Zachée Gwet, ancien candidat aux élections présidentielles du Cameroun et écrivain: «Me Wade est une grande bibliothèque où tous les jeunes Africains doivent prendre des connaissances»

De passage au Sénégal qu’il considère comme étant son deuxième pays après son Cameroun natal, M. Zachée Gwet, a fait un tour au niveau de notre rédaction. Une occasion, pour lui, de féliciter le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, qui vient de bénéficier du prix Houphouet Boigny mais aussi de convier tous les Africains, particulièrement les jeunes générations, à prendre exemple sur celui qu’il dit être son idole. Entretien …

Le messager : Vous êtes un homme politique qui dit se référer à Me Wade. Justement, ce dernier vient de bénéficier du prix Houphouet Boigny. Quel sentiment cette consécration suscite-t-elle chez vous ?

Zachée Gwet : Tout travail mérite un salaire. Je pense que ce prix est un salaire que Me Wade a reçu, un salaire honorifique et noble. Le Président de la République du Sénégal est un homme audacieux et engagé. Et c’est ce qui lui a valu tous les prix qu’il reçoit depuis son accession à la tête du pouvoir.

On constate que le prix ne fait pas l’unanimité notamment du côté de l’opposition sénégalaise dont une partie a d’ailleurs manifesté à Paris.

Je pense que l’opposition sénégalaise n’a rien à dire. D’ailleurs, il s’agit là d’un prix et un prix, on ne peut pas se l’attribuer soi-même. Si Me Wade a été choisi parmi les nombreux chefs d’Etat africains, c’est parce qu’il le mérite, c’est parce qu’il a travaillé. A mon avis, ce prix devrait faire la fierté de tous les Sénégalais et au-delà, celle de tous les africains. Pour en revenir à l’opposition, je dirai que je comprends parfaitement sa réaction car il faut quand même qu’elle parle. Seulement, le débat doit se situer à un autre niveau. Les membres de l’opposition doivent trouver autre chose pour attaquer ou contrer Me Wade. Une opposition digne de ce nom ne doit pas réagir de la sorte.

En tant qu’opposant camerounais, est-ce que ce sont les mêmes problèmes qui se posent au niveau de votre pays. Autrement dit, quelles sont les relations entre pouvoir et opposition camerounais ?

Dans notre pays, il n’y a pas de démocratie. Certes, il y a des partis politiques, mais la démocratie reste encore un mirage. Par exemple, nous avons une élection présidentielle à un tour. Par ailleurs, les chefs d’Etat en Afrique centrale sont là depuis plus de 40 ans. La maturité politique de grande valeur que l’on note au Sénégal n’existe pas chez nous. Au Cameroun, quand le chef de l’Etat est absent, il n’y a personne pour le remplacer. Et cela s’explique par le fait que dans la Constitution, il est prévu que c’est le président du Sénat qui doit le remplacer. Or cette institution n’existe même pas. Et la situation est d’autant plus empirée qu’il n’existe pas une véritable opposition au Cameroun. Les autres partis politiques sont tous noyés dans le gouvernement. La politique en Afrique centrale ce n’est pas comme ici. Mais, on ne perd pas espoir. On reste convaincu que tôt ou tard la démocratie triomphera. Personne ne peut arrêter un peuple qui aspire à la démocratie.

Quels sont vos rapports avec Me Wade ?

Nous n’avons pas de rapports personnels. Mais, il est mon idole. Sa politique m’inspire et je pense que cela devrait être le cas pour les générations futures. Me Wade est, pour moi, une grande bibliothèque où tous les jeunes Africains doivent prendre des connaissances. Un jour, je passais dans une rue de Dakar quand j’ai aperçu une pancarte où était inscrite une phrase de Me Wade dans laquelle il disait qu’il faut travailler, beaucoup travailler, toujours travailler, encore travailler. Et je pense qu’il a raison. Seul le travail paie. Le travail est la base de tout développement. Aussi, j’aurais souhaité que nos dirigeants africains prennent exemple sur cet homme qui, en moins de 6 ans et avec peu de ressources, a su mettre en oeuvre beaucoup de projets de développement dans son pays.

Qu’est-ce que vous pensez du panafricanisme ?

C’est le seul salut pour notre continent. L’Afrique est morcelée, divisée en de petits pays. Ce qui la désavantage par rapport aux pays européens qui sont des mastodontes avec des moyens financiers énormes. C’est seulement grâce à l’union et à l’entente que l’on pourra relever les défis qui se posent à nous. Ce ne sera certes pas facile du fait que les chefs d’Etat que nous avons, du moins pour la plupart, n’aiment pas leur pays. Ils s’aiment eux-mêmes et se prennent pour les meilleurs. Mais, on peut se consoler en pensant qu’il y a une nouvelle génération qui arrive. Et je crois que l’on peut dire, sans exagérer, que le monde nous appartient à nous africains. La jeunesse africaine sera, dans le futur, la plus lotie car il nous reste de l’espace, du temps, de la créativité, etc. Les autres ont déjà tout fait. L’espoir est d’autant plus permis que l’on continue de résister. L’esclavage a laissé la place à la colonisation qui, elle-même, a laissé la place à la mondialisation. Demain, ce sera autre chose. Mais, on tiendra toujours bon.

Un avocat congolais disait récemment que Me Wade devrait être entouré par une équipe africaine. Est-ce là votre avis ?

Absolument. Le Président Wade est un homme d’ouverture et de dialogue, un homme humble et courageux. Il a ouvert la voie de la démocratie en Afrique. C’est le seul chef d’Etat africain à avoir atteint le niveau d’étude qui est le sien. C’est le seul qui ne baisse pas les yeux devant un Européen. Mais s’il veut que son travail puisse véritablement porter ses fruits, il faut qu’il soit entendu du fin fond de l’Afrique. Me Wade n’appartient plus aux seuls Sénégalais mais à tous les enfants de notre continent. Aussi, il doit porter sa voix vers les coins les plus reculés de l’Afrique. Il est clair que c’est là une mission difficile du fait des moyens financiers conséquents que cela demande mais avec une ferme volonté, on peut y arriver.