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LA PRESSE SOUS L’ERE LIBERALE : Le veau d’or ?

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LA PRESSE SOUS L’ERE LIBERALE : Le veau d’or ?

Cinq dont quatre chaînes généralistes privées de télévision, plus d’une vingtaine de radios commerciales et d’information générale dans la bande FM, des dizaines de radios communautaires. On note le même engouement au niveau de la presse écrite. Une vingtaine de quotidiens privés, autant d’hebdomadaires et de magazines à la parution régulière ainsi que plusieurs autres publications apparaissant parfois à l’improviste se disputent le lectorat. Jamais l’écrit, le son et l’image, n’ont connu un tel boom des supports et des moyens de production que ceux qu’ils connaissent depuis huit ans. Jamais pouvoir politique ne s’est autant soucié également de l’information et n’a autant investi dans la communication. Est-ce l’âge d’or de l’information et de la communication ou simplement le veau d’or des libéraux ?

Le paysage radiophonique sénégalais « libéralisé » a quinze ans. Il entame ainsi l’âge ado. Il n’en connaît pas moins depuis huit ans, une « explosion » des supports avec l’arrivée massive des « privés » dans le secteur. Jusqu’en 1994, l’Etat gérait en effet l’unique station radiophonique nationale : l’Office de la Radio télévision nationale sénégalaise (Orts) devenue société nationale (Rts). Les radios étrangères comme Africa N°1 et Radio France international (Rfi) se sont installées sur la bande FM au début des années 1990. En 1994 Sud FM est créée. Suivent sur la bande FM qui sera vite envahie : Wal FM et Dunya FM. Les « pionniers » que sont Sud FM, Walf FM jouent de moins en moins seuls les premiers rôles. Ils sont fortement concurrencés. Des radios comme Radio Futur média (RFM) bousculent aujourd’hui la hiérarchie si elles ne la bouleversent pas tout bonnement.

Depuis 2000, elles sont en effet plus d’une vingtaine de stations de radios commerciales d’information générale à s’installer sur la fréquence moyenne. La majorité d’entre elles seraient financées en sous-main, le plus souvent même ostensiblement par des hommes politiques du pouvoir, dont certains sont des ministres de la République ou occupent d’importantes fonctions au niveau institutionnel. Dans le même temps, le pays compte plus d’une douzaine de radios de type communautaire, regroupées en majorité au sein de l’Association des radios et projets de radios associatives et communautaires (l’Arpac). « Envi FM » s’est tu depuis que la société de nettoiement « Ama » qui l’avait parrainée a vu son contrat rompu par les pouvoirs publics.

Si, certes, à côté des pays comme le Mali voisin avec ses plus de 100 radios privées, le paysage radiophonique sénégalais semble encore à la traîne, il n’en demeure pas moins qu’il connaît depuis 2000 un développement fulgurant de ses diffuseurs. Le monde des affaires et celui de la politique ayant trouvé assurément un engouement certain au secteur l’ont envahi. Ils marchandent la primatie à ce niveau s’ils ne nouent pas simplement un partenariat fécond.

L’image et sa diffusion ne sont également pas à la traîne. Elles connaissent aussi un essor « extraordinaire ». Si l’enquête de Matthias Balagny et Leslie Bastien réalisée en 2002 au moment où le groupe Walfdjri projetait de lancer sa télévision montrait que le bon commercial, Ben Bass concessionnaire du réseau Mmds,- il commercialise un bouquet satellite de 17 chaînes (dont TV5 et CFI),-avait déjà inventé le concept de la « téléradio » en filmant « Soxna FM », une de ses stations sur la bande FM. Depuis, quatre chaînes privées disputent l’audimat à la Rts de Babacar Diagne. Il s’agit dans le désordre de Canal Info, de Walf-Tv, de la 2S Tv et de la « Radio dounaya vision » (Rdv). Quid de la main libérale à ce niveau ? S’il n’est pas démontré, faute d’accéder à l’architecture du capital des structures concernées, que le pouvoir Parti démocratique sénégalais (Pds) en a la main mise, on peut valablement penser qu’il a reçu des garanties certaines avant d’octroyer licence à ce niveau. D’autant plus que le président de la République a toujours déclaré que la télévision était trop sérieuse pour la laisser en des mains peu sures.

La presse écrite « squattée »

La presse écrite connaît la même fulgurance depuis 2000. Tout comme elle est aussi « squattée » que les médias chauds que sont les radios et les télévisions. De cinq titres quotidiens en 2000, elle en compte aujourd’hui plus d’une vingtaine paraissant ou ayant paru quotidiennement ces huit ans. C’est ainsi qu’à côté des principaux titres de journaux quotidiens que sont Le Soleil, progouvernemental, Sud Quotidien Wal Fadjri, Le Matin, Le Populaire, 2000 a consacré la naissance de journaux comme Le Quotidien, Le Messager, L’Observateur, Le Point, La Pointe, l’Office, L’Express New....

L’Actuel, Frasques Quotidiennes, L’Evénement du jour, L’Info 7, Le Journal, Scoop, Il est Midi pour ne citer que ceux-là ont connu une existence éphémère même s’ils ont paru un moment pendant ces huit ans. En ce qui concerne les Hebdomadaires si Le Témoin, Nouvel Horizon semblent être les seuls rescapés du « siècle dernier ». Le Cafard libéré, Le Journal de l’économie, Eco Hebdo, La Vérité, La Source, Le Courrier du Sud, Le Politicien (journal satirique), Nuit et Jour, Sud Hebdo, Terminal et Vive La République, ont disparu du paysage ou connaissent une interruption dans la parution. Ils sont remplacés par d’autres périodiques tout aussi nombreux. Il faut ajouter à tous ces titres ceux de la presse sportive (Stades, Walf Sport, Lamb nji..), les magazines peoples comme Icône, Thiof, Station, Week-end..., qui sont de plus en plus populaires. Toujours est-il que ces parutions semblent avoir en commun, le fait de ne laisser ou de n’avoir nullement laissé indifférent le pouvoir libéral. S’il ne s’est pas occupé de vouloir en prendre le contrôle clairement pour les titres antérieurs à son arrivée, il en a suscité bon nombre. Cela est connu.

« Je t’aime, moi non plus ! »

« Le Soleil ? ça sert à rien. Je le donnerai aux jeunes ». Ainsi s’exprimait le vainqueur de Abdou Diouf au sortir des urnes du 19 mars 2000. Il donnait son sentiment sur le quotidien gouvernemental, avant d’être élu à la présidence en mars 2000. L’opposant raillait l’organe officiel, qu’il taxait de parti pris dans le traitement de l’information politique en boycottant l’opposition ou en laissant la portion congrue dans sa surface rédactionnelle. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. La perspective a changé. « Le Soleil » est redevenu attractif en étant rénové de fond en comble.. aux couleurs libérales ?

Dès 2000, le nouveau pouvoir montrait son « intérêt » manifeste pour l’information et sa gestion. Pour « informer sur l’activité du gouvernement« , un bulletin d’informations, »Le Quotidien de la République" est en effet créé. Imprimé sur quatre pages de papier glacé de format A4, gratuit, le bulletin en couleur se veut un support de l’activité gouvernementale. « Ni un journal d’analyse ni d’expression d’opinions, mais un organe qui se borne à indiquer les faits majeurs qui jalonnent la journée des membres du gouvernement », écrit le président Wade lui-même en lançant le numéro 00. Cet intérêt pour la presse écrite, parlée ou filmée ne sera jamais démenti. Un véritable ; « je t’aime, moi non, plus » ! C’est ainsi comme le Me Wade opposant qui avait aidé à la naissance et à l’essor de « Takusan » du « Démocrate » et de « Sopi », le Me Abdoulaye Wade président ou du moins on le lui prête, aida à la naissance de plusieurs organes d’information générale. « Certainement pour rétablir la vérité » des faits travestis depuis que la presse privée jadis alliée pendant les années de braise est entrée en dissidence depuis mars 2000 au point qu’il a décrété qu’elle est sa seule opposition.

Une situation conflictuelle qui fait que malgré l’extraordinaire boom de la presse et le fait que la liberté de la presse est garantie par la Constitution, le Sénégal occupe successivement les places suivantes depuis six ans dans le classement de Reporters sans frontières : 2002 : 47e, 2003 : 66e, 2004 : 80e, 2005 : 78e, 2006 : 77e, 2007 : 83e. À titre comparatif, la 169e et dernière place revient la même année à l’Érythrée. En Afrique de l’Ouest, le Ghana se classait 29e, le Mali 52e et le Bénin 53e.

Aide à la presse

Un soutien à la carte ?

Accompagnant l’éclosion et l’essor de la presse plurielle dans le pays et dans le souci du renforcement et de l’approfondissement du système démocratique, le Gouvernement sénégalais a mis en place un fonds d’aide aux organes de communication sociale, crée par la loi de finances qui en détermine les modalités de fonctionnement. Selon l’autorité pour bénéficier de l’aide, les organes de la presse écrite doivent tirer au moins 2000 exemplaires et employer un minimum de cinq journalistes ou techniciens à plein temps ; consacrer au moins 75% de leur surface à l’information politique, économique, sociale, culturelle ou sportive ; et tirer au moins un tiers de leurs ressources de la vente de leurs publications, des abonnements et des souscriptions ou collectes….

Cependant, si certes, l’aide est passée de 100 millions FCfA en 2000 à 150 millions en 2001, puis à 300 millions depuis 2002 et que depuis 2004, 10% du Fonds sont consacrés à la formation, on n’en déplore pas moins le fait que destinée en principe aux entreprises de communication, ce soutien « légal » semble être modulé depuis l’avènement des Libéraux en fonction de … la « docilité » et/ou de la proximité d’avec le pouvoir ou vis-à-vis du pouvoir de l’ayant droit. Toujours est-il que depuis 2000, l’information et la communication semblent être au Sénégal le veau d’or.



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