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Politique

PROTOCOLE DE REBEUSS, GOUVERNEMENT D’UNION, ELECTIONS, AFFAIRES D’ARGENT… Le Sopi égaré

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PROTOCOLE DE REBEUSS, GOUVERNEMENT D’UNION, ELECTIONS, AFFAIRES D’ARGENT… Le Sopi égaré

Candidats déclarés pour février 2007, Wade et Idy voient leur candidature respective entachée par le conflit vénal qui les oppose et dont les éclaboussures rejaillissent sur l’actuel régime. L’appel du président-candidat à un gouvernement d’union n’a pas non plus prospéré auprès de l’opposition représentative qui le presse d’organiser des élections transparentes. Conséquence : le Sopi est dans l’impasse. Il cherche désespérément le bout du tunnel. Et n’entrevoit pas l’ornière.

À quelques encablures des élections de février 2007, le Sopi va inexorablement à vau l’eau. Pris dans le tournis du grand déballage sur le fameux « protocole de Rebeuss », Wade, candidat à sa propre succession et son ancien Premier ministre, Idrissa Seck, sont en plein dans la mélasse. Et pour ne rien arranger, le refus de leur offre d’alliance par l’opposition représentative et les sombres affaires d’argent qui entachent leur candidature à la présidentielle 2007 leur en obstruent la sortie. La famille libérale qu’ils se disputent est partagée entre le désir de jouer son va-tout avec un Wade dont la retraite politique est désormais toute proche et celui de s’aménager une marge de manœuvre pour, sait-on jamais, rebondir avec un Idrissa Seck dont l’avenir politique est des plus incertains. Bref, on est bien loin de 2000 lorsque le Sopi avait vraiment le vent en poupe. Et que, sûrs de leur fait, le « candidat unique » de l’opposition d’alors et son directeur de campagne n’avaient besoin ni d’un déploiement de moyens ni d’un trésor d’imagination pour porter le Sopi au pinacle. Seule, la «marche bleue» avait suffi pour drainer et les foules et leurs suffrages. Or donc, aujourd’hui, c’est plutôt l’affolement général dans les rangs du Sopi sur fond de révélations fracassantes sur l’utilisation sulfureuse de l’argent public et les négociations secrètes entre protagonistes pour « un partage du butin », suivant la formule de l’ancien Premier ministre. Un aveu de taille. Comme l’est autant la déclaration de l’ancien numéro deux du Pds sur les ondes de la Rfm et selon laquelle, il tiendrait sa fortune des fonds politiques que le chef de l’État a gracieusement mis à sa disposition. Est-ce là un recours plutôt commode pour Idrissa Seck de se mettre hors de portée de toutes poursuites judiciaires ? C’est tout comme. Quoique cela n’a jamais empêché à un Farba Senghor d’accuser invariablement son ex-frère d’être un vulgaire « voleur ». Mais ce que Farba ignore, ou feint d’ignorer, c’est que pour peu que Idrissa Seck soit mouillé, c’est tout le système Sopi qui s’en trouve souillé. Car ce dernier est non seulement un pur produit du Sopi, mais il n’est surtout pas le seul des sopistes à avoir eu des rapports délicats avec l’argent public. Même si l’ancien Pm reconnaît avoir pris une partie des fonds politiques à lui confiés, il y a tout lieu de croire que ce qui l’oppose à son ex-mentor porte sur des sommes d’argent autrement plus considérables, si l’on en juge par l’immensité de la fortune qu’on lui prête et la modicité des montants votés par le Parlement et alloués au titre des fonds politiques. Lesquels fonds ne s’élèvent qu’à 600 millions par an, soit un total de 2,4 milliards en considérant les quatre années que Idrissa Seck en avait la charge d’abord comme ministre d’État, Directeur de cabinet du chef de l’État, puis comme Premier ministre. Et ce, même s’il est arrivé que des ressources extrabudgétaires soient utilisées pour alimenter ces fameux fonds politiques.

Le Sopi, l’argent et la politique

Ces 2,4 milliards de fonds politiques ne sont en tout cas que pipi de chat par rapport au montant réel du différend financier entre Wade et Idy qu’on ne saura peut-être jamais, même si Abdou Latif Coulibaly, dans son dernier ouvrage, l’a estimé à près de …83 milliards de francs. Encore que ce scandale dont on a encore du mal à cerner tous les contours malgré les révélations à propos du protocole de Rebeuss fait simplement suite à bien d’autres en seulement six années de magistère de Wade. Après avoir prétendu que le moindre sou de l’État n’avait servi à la réfection de l’avion présidentiel et que ce sont ses « amis » qui avaient plutôt mis la main à la poche, le Pape du Sopi a finalement avoué avoir ponctionné dans les fonds résiduels routiers pour les besoins de l’opération. Ce dont il se serait sûrement passé si le livre de Abdou Latif Coulibaly «Wade, un opposant au pouvoir…» n’avait pas éventé le scandale. Et que dire de ces six autres milliards qu’il aurait reçus, toujours de la part de certains de ses «amis», pour en faire don à son gouvernement ?

En tous les cas, en voilà des méthodes très peu orthodoxes de tenir la comptabilité publique et qui expliquent sans doute, pour une large part, les libertés que se permet l’establishment sopiste avec les deniers publics. En effet, comme si les accusations et contre-accusations des partisans de Wade et Idy n’avaient pas suffisamment terni l’image du Sopi, le ministre d’État Directeur de cabinet du chef de l’État en rajoute au parfum de scandale à quelques encablures des élections de février 2007. Maire de Guinguinéo, il est soupçonné de n’avoir pas utilisé l’intégralité d’un don de 35 millions offerts par un Français et destinés à la construction d’une école que ce dernier a voulu ériger en mémoire à son épouse décédée et qui a fait l’objet d’une délibération par le Conseil municipal. Quant à Modou Diagne Fada, ancien ministre de l’Environnement, il pourrait être rattrapé par une sombre histoire portant sur un montant de 454 millions destinés à la construction d’un centre d’enfouissement technique qui n’a pas vu le jour jusque-là, en dépit du fait que l’enveloppe ait été effectivement dégagée.

Mais le plus grave c’est qu’autant les sopistes avaient su très modestement construire leur victoire en ne comptant qu’avec les moyens du bord pour parvenir au pouvoir, autant ils sont prompts à casser aujourd’hui la tirelire pour espérer se maintenir au pouvoir. Les finances dussent-elles en pâtir. On ne lésine plus sur les moyens pour s’attirer du monde. En témoignent toutes ces libéralités que Wade a tendance à faire aux militants qu’il reçoit au palais. Au point de faire de l’envoi de délégations de militants ou de transfuges auprès du président un véritable fonds de commerce pour certains responsables. Ce qui n’est pas après tout grand chose comparé aux dizaines voire aux centaines de millions régulièrement mobilisés pour des meetings ou rencontres de toutes sortes. Le record étant détenu jusque-là par le fameux meeting de Mbacké avec rien moins que 300 millions pour battre le rappel des troupes sopistes et administrer une démonstration de force. Il en est de même des alliances pour lesquelles le régime Sopi, riche comme Crésus, ne rechigne jamais sur le prix à payer pour appâter toujours encore plus de souteneurs. S’ils ne sont pas simplement invités à la table de la mangeaille nationale comme récemment à travers l’appel pour un gouvernement d’union nationale.

La hantise des élections

Apparemment, Wade appréhende beaucoup les élections de février 2007. Pour avoir reporté les législatives sous prétexte d’utiliser les sept milliards prévus à cet effet dans le cadre du Plan Jaxaay, prorogé le mandat des députés et couplé les élections pour février 2007, le président-candidat s’est manifestement donné tout le temps de peaufiner sa stratégie de maintien de pouvoir. Mais, apparemment, l’exercice s’avère autrement plus complexe qu’il ne l’avait prévu. A-t-il été surpris par la volte face de Idrissa Seck qui lui avait promis de ne jamais se présenter contre lui à une élection ? Tout porte à le croire, d’autant que sans avoir été peut-être demandeur d’un « arrangement » avec son ex-sherpa, il a sans doute pensé que c’était là le moyen le plus commode sinon de le rallier à nouveau à sa cause, du moins de l’amener à ne pas renforcer le camp de l’opposition. «C’est le lundi 14 novembre 2005 que j’ai été approchée par Me Ousmane Sèye et le sieur Alex Ndiaye pour être reçue le même jour par le Président Abdoulaye Wade dans ses appartements privés. Ils avaient des propositions à transmettre à Idrissa Seck. (…) Par la suite, des dispositions ont été prises par le Garde des Sceaux pour me permettre d’accéder à la prison de Rebeuss, le 15 novembre 2005, et transmettre les propositions à Idrissa Seck. Je suis formelle : Idrissa Seck n’a jamais fait de proposition à qui que ce soit. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais ce qui s’est passé est tout autre.», révèle en tout cas la notaire Nafissatou Diop Cisssé, amie et mandataire de l’ancien N° 2 du Pds au sujet des négociations secrètes de Rebeuss. Preuve que le président candidat a clairement conscience de la capacité de nuisance de son ex-numéro deux qu’il s’allie avec l’opposition classique ou qu’il se la joue solo. D’où la volonté manifeste de Wade de chercher à le museler sur l’échiquier politique en appelant l’opposition dite classique à un gouvernement d’union. Seulement voilà : la manœuvre a finalement capoté. Car, même si les nombreuses tentatives de rapprochement du président de « Rewmi » en direction de la Cpa n’ont pas débouché jusque-là sur une alliance - et tout indique qu’il n’en sera rien – la donne Idrissa Seck avantage très certainement l’opposition dite classique. Comme Djibo et Niasse en 2000, l’ancien numéro deux du Pds, qu’il se présente en candidat ou non, affaiblira à n’en pas douter son ancienne formation. Ce dont pourrait tirer largement profit la Cpa si jamais cette dernière parvenait sinon à présenter un candidat unique, du moins à limiter les candidatures en son sein pour éviter la dispersion de ses forces. De quoi hanter le sommeil du président candidat qui n’a manifestement pas réussi à drainer derrière sa candidature cette fameuse alliance, version UMP, dont il a toujours rêvé. Pis, il va devoir se passer du seul allié de la défunte Ca 2000 à avoir cheminé jusqu’ici avec lui, en l’occurrence Landing Savané investi récemment par le Conseil national de And Jëf. Encore une donne qui vient perturber tous les calculs de Wade et rendre encore plus compliquer son pari de conserver son pouvoir sans avoir à livrer une grande bataille. Mais en ne réussissant pas à casser la dynamique unitaire de la Cpa, ni à annihiler la capacité de nuisance de son ex-numéro deux, encore moins à réunir un aréopage de poids lourds autour de sa candidature, il va devoir aborder le prochain scrutin en étant conscient que les jeux sont loin d’être faits. Sachant parfaitement que son meilleur score personnel n’a guère dépassé les 25% - il n’a réalisé son score de 30% au premier tour de 2000 qu’avec le soutien du Pôle de Gauche – et conscient d’avoir perdu un peu de sa superbe avec l’épreuve du pouvoir, Wade va devoir sortir le grand jeu pour triompher de ses adversaires. Mais a-t-il le même mordant et tout le bagout politique qu’on lui connaissait ? C’est peut-être parce que ce Wade-là appartient désormais au passé que l’affolement et la peur bleue se sont emparé du Sopi.



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