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PRIÈRES POUR UN NON-MUSULMAN, CHOIX DU PRENOM, MARIAGE MIXTE : Ce que l’Islam permet et interdit

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PRIÈRES POUR UN NON-MUSULMAN, CHOIX DU PRENOM, MARIAGE MIXTE : Ce que l’Islam permet et interdit

La religion musulmane régit les rapports de ses adeptes avec les autres communautés religieuses. Même si le bon voisinage est préconisé, l’Islam ne permet pas au musulman de prier pour le repos de l’âme d’un défunt d’une confession différente. Il est aussi interdit de se recueillir devant la tombe d’un non musulman tout comme il n’est pas permis à une musulmane d’épouser un homme d’une religion différente.

Tout part d’une banale conversation d’amis. Abdou informe : « Madame F. a perdu son époux la semaine dernière ». Ah bon ! Soupire, tout attendri, Babacar qui s’empresse d’ajouter : « je vais l’appeler pour lui présenter mes condoléances ». Séance tenante, Babacar veut joindre l’acte à la parole. Il prend son téléphone. La démarche de Babacar est subitement stoppée par son ami Abdou qui veut savoir exactement les termes de sa conversation avec la veuve. « Que vas-tu dire à Mme F. ? » demande Abdou à Babacar qui, spontanément, répond : « C’est simple, je lui présente mes condoléances et prie pour le repos de l’âme du disparu ». De manière catégorique, Abdou veut faire des précisions : « Attention », dit-il à Babacar. « L’époux de Mme F. n’était pas musulman », précise Abdou. Il enchaîne : « Donc, tu dois juste te limiter à présenter tes condoléances ». Formel, Abdou rappelle à Babacar : « tu ne peux, en aucun moment, prier pour le repos de son âme ». Sans donner la sourate encore moins le verset, Abdou dit s’appuyer sur le Saint Coran pour fonder ses propos.

Réaction collective vive et bruyante dans l’assistance. Les commentaires fusent. « Je ne savais pas qu’un musulman ne peut pas prier pour un mort qui n’a pas épousé, de son vivant, l’Islam », lance Dame Gaye. Il compte mener des recherches pour savoir ce que dit réellement le Coran sur cette question. « J’ai toujours prié pour des gens qui ne partagent pas ma religion, notamment des chrétiens », ajoute Dame. Il est loin d’être un cas isolé. Administrateur civil à la retraite, Abdoulaye Dieng a, à maintes reprises, prié pour des chrétiens. Il ne se souvient pas du nombre de prières mortuaires auxquelles il a pris part à l’Eglise. « Elles sont nombreuses », fait-il remarquer. A juste raison. La moitié de sa famille est de confession chrétienne. « Je me devais d’assister à ces prières parce que ceux qui sont morts étaient des parents », explique M. Dieng. Il pense qu’il n’y a pas de mal pour un musulman de demander à Dieu de pardonner une personne de confession différente de la sienne. Surtout, dit-il, si cette personne appartient aux communautés juives et chrétiennes. « Nous sommes tous des Gens du Livre », soutient Abdoulaye Dieng.

Le même point de vue est défendu par Birame Thiam. Assistant social, Birame est formel. Il est impossible, estime-t-il, de respecter cette recommandation du Coran dans un pays comme le Sénégal. Son argument : « Nous sommes Africains, Sénégalais avant d’être musulmans ou chrétiens », explique Birame. Il avoue être « très confus » par cette interdiction de ne pas prier pour un défunt non musulman. « Je ne suis pas sûr de pouvoir la respecter », indique Birame. Il a beaucoup d’amis chrétiens. Mieux, il fait observer qu’il est rare de voir une famille sénégalaise uni-confessionnelle.

Oustaze Lamine Kébé se veut clair. L’Islam, explique-t-il, a appelé au respect de l’être humain, qu’il soit croyant ou pas pendant sa vie ou après sa mort. Cela veut dire que l’Islam « recommande » aux musulmans « de respecter » les fidèles des autres religions. Toutefois, souligne oustaze Kébé, il existe des comportements (vis-à-vis des non musulmans) que l’Islam interdit, comme celui fait aux fidèles de ne pas prier pour un mort qui ne partage pas sa religion. « Il est formellement interdit aux musulmans de prendre part à la cérémonie religieuse organisée à l’église lors des funérailles, et aux éventuelles pratiques rituelles non musulmanes ayant lieu à ce moment », martèle oustaze Lamine Kébé. En ce qui concerne l’inhumation au cimetière (s’il y a vraiment obligation de partir), le musulman « doit rester à l’écart et ne pas aller au-devant ». L’enseignant s’appuie sur la sounnah (tradition du Prophète) pour étayer ses propos. Un jour, dit-il, le prophète Mouhamed (Psl) a visité la tombe de sa mère (qui n’était pas musulmane). Il a pleuré et a fait pleurer tous ceux qui étaient avec lui. Et le prophète de dire à ses compagnons : « j’ai demandé l’autorisation à mon Seigneur de visiter la tombe de ma mère, Il me l’a donnée. Je Lui ai demandé l’autorisation d’implorer pour elle Son pardon, Il me l’a refusée ». Mieux, oustaze Kébé rappelle les propos d’Allah qui, parlant de cette interdiction, dit : « N’effectue jamais la prière des morts sur l’un deux, et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe » (Sourate At-Tawba, verset : 84). Et pour oustaze Kébé, en Islam, l’interdit ne se discute pas ». En revanche, par sympathie ou dans le but d’entretenir de bonnes relations avec un proche, un voisin, etc., l’Islam permet à ses fidèles d’assister aux funérailles d’un non musulman.

« Du point de vue de la sharî`ah, un musulman a parfaitement le droit de suivre le cortège funèbre d’un proche non musulman, décédé en étant resté non musulman », fait remarquer l’islamologue Harouna Kanté. Celui-ci rapporte que le Prophète ordonna à Ali d’enterrer son père, Abû Tâlib, qui était resté mécréant et n’avait pas embrassé l’Islam. « Les juristes se fondèrent sur cette tradition prophétique pour dire qu’il est non seulement permis au musulman de suivre le cortège funèbre d’un parent non musulman, mais aussi de se charger personnellement de laver le défunt non musulman, de l’envelopper dans son linceul et de l’inhumer », souligne l’islamologue qui s’empresse d’ajouter : « Bien sûr, dans le cas où aucun proche du défunt ne peut s’en charger ». Harouna Kanté insiste aussi sur le fait que l’Islam appelle au respect de l’être humain, qu’il soit croyant ou pas, pendant sa vie ou après sa mort. Un jour, dit-il, alors que le Prophète Mouhamed (Psl) était assis, voyant arriver un cortège funèbre, il se leva. On lui dit qu’il s’agissait du cortège d’un non musulman. Il s’indigna : « N’est-ce pas une âme ! »



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