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Politique

Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Ps : ‘L’Etat du Sénégal est en cessation de paiement’

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Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Ps : ‘L’Etat du Sénégal est en cessation de paiement’
Ousmane Tanor Dieng a bouclé sa visite en France et en Belgique par une conférence de presse. Face aux correspondants de la presse sénégalaise à Paris, il s'est invité dans le débat sur le couplage ou non des élections présidentielle et législatives. Et c'est pour marquer son désaccord. Pour lui, la Constitution a prévu des dates pour ces élections, il faut simplement les respecter. Il s'est aussi prononcé sur ses relations avec Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall ainsi que sur les manifestations des populations qui dénoncent les délestages intempestifs de l'électricité et la pénurie du gaz.

Ousmane Tanor Dieng n'est pas pour le couplage des élections législatives et présidentielle. Il a fait cette déclaration lors d'une conférence de presse tenue vendredi dernier dans un hôtel parisien. Pour lui, la Constitution sénégalaise a réglé la question des dates. Et il faut s'en tenir. ‘Je suis tout à fait opposé au couplage des législatives et de la présidentielle’, tranche le Secrétaire général du Parti socialiste sénégalais. Qui soutient qu'il faut ‘arrêter de tripatouiller la Constitution’. ‘La Constitution a prévu des dates : une date pour la présidentielle au mois de février, une date pour les législatives au mois de mai. Je crois qu’il faut respecter ces dates. Car les dates sont faites pour être respectées. Et pas pour être violées aussi régulièrement. C’est clair dans ma tête ; je suis opposé à tout couplage’, insiste le socialiste en chef. Il invite les Sénégalais à ne pas ‘laisser Abdoulaye Wade changer les dates’. ‘Il ne faut pas le laisser à coupler, à découpler, à accoupler et à désaccoupler en fonction de ses intérêts. Ça, ce n’est pas acceptable. On ne peut pas le faire’, martèle-t-il.

Pour ceux qui soutiennent le couplage en faisant valoir les raisons financières, Ousmane Tanor Dieng marque son désaccord. Il souligne que cet argumentaire est brandi par la majorité qui gouverne et que ‘cette majorité n’a pas de souci financier’. Arguant qu'il y a ‘tellement de gaspillage et dans tous les secteurs qu’ils sont mal placés pour parler de souci financier’. ‘C’est eux qui nous disaient que la démocratie n’avait pas de prix. C’est eux qui avaient reporté les élections parce qu’il y avait des problèmes d’inondation. Mais ces gens-là ne sont pas crédibles lorsqu’ils soulèvent la question financière’. Ousmane Tanor Dieng pense que la raison du couplage est ailleurs. ‘La vérité est qu’ils estiment que coupler les élections les arrangerait maintenant. Mais ce qu’ils devraient faire, au contraire, c’est de respecter la Constitution, respecter les dates qui sont dans notre Constitution’, invite le patron des socialistes.

‘J'ai une certaine complicité avec Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall’

Les journalistes ont entraîné Ousmane Tanor Dieng à s'exprimer sur l'actualité nationale. Et la sortie du maire de Dakar, Khalifa Sall, a été abordée. Et le Secrétaire général des socialistes ne s'est pas débiné même s'il a fait dans l'apaisement. Pour Tanor Dieng, il ne faut pas créer un débat là où il y en a pas. Et il soutient qu'il a été le premier à dire qu'il n'a pas le même cursus avec le maire socialiste. ‘Ce n’est pas un débat. C’est la vérité. J’ai même dit avant lui que je n’ai pas le même cursus que lui. Et c’est ce qui est normal’. Avant de tracer son profil qui est parti de l'Ecole nationale d'administration (Enam) jusqu'au cabinet de Senghor puis de Diouf. ‘Quand je sortais de l’Enam, mon ambition, c’était d’être ambassadeur en Suisse ou à New York. Mais Dieu en a décidé autrement puisque le président Senghor m'a appelé dans son cabinet. Ensuite, c'était le cabinet de Diouf. Et quand on est dans un cabinet présidentiel, on fait de la politique. C'est comme ça que je suis entré en politique. Quant à Khalifa Sall, il a commencé par les jeunesses socialistes avant d'entrer au bureau politique’, explique-t-il.

Tanor Dieng trouve que les différences de profils ne sont nullement des handicaps, mais plus des avantages. ‘Ce qui enrichit un parti, c’est que les personnes n’ayant pas le même cursus, travaillent ensemble. Je crois que c’est enrichissant, au contraire. Cela ne me pose aucun problème’, fait-il valoir. Pour lui, le Ps s'est toujours appuyé sur des primaires pour choisir son candidat pour la présidentielle à défaut d'un consensus. Et cela est prévu par les textes du parti. Deuxièmement, pour les primaires, c’est clair et net que c’est prévu dans nos textes. ‘A une période donnée, on fait appel à candidature. Ceux qui veulent le disent. Ensuite, une fois qu’ils se déclareront, ou bien ils s’entendent pour désigner un candidat. S’ils ne s’entendent pas, ce sont les militants qui décident à la base. C'est ça que nous avions fait en 2007. C’est ça qu’on fera en 2011’, insiste le patron des socialistes. Qui se dit ‘étonné’ d'entendre dire que son parti se déchire ou qu'il y a des problèmes.

‘Lorsqu’il y a un débat dans un parti, on dit que c’est la division. Quand il n’y a pas de débat, on dit que c’est sans débat. Il faut savoir (il ne termine pas sa phrase). Nous sommes cohérents avec nous-mêmes’. Ousmane Tanor Dieng soutient qu'il file le parfait amour entre Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall. ‘Nous n’avons pas de problème – comme c’est vous qui les citez – avec Khalifa Sall ou Aïssata Tall Sall. Nous avons les meilleures relations possibles. Nous avons même une certaine complicité’, explique le socialiste en chef. Ce dernier estime que ce sont les gens du dehors qui ne comprennent comment fonctionne le Parti socialiste et qui pensent qu'ils sont divisés. ‘Mais du tout. Nous concevons que nous sommes différents, que nous voulons travailler ensemble. Il faut que nous discutions pour arriver à un consensus. Nous connaissons tous le prix que nous payons en raison des divisions antérieures qui ont abouti à nous faire basculer dans l’opposition. Nous ferons particulièrement attention pour maintenir notre cohésion, notre unité, mais en continuant à débattre, à confronter nos idées. Il n’y a aucun problème à ce niveau-là’, avance le leader socialiste.

Il pense que ce sont les oiseaux de mauvais augure qui souhaitent la division de son parti. Et il leur lance : ‘Ne vous inquiétez pas. Ceux qui s’attendent, demain, que le Parti socialiste se déchire, se divise, je crois qu’ils risquent d’attendre longtemps. Nous ne nous diviserons pas, nous resterons unis et nous allons ensemble à la conquête du pourvoir, et si Dieu le veut, gagner’.

 ‘Aujourd'hui, l'Etat est presque en cessation de paiement’

Les manifestations des populations sont revenues lors de la conférence. Et Ousmane Tanor Dieng soutient que les délestages, la situation calamiteuse du monde rural révèlent que aux yeux du monde que ‘le gouvernement est incompétent, irresponsable, insouciant’. ‘C’est ça le fond du problème parce que pour chacun de ces secteurs, ils ont trouvé ici une situation qu’il fallait simplement confortée, consolidée’ fait-il savoir. Il rappelle que les libéraux ont trouvé une convention de l'Etat avec Hélio-Hydro-Québec, mais qui a été vite dénoncée à l'arrivée au pouvoir du président Wade. ‘Et c'est ça qui les poursuit. Aujourd’hui, ils n’arrivent pas à avoir un partenaire stratégique. Et les dépenses qu’il faut, l'Etat ne les a pas. Ils nous disent qu’il y a 800 milliards qui ont été dépensés au niveau du secteur de l’énergie. Nous, nous voulons qu’il y ait un audit pour savoir où sont allés ces 800 milliards’. En attendant, il s'interroge sur la destination de cette somme faramineuse. On ne peut pas, dit-il, ‘avoir dépensé 800 milliards et se trouver dans une situation de rationnement de l’électricité. C’est inexplicable’.

‘C’est la même chose pour le secteur du gaz où il y a une pénurie. Le secteur de l’eau subit les conséquences de la perturbation du secteur de l’énergie. Dans tous ces domaines, le gouvernement n’arrive pas à honorer ses engagements. Sur le plan politique, le gouvernement n’arrive pas à honorer ses engagements et sur le plan économique et financier aussi. S’ils avaient payé régulièrement les fournisseurs, il n’y aurait pas eu de pénurie de gaz. C’est aussi simple que ça. Et vous ne pouvez pas devoir plusieurs millions de dollars à quelqu’un et lui demander de fournir une marchandise’, relate le premier des socialistes. Pour lui, on a ‘aujourd’hui un Etat en cessation de paiement’. C'est tout cela qui fait qu'il dit ‘comprendre’ les manifestations des populations.

Mais Ousmane Tanor Dieng fait remarquer que tout cela doit se faire sans violence. ‘Moi, je ne suis pas favorable à la violence. S’il y a des manifestations pacifiques, il faut les soutenir. Maintenant, il ne faut pas que l'Etat et les forces de l’ordre créent une situation qui, elle-même, introduit la violence dans le comportement de ces manifestants. Mais il est normal que les Sénégalais qui ne sont pas contents expriment leur mécontentement en manifestant de manière pacifique. Il faut que le gouvernement garde la raison et ne pratique pas la politique de la répression. Je crois que cela ne sert à rien. On ne peut pas être responsable de la situation que nous vivions, c’est-à-dire absence presque totale de fourniture de l’électricité et vouloir réprimer ceux qui veulent exprimer leur mécontentement’, fait savoir Tanor. Pour lui, s’il y a violence, en général, ‘ce sont les forces de sécurité qui introduisent la violence et non les manifestants’. Et la seule question qui vaille, selon lui, ‘c'est de répondre au problème de délestage de l’électricité, à la pénurie de gaz et d’eau. Tout autre attitude est irresponsable et grosse de danger’.

Pour mettre la pression sur le gouvernement et l'inviter à régler ces problèmes sans délais, Ousmane Tanor Dieng invite la coalition Bennoo à participer aux manifestations, ‘mais dans le cadre des lois de la République’. ‘Il faut manifester notre mécontentement. Ce droit à la manifestation est inscrit dans la Constitution. D’ailleurs, je crois que les Sénégalais ne manifestent pas suffisamment. Et c’est pourquoi le gouvernement ne subit pas la pression qu’il devait subir pour, justement, se ressaisir et satisfaire les préoccupations minimales des Sénégalais’, soutient le socialiste.

Moustapha BARRY


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