Mamadou DIOP CASTRO (Uden) : ' C’est la faillite du Trésor public qui a engendré la situation prévalant à l’Ucad'

Wal Fadjri : Quelle analyse faites-vous de la situation qui prévaut à l’Ucad en particulier à la Fac Droit, avec la radicalisation du mouvement des professeurs et la mise en demeure des autorités par les étudiants ?

Mamadou Diop Castro : L’Uden exprime sa solidarité à l’endroit des professeurs qui sont victimes de la mauvaise gestion des ressources publiques. Tout le monde sait que le budget de l’Université est insuffisant, mais les modalités de mise en place également posent problème. L’Université aurait souhaité disposer de son budget à temps pour pouvoir opérer les arbitrages à chaque fois que de besoin pour éviter ces ruptures et ces perturbations. Le budget de l’Université n’est pas mis en place à l’ouverture des classes, mais il est alimenté progressivement en fonction des recettes du ministère de l’Economie et des Finances. C’est pourquoi, il y a des ruptures. Et aujourd’hui il y a une faillite du Trésor public. Même pour percevoir nos cotisations syndicales, nous avons des difficultés. Et c’est le même schéma qui s’applique dans tous les secteurs qui sont aujourd’hui en difficulté (...). L’Université est un segment de la société, et la mauvaise gestion des ressources publiques rejaillit également sur la gestion des différents secteurs. Et aujourd’hui, l’Université est victime d’une gestion de pilotage à vue, de gaspillage des ressources et de faillite du trésor public.

Wal Fadjri : Dans une récente sortie, le secrétaire de l’Ucad a soutenu qu’il n’y avait pas de déficit budgétaire à l’Université. Qu’en est-il ?

Mamadou Diop Castro : Il veut simplement rassurer l’opinion, mais tout le monde sait que le budget de l’Université est déficitaire. Il n’y a pas assez de crédits et les crédits ne viennent pas à temps. S’ils n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins, comment pouvez-vous expliquer cela ? Il y a un déficit budgétaire et c’est lié au fait que les ressources publiques sont mal gérées, donc les dotations ne viennent pas à temps. Les besoins de l’Université sont énormes, les budgets qui sont votés ne sont pas en adéquation avec les besoins. C’est cela qui peut expliquer un déficit budgétaire qui peut être différent des retards de mise en place de fonds et de rupture dans l’alimentation du budget de l’Université. En outre, on peut constater que le budget n’est pas alimenté comme il faut et qu’il ne répond pas aligné aux besoins de l’Université. Et c’est à ce titre qu’on peut parler d’insuffisance des allocations budgétaires au niveau de l’Université. Mais tout cela est lié au fait que c’est le Trésor public qui alimente progressivement l’Université. S’il n’y a rien au niveau du Trésor public, on ne peut rien retrouver à l’Université. C’est en amont la faillite du Trésor public, la mauvaise gestion des ressources publiques qui met l’Université dans cette situation de rupture de fonds.

Wal Fadjri : Quelle sortie de crise préconise l’Uden ?

Mamadou Diop Castro : Il s’agit d’abord d’augmenter les crédits qui sont alloués à l’Université. Mais également d’alimenter régulièrement ces lignes de crédit et organiser la concertation au sein de l’Université pour anticiper sur les problèmes, pour, en cas de crise, trouver des solutions idoines. Aujourd’hui, rien n’empêche le gouvernement d’organiser la concertation entre le rectorat, les professeurs et les étudiants pour avoir un plan de fin d’année qui prend en compte les préoccupations des professeurs et celles des étudiants. Les étudiants ont non seulement des préoccupations d’examens, mais aussi de restauration. C’est un tout. Les applications sont à revoir de part et d’autre autour d’une table. Mais ce que l’on constate, c’est que le dialogue n’est pas toujours au rendez-vous. C’est un dialogue par presse interposée alors que les partenaires doivent pouvoir se retrouver pour trouver une solution.