Il était venu à Gorée, en compagnie de l’ambassadeur du Portugal à Dakar, présider la cérémonie d’inauguration du poste de police. Mais au final, on aura assisté à une véritable plaidoirie du ministre de la Coopération internationale et de la Coopération décentralisée, Lamine Bâ, pour une meilleure compréhension du phénomène de l’émigration. En effet, pour lui, «qui d’autre que le Portugal peut mieux comprendre et accepter l’émigration ?», si l’on se réfère à l’Histoire. Le Portugal, a dit le ministre, «est la première Nation européenne qui, déjà en 1442, est venu au contact de l’Afrique». Et, par ce contact avec la terre africaine et, de surcroît avec Gorée où, en 1482, est construit le premier bâtiment devant abriter les navigateurs portugais, lors de leur mission d’exploration, affirme le ministre, «le Portugal a posé les premiers pas d’une mondialisation : le contact entre les populations du Nord et celle du Sud». C’est pourquoi pour Lamine Bâ, ministre de la Coopération internationale et de la Coopération décentralisée, la tribune que lui offre cette cérémonie, qui revêt un cachet symbolique à l’heure où «des milliers de jeunes africains se jettent dans les entrailles de l’Atlantique pour espérer des lendemains meilleurs, doit être l’occasion de faire un bref rappel des liens qui ont toujours uni ces deux peuples». Rappel historique, certes difficile, selon le ministre, eu égard à des faits tristes comme l’esclavage, mais pour lui, il faut savoir pardonner, et non «se venger». Quand bien même si on doit parler de vengeance, selon lui, c’est à l’image de son propre exemple, c’est-à-dire, «aller à l’école, faire de bonnes études et avoir les arguments qu’il faut pour tenir un cotre discours», c’est cela qu’il exhorte à faire. Alors, il revient, selon le docteur Lamine Bâ, aux pays européens, notamment le Portugal, d’être plus compréhensifs et plus tolérants envers la vague des jeunes émigrés africains. Cette compréhension est d’autant plus fondée, selon lui, qu’à l’heure actuelle, «le Portugal et l’Espagne sont au même niveau de développement que les pays comme l’Italie et ils ont besoin de la main d’œuvre africaine». Ainsi, se tournant vers l’ambassadeur du Portugal, Antonio Monténégro, il lui lance cette phrase : «Monsieur l’ambassadeur, soyez notre interprète auprès de votre gouvernement et de l’Union européenne pour qu’il y ait plus de compréhension par rapport au phénomène de l’immigration.»
Cependant, Lamine Bâ est d’avis que seule une coopération décentralisée permettra d’apporter des solutions à ce phénomène. Ainsi, en apportant aux pays africains l’aide nécessaire pour poser les jalons de leur propre développement durable, les Etats africains seront en mesure d’assurer la fixation de leur jeunesse. Aquièçant de la tête, l’ambassadeur a promis d’être le messager idéal, au nom des liens historiques qui ont toujours uni le Portugal à l’Afrique, en général, et en particulier le Sénégal. D’ailleurs, c’est ce souci de préserver ces liens, afin que «la mémoire ne se perde», qu’il a déjà entrepris des recherches pour retrouver le lieu de naissance du premier navigateur portugais, Barthélemy Diaz, afin de le faire jumeler à Gorée. Un tel jumelage, selon le maire Augustin Senghor, est à saluer car sa commune est ouverte à toutes possibilités de coopérations décentralisées. Le poste de police est doté en équipement informatique, meubles de bureau, grâce au financement de l’Organisation non-gouvernementale «Ami », dirigée par Fernando Nombré. Ce dernier s’est, par ailleurs, engagé à mener d’autres actions pour l’île.
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