La retraite au Sénégal est un véritable problème pour les personnes du troisième âge. En plus du mal –être et de l’oisiveté, la plupart des retraités se morfondent dans une solitude, car n’étant plus actifs. Ces derniers sont partagés entre les grands- places et les mosquées. Pour ces retraités, la vie inactive est un véritable calvaire et le temps constitue pour eux une bataille perdue d’avance, puisque les journées sont très longues lorsqu’on ne s’occupe plus. Mais, au–delà de tous ses problèmes, les retraités estiment que le Sénégal n’a pas une vraie politique de retraite pour le troisième âge.
La vieillesse est sans doute une période que toutes les personnes appréhendent avec beaucoup d’angoisse et de soucis. En effet, les questions sans réponses sont si nombreuses, que les gens ont presque peur de vieillir. Peut-être aussi que la vieillesse dans notre subconscient est assimilée à l’approche de la mort, au crépuscule de sa vie. La chose est d’autant plus difficile, que le passage de la vie active à celle inactive, est au Sénégal sans presque aucun encadrement. Les vieux ne sont bons que pour la retraite et à un repos mérité ou même forcé. «Il est difficile de faire un travail pendant 40 ans et de se dire que demain il faut raccrocher sans savoir quoi faire». Cet avis de Moustapha la soixantaine, est révélateur du mal–être que vivent les retraités. Se réveiller le lendemain et ne savoir que faire de sa journée qui subitement semble plus longue, est une torture pour les retraités. Si pour certains la seule manière de passer la journée et de «tuer le temps,» est d’aller dans les grands- places, pour d’autres par contre c’est presque une vie en réclusion. Sept vieux autour d’un damier essaient de passer la journée. Tous les sujets s’invitent à leurs conversations : le dernier combat de lutte ou l’actualité politique qui du reste est leur sujet favori, d’autant plus qu’ils ne sont pas tous du même parti. Des discussions passionnées mais qui ne débordent jamais comme chez les jeunes. « Ils ont sans doute le sang trop bouillant » ajoute un vieux. Mais pour parler de la retraite le vieux Abdourahmane pense qu’au Sénégal, la politique de retraite est mal pensée car il n’y a aucun accompagnement. « Il arrive que l’on soit vieux et toujours actif mais ils sont tellement pressés de nous envoyer à la retraite alors que celle –ci est dans la tête ». Une discussion assez intéressante avec « un vieux qui connaît beaucoup de choses de la vie» comme aime à se définir le vieux Abdourahmane. La retraite est aussi une période d’oisiveté pour certaines personnes du troisième âge. Moussa, 70 ans a enseigné pendant prés de trente années et est aujourd’hui à la retraite, sa seule préoccupation reste la mosquée. « Pendant ma jeunesse j’avais un peu négligé la religion alors aujourd’hui je suis à la quête du savoir. Il est vrai que c’est difficile mais il n’est jamais trop tard pour apprendre et j’avoue que j’en sais un peu plus sur ma religion ». Une position que partagent ses vieux compagnons de la retraite. Pour eux, le seul avantage qu’ils ont bénéficié de celle- ci, c’est d’avoir un peu plus de temps pour se consacrer à la recherche et à une meilleure pratique de leur religion. La plupart des retraités jugent les revenus de l’institut de prévoyance retraite (Ipres) si insignifiants, que ça ne leur permet même pas de payer la facture d’électricité. Les plus chanceux ont vu leurs enfants prendre la relève après leur retraite. Et pourtant, la plupart ont fait entre 20 et 45 ans de service Toutefois pour le vieux Mamadou Camara, la retraite se prépare pendant la vie active. « Il ne faut pas attendre d’être à la retraite pour voir dans quelle activité il faut se lancer. Les choses vont tellement vite qu’il est impératif de préparer le retraite pendant qu’on est en activité ». La retraite au Sénégal est assimilée à une seule chose : le droit d’aller se reposer et de bénéficier de sa pension. Pourtant, le temps constitue pour la plupart des retraités un véritable calvaire. Si certains réussissent leur reconversion dans leurs propres affaires, d’autres par contre, ont une seule occupation : les grands- places et les mosquées.
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