Mme Penda Mbow ne fait pas dans la langue de bois. Professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mme Penda Mbow est membre active de la société civile. Invitée de l’émission "Dianobi" de ce dimanche sur Sud Fm, Mme Penda Mbow qui se prononce sur le rôle de l’argent dans notre société, est convaincue que le système de redistribution a atteint ses limites dans notre société.
"On ne peut pas acheter tout le monde. Le pouvoir peut acheter certaines personnes. Mais 11 ou 12 millions de sénégalais, on ne peut pas les acheter. Même pour payer les enseignants à l’Université de Dakar, il y a des problèmes. La politique du porte-monnaie ouvert a ses limites parce que le jour où tu n’en a plus et que tu ne puisses pas satisfaire les personnes que tu avais achetées, ces personnes vous tournent le dos. Le sytème clientéliste de redistribution de richesses a donc atteint ses limites au Sénégal. Il ne peut plus continuer", soutient Mme Penda Mbow. Cette enseignante d’Histoire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est convaincue que même le Sénat qui va être mis en place ne peut pas être la solution pour résoudre le problème des Sénégalais durement frappés par la crise. Pour elle, "le Sénat, c’est 100 personnes. Quels que soient les choix opérés, on va laisser des gens à côté. Et les seuls bénéficiaires, ce seront ces sénateurs et certains membres de leurs familles". Mme Penda Mbow s’est prononcée également sur la situation que traverse le monde rural. Ainsi, soutient-elle, "quand je parcours le monde rural, je suis choquée. Je ne parle même pas des problèmes liés à l’agriculture mais des chevaux qui meurent (à cause de la peste équine-Ndlr). Le cheval dans les campagnes est à la fois un moyen de locomotion, de travail", se désole-t-elle en évoquant la pauvreté galopante dans le monde rural. Une situation de précarité qui, selon elle, est un autre facteur explicatif de la crise de la démocratie au Sénégal. Mme Penda Mbow se dit convaincue que "la démocratie, c’est d’abord l’affaire des classes moyennes". Elle cite l’exemple des Etats-Unis d’Amérique où "quelqu’un qui ne payait pas ses impôts n’était pas intégré dans le système démocratique... Après ils ont dit, quelqu’un qui ne va pas à l’école ne pourra pas jouir de ses droits civiques. Cela a fait avancer les Etats-Unis", martèle Mme Penda Mbow. Pour elle, "la démocratie suppose un minimum de moyens". L’exemple de nos pays est patent à ses yeux. "Vous vous réveillez sans dépense quotidienne, vous rencontrez quelqu’un qui vous dit, « donne-moi ta carte d’électeur en échange de 10 000 francs. Mais ce père de famille va prendre cet argent pour faire vivre sa famille", soutient Mme Penda Mbow.
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