souhaite, car les échanges épistolaires ne nous permettent pas de débattre de sujets qui intéressent le Pds et Aj. Comme ça a été relaté dans une certaine presse, je le lui ai rappelé dans une correspondance ». Quid du deadline qu’il s’est fixé, pour la tenue d’une rencontre avec Wade, afin de vider la méfiance qui mine leurs relations ? Là, le patron de Aj est sans équivoque : « il n’y a aucun ultimatum », dit-il. Par ailleurs, à ceux qui seraient tentés de croire que Aj s’accroche aux basques du Pds et implore le Ciel, pour que leur compagnonnage soit éternel, Landing Savané explique : « l’alliance entre ces deux partis est sincère et s’inscrit dans l’intérêt du pays. Mais Aj n’aurait pas peur de cheminer tout seul, si la force des choses le lui commandait ». D’autant que, ajoute-t-il : « il l’a fait durant presque deux décennies ».

« Il est anormal de vendre la Sonatel, une société rentable »

S’agissant de la crise qui secoue la Sonatel, Landing Savané estime que l’entreprise ne doit guère être cédée aux Français. Pour lui, il suffit de regarder le chiffre d’affaires de la société, pour être convaincu qu’il est anormal que l’Etat songe à vendre ses parts à France Télécom. Rien n’explique qu’on puisse vendre une société rentable. Il aurait été plus logique de renforcer le capital de l’Etat plutôt que de le céder à des étrangers ». Aussi, concernant le contentieux entre le gouvernement et la Royal Air Maroc, même s’il dit ne pas détenir des éléments qui lui permettent de se prononcer sur le dossier, il n’en demeure pas moins que Landing Savané souhaite que l’outil et les emplois soit sauvegardés, nonobstant le degré de la crise.