FAMARA IBRAHIMA SAGNA PRÉSIDENT HONORAIRE DU CRAES : Itinéraire d'un grand homme au service de la nation

Famara Ibrahima Sagna, ancien président du Conseil Économique et Social est Président honoraire du Conseil de la République depuis le 23 novembre dernier En 68 ans d’existence, M. Famara Ibrahima Sagna aura marqué son temps. Précedemment en position de « pause républicaine », après 42 ans de bons et loyaux services au profit de l’Etat, de ses compatriotes et de la communauté internationale, bénéficie de prérogatives précises suite à sa nomination. Le Matin vous propose de revisiter son parcours qui ne manque pas d'intérêt pour l'histoire contemporaine du pays.

Né le 26 novembre 1938 à Ziguinchor, Famara Ibrahima Sagna, a occupé très tôt de grandes responsabilités dans son pays natal. Ancien élève de l’institut des Hautes d’Outre-Mer de Paris, section Administration générale, Promotion Charles de Gaulle, il est licencié en droit et certifié en sociologie. Après quelques années de fonctions d’autorité dans l’administration générale, il a repris le chemin du recyclage pour acquérir une formation bancaire et d’analyse financière en France et USA au centre d’études financières, économiques et bancaires de Paris (CEFEB), il a même été élu président de l’amicale des étudiants et stagiaires du centre en 1968.
Il a aussi fréquenté l’Institut du fonds monétaire international (FMI) à Washington DC. Au sortir de cet institut, il a bénéficié d’un contrat de formation professionnelle de deux ans dans les services du FMI pour parfaire sa formation économique et financière.

Un administrateur précoce

M. Sagna est un des plus jeunes hauts fonctionnaires de l’Etat dans les toutes premières années de l’indépendance. Il a été nommé Directeur national de la protection civile au ministère de l’intérieur en 1963 (il est le premier Sénégalais à occuper cette fonction à l’âge de 25 ans ). Il a été tour à tour ministre du développement rural, ministre du développement industriel et de l’artisanat, ministre de l’intérieur, ministre de l’économie, des finances et du plan, ministre de l’économie, des finances et de l’intégration africaine.
Outre ses multiples nominations dans le gouvernement, son parcours professionnel caractérisé de façon ininterrompue par des missions de confiance et par la tenue avec succès partout de grandes et délicates responsabilités lui a donné de servir à partir de 1962 dans le secteur public, en tant que chef de bureau, chef de service, directeur adjoint, directeur national, directeur de cabinet, adjoint directeur et conseiller technique. Dans le secteur para-public, il a occupé notamment les fonctions de président directeur général de la SONAGA, de Directeur général de la banque nationale de développement du Sénégal, administrateur de l’administration autonome de la zone franche industrielle de Dakar.
De 1962 à 1973, il est impliqué dans la gestion des affaires de l’Etat : de 1962 à 1963, il est administrateur des affaires politiques et administratives au ministère de l’intérieur (administrateur civil mis à la disposition du directeur, chef du bureau des élections et de la police des associations, des jeux, des secours et des débits de boissons, chef du service de l’administration générale –actuel DAGAT-, directeur adjoint). Entre 1963 et 1964, il a occupé les fonctions de directeur national du service national de la protection civile.
C’est sous son exercice que la Charte de l’organisation des secours en temps de paix et en temps de guerre, les textes applicables aux lieux et établissements publics, les premiers plans ORSEC, SATER, SAMAR du Sénégal, les textes de transformation du corps civil, des Sapeurs Pompiers de Dakar en un corps militaire appelé Corps National des Sapeurs Pompiers furent élaborés. Il a aussi rendu fonctionnel le corps national des sapeurs pompiers avant de quitter la Direction de la protection civile. M. Famara Sagna a joué un rôle déterminant dans les domaines de l’enseignement technique, professionnel, de la formation des cadres, et de la formation post-universitaire. Il en est de même au niveau des finances et des affaires économiques. De 1973 à 1986, il a été président directeur général de la SONAGA, Directeur général de la banque nationale de développement du Sénégal, administrateur de la zone franche industrielle.

Un maître-mot: l'équidistance

Impliqué dans les affaires internationales, il a été conseiller auprès de la délégation du Sénégal aux assemblées annuelles communes du FMI et du groupe de la banque mondiale, membre du comité exécutif de l’association des institutions africaines de financement du développement entre autres. Famara Ibrahima Sagna a mené une vie politique active. C’est en 1984 qu’il a adhéré au parti socialiste à Ziguinchor à la demande du sécrétaire général de l’époque Abdou Diouf. Il a été secrétaire national du Bureau politique de ce parti en 1984, président de la commission des affaires économiques et financières du Comité central du Parti.
En 1991, nommé ministre de l’intérieur puis président du Conseil Economique et Social, il démissionnera du parti et reste homme d’Etat. M. Sagna qui parle sept langues est auteur de plusieurs publications. Président du conseil économique et social (4ème personnage de l’Etat puis 5ème à la création du Senat), de juin 1993 à janvier 2001, il sera maintenu en activité et dans la même position professionnelle par le président Wade de janvier 2001 au 20 Août 2004. Précisons qu'avant d'être le président du Conseil Economique et Social d'alors, il avait décliné sa participation au gouvernement de juin 1993 d'alors du Premier Ministre Habib Thiam pour convenances personnelles.
Actuellement, président honoraire du conseil de la république depuis le 27 novembre 2006 sur proposition du président de la République, il était précédemment en position de « pause républicaine » comme il le souligne après 42 ans de bons et loyaux services au profit de l’Etat, de ses compatriotes et de la communauté internationale. Homme d’Etat, il a choisi de gérer dans l’intérêt de la nation une certaine équidistance avec tous de manière à pouvoir dialoguer avec les forces politiques, sociales et économiques, religieuses, traditionnelles et la société civile. Et c'est ce qui lui jusqu'à présent permis d'être une référence sur l'échiquier politique sénégalais. Politique dans le sens de la gestion des affaires de la cité s'entend.