La salle des flagrants délits de Dakar a refusé du monde ce mercredi. En fait, tous les justiciables ont été bloqués à l’entrée principale du bloc des Madeleines. Interdiction leur a été faite d’accéder à la salle de jugement parce que tout simplement toutes les places, même celles réservées au public, étaient occupées par les détenus. Le box des prévenus était trop petit pour eux. Près de 200 jeunes gens, âgés entre 20 et 35 ans, venus des quatre coins du Sénégal, mais aussi de la Guinée et de la Gambie, comparaissaient devant le tribunal pour répondre du délit de tentative d’émigration clandestine. Parmi ces interpellés, une dizaine de convoyeurs et autres passeurs. Ils ont été arrêtés pour certains à Toubab Dialao, pour d’autres à Yeumbeul ou encore en haute mer. Tous étaient en partance pour les Iles Canaries comme ils l’ont du reste reconnu. Ce qui a amené le procureur à requérir deux ans ferme contre les convoyeurs et 1 mois assorti du sursis contre les candidats malheureux à l’émigration. Mais les avocats de la défense ont fustigé la politisation de cette affaire. Pour eux, la justice n’a pas à recevoir d’injonction de l’Exécutif, surtout pas du ministre de l’Intérieur. Ce n’est pas parce qu’il a promis aux Espagnols de sévir en contrepartie d’un financement à coups de milliards que la justice doit le suivre, soutiennent en choeur les avocats. Ils ont plaidé la relaxe pure et simple des prévenus car, estiment-ils, le phénomène de l’émigration clandestine est un phénomène social qui appelle des solutions de la part des gouvernants. Et cette solution ne doit pas être la répression systématique, estime-t-il. Le juge a décidé de vider son délibéré le 18 septembre prochain.
De retour d’Espagne où il a effectué une visite de travail, le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom avait exposé à la presse la nouvelle méthode que l’Etat compte mettre en oeuvre pour stopper l’émigration clandestine. Selon Ousmane Ngom, depuis le 7 septembre dernier, une opération dite Frontex a été lancée par l’Etat du Sénégal pour surveiller les frontières. Me Ousmane Ngom annonçait aussi que des patrouilles allaient être constituées pour cela. L’Etat major mixte composé de la Gendarmerie, la Police, la Marine, l’Armée de l’air et des brigades opérationnelles doit coordonner ces opérations 24h sur 24. Frontex comprend également des vedettes rapides pour poursuivre les récalcitrants. « La gendarmerie a mobilisé 95 brigades dont 25 sur le littoral », avait ajouté le ministre de l’Intérieur qui explique que "l’avion de l’armée, des hélicoptères sont disponibles pour survoler les périmètres ». Avant de prévenir que l’Etat ne baissera pas les bras tant qu’il ne parviendra pas à « éradiquer ce drame humain ». Sur le coût financier de l’opération Frontex, Ousmane Ngom avait expliqué que le gouvernement espagnol y a contribué jusqu’à hauteur de 20 millions de francs CFA et que le reste devait être pris en charge par l’Etat du Sénégal.
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