L’ancien ministre d’Etat Assane Seck estime que l’autosuffisance alimentaire, la satisfaction des besoins d’éducation et de formation des populations sont les conditions à remplir pour que le Sénégal intègre le cercle des pays émergents.
« Nous sommes à la veille de l’émergence. Et nous y accéderons au moment où nous pourrons, par nous-mêmes, régler nos problèmes fondamentaux d’autosuffisance alimentaire, spirituelle, c’est-à-dire de formation et de recherche », a indiqué le professeur Seck à l’hebdomadaire « Nouvel Horizon ».
« Je crois que cette émergence nous y accéderons d’ici 10 ans », a-t-il insisté. Au rythme où vont les choses, dit-il, « les politiciens sont obligés de répondre aux aspirations des populations. Car celles-ci ont les moyens de pression forts (vives revendications à travers des marches et autres manifestations) pour se faire entendre ».
Dans cet entretien où il jette un regard rétrospectif sur les 50 ans d’indépendance du Sénégal, le Pr Seck estime que « le combat du peuple sénégalais qui, du reste, a beaucoup muri, ne laisse pas de choix aux politiques », relevant que ceci est également un acquis. L’ancien ministre d’Etat dit regretter les violences sous toutes leurs formes et l’enrichissement illicite. Sur ce second point, il a dit : « une poignée de gens qui s’octroient toute la richesse du pays. De toute façon, il ne faut pas s’épancher trop car la Police n’a encore rien dit sur tel ou tel cas, mais c’est grave cette attitude d’accaparement qui fait ressurgir les classes sociales ».
Dans son analyse de la situation du pays, Assane Seck, 91 ans, se réjouit du fait que « le Sénégal d’aujourd’hui est différent de celui d’il y 50 ans, citant les efforts consentis et les progrès réalisés dans le domaine de d’éducation ».
En 1960, « le taux de scolarisation était de 19 ou 20 %, les gens allaient à l’école pieds nus. La population tournait autour de 2,5 à 3 millions d’habitants », rappelle-t-il, relevant que « la priorité que l’on accorde à l’éducation, c’est depuis le début et Wade a su préserver les acquis ».
Il a ajouté : « vous savez, nous avons jeté les bases de la création d’une éducation de masse car le concept de volontaire de l’éducation est lancé avant l’alternance (mars 2000). L’Unesco a choisi de s’installer à Dakar et non au Zaïre (actuelle Rd Congo). »
« La population, qui a atteint 12 millions au lieu des 3 millions à l’époque de l’indépendance, c’est une donne importante qui me donne satisfaction dans la mesure où c’est l’homme qui assure la production en Afrique. Alors qu’elle avait perdu ses forces vives avec la traite négrière (...) », a-t-il poursuivi.
Assane Seck note par ailleurs le fait que des populations, en dehors des partis et autres structures, dans des coins reculés du Sénégal, revendiquent de meilleures conditions d’existence. Il ajoute que cela le pousse à croire que les 50 ans ne sont pas perdus, « ne serait-ce que pour ce combat pour le développement ».
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