La journée du vendredi 24 juillet a été décrétée journée sans médicaments. Le mot d’ordre est de l’Ordre des pharmaciens qui faisait face à la presse, hier. Cette décision fait suite au récent cambriolage de la pharmacie Actuel, sise en face Canal V et qui a occasionné la mort d’un homme âgé de 35 ans. Le défunt qui se trouve être le neveu de la pharmacienne, propriétaire de l’officine, a fait les frais de la bande de malfrats. En plus de cette journée sans médicaments, les pharmaciens ont décidé, au grand dam des patients, de ne plus assurer la garde de nuit dans la zone du centre-ville, en attendant la tenue de leur Assemblée générale de samedi prochain, nous annonce le Docteur Aboubakry Sarr, président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, joint par téléphone.
Le meurtre survenu lors du cambriolage de la pharmacie Actuel a été celui de trop pour les pharmaciens qui n’ont cessé, depuis plus d’un an, de dénoncer la recrudescence des cambriolages d’officine. Seulement, cette situation commence à prendre des proportions inquiétantes. En effet, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, en phase avec l’Ordre des pharmaciens et les grossistes répartiteurs, voyait ce drame venir en se fondant sur les statistiques à sa disposition. Celles-ci révèlent que cinquante-deux officines ont fait l’objet de cambriolages au courant de l’année 2008. Depuis le début de l’année 2009, les malfrats ont visité nuitamment plus de treize officines. En une semaine, six pharmacies ont également fait l’objet de cambriolages. Deux parmi ces cambriolages ont réussi et les quatre autres officines se sont retrouvées avec des portes défoncées. Les grossistes publics ne sont pas en reste. En effet, les pharmacies régionales d’approvisionnement (Pra) de Fatick, de Thiès et de Dakar siège ont reçu nuitamment la visite de cambrioleurs.
Ces attaques d’officines ne sont pas fortuites et les pharmaciens ne se trompent pas sur la destination des médicaments volés. Selon eux, les braqueurs ne viennent pas chercher autre chose. Ce qu’ils veulent, c’est le médicament. Des médicaments destinés à approvisionner le marché illicite. C’est ce qu’ils appellent le coulage. Ce marché parallèle de médicaments équivaut à un chiffre d’affaires de près de 8 milliards de francs Cfa.
Face à cette recrudescence des cambriolages d’officines, les pharmaciens accusent l’Etat de croiser les bras. Au-delà des dispositifs qu’ils ont pris pour assurer la sécurité des pharmacies, l’Etat, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur, disent-ils, ne fait aucun effort pour les accompagner dans ce sens. Face à cette situation, les pharmaciens comptent prendre à bras-le-corps ce ‘calvaire’. Leur Assemblée générale de samedi prochain sera un moment privilégié pour donner une suite à leur plan d’action.
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