L'atmosphère régnant dans la chambre de la Cour d'appel, était lourde hier matin, au jugement en appel de Ndèye Khady Ndiaye, poursuivie pour abus de confiance sur une somme de 4 millions de francs Cfa. Car, des noms de hautes personnalités de l'Etat, uniquement des ministres de la république, étaient cités dan le dossier. En plus du défunt Shamsdine Aïdara, assassiné le jour de la tabaski, chez lui, par des éléments jusque-là inconnus.
Cheikh Tidiane Gadio, ministre d'Etat ministre des affaires étrangères, Farba Senghor, ministre des Transports aériens, Modou Diagne Fada, ancien ministre de l'Environnement ont été cités hier dans l'affaire d'abus de confiance, qui a valu à la dame Ndèye Khady Ndiaye, une condamnation d'une peine de quatre mois ferme, en première instance. Ce, suite à une plainte déposée par Sokhna Gaye. Pour la petite histoire, ayant remis une somme de 4 millions à la dame Ndèye Khady Ndiaye pour des visas, Sokhna Gaye n'a, non seulement, pas eu ce qu'elle cherchait, mais son argent a disparu. Lasse d'attendre, elle décide de porter l'affaire devant dame justice. C'est alors le début d'une histoire dramatique pour Ndèye Khady Ndiaye. En effet, dans cette histoire de visa, le nom de Shamsdine Aïdara et des ministres précités sont souvent revenus dans le dossier. Car, selon la prévenue, l'argent qui lui était remis par Sokha Gaye, a été versé à Shamsdine qui lui avait assuré à l'époque, être en mesure de lui procurer des visas. La dame était d'autant plus convaincue que Shamsdine est venu chez elle, en compagnie des ministres Gadio, Farba Senghor et Modou Diagne Fada. Mieux, révèle-t-elle : « J'ai vu une Gambienne en possession d'un passeport diplomatique sénégalais, que lui aurait procuré Shamsdine Aïdara ».
Le début des déboires
Selon Ndèye Khady Ndiaye, ses déboires ont commencé le jour où elle a joint Cheikh Tidiane Gadio au téléphone, pour s'enquérir de l'état d'avancement des demandes de visa auprès de Shamsdine. « Le soir de cet appel, le commissaire divisionnaire Assane Noye, alors chef de la Division des investigations criminelles, me convoque à la Dic. J 'ai été longuement interrogée par un inspecteur de police sur les raisons de l'appel au ministre d'Etat. Après leur avoir fourni toutes les explications, le commissaire Assane Ndoye m'a libérée, non sans me remettre une somme de 10.000 francs pour que je prenne le taxi. Car, il s'était certainement rendu compte que je n'avais rien fait », explique-elle au juge. Quelque temps après, c'est la gendarmerie de Thiong qui prend le relais. En effet, poursuit-elle, « j'ai été convoquée par les pandores de la rue de Thiong, qui m'ont également interrogée sur le dossier des visas ». A la fin de l'interrogatoire, tard dans la nuit, les pandores ont voulu la libérer. Mais, « je ne pouvais pas rentrer, parce qu'il faisait nuit. Alors, un des enquêteurs m'a demandé de passer la nuit ans le bureau du chef. Alors, là, j'ai refusé. Et demandé de passer le reste de la nuit dans la cellule. C'est ainsi que j'y suis restée jusqu'au petit matin ».
Le cas Shamsdine Aïdara
Seulement dans cette histoire, Shamsdine Aïdara qui a été cité par la dame n'a jamais été inquiété. Ni la police, encore moins la gendarmerie n'a réussi à l'entendre. Une situation que le président n'avait pas comprise à la première date retenue pour le jugement en appel, le 26 décembre 2007 ; demandant ainsi le pourquoi de l'absence de Shamsdine. Les conseils de la défense et de partie civile, Mes Wagane Faye et Baboucar Cissé, ont annoncé alors que toutes les voies étaient explorées pour faire comparaître Shamsdine, en vain. C'est alors que le président rétorqua : « Dieu l'a convoqué ». En effet, Shamsdine a été assassiné le jour de la Tabaski. Mais hier, c'est la plaidoirie de Me Baboucar Cissé qui a rendu la salle glaciale. « Shamsdine Aïdara est en enfer », lance-t-il à la salle. « Shamsdine a abusé tout le monde, même le chef de l'Etat ». En effet, pour l'avocat de la défense, le véritable escroc c'est feu Shamsdine Aïdara, à qui de l'argent a été donné ; et qui a disparu avec. Une déclaration qui a mis toute la salle dans une forte émotion. D'ailleurs, l'avocat de la plaignante, Me Wagane Faye, dans sa plaidoirie, a déclaré : « Si c'était moi qui poursuivais personnellement Ndèye Khady Ndiaye, j'abandonnerais les poursuites. Mais je le fais pour un client ». Car, dans ses déclarations, la prévenue a déclaré que ses malheurs ont commencé le jour où elle a fait la connaissance de ces messieurs. Elle révèle : « Mon oncle qui m'a éduquée, a été tellement affecté par cette histoire qu'il est mort des suites d'une Avc ».
Délibéré, le 13 février prochain.
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